ENTRE CLICHÉS ET RENCONTRES

Deux semaines de workshop, un groupe d'étudiants en première année de Master en journalisme et leurs appareils photos, une ville. Et une approche. 

Entendue au sens large, comme « un groupe qui partage une culture, une religion, une histoire ou une identité particulière », la communauté était le point de départ du travail nous explique la photojournaliste indépendante Pauline Beugnies.

« On entend toujours parler de Bruxelles comme un exemple de diversité. Beaucoup de communautés et de nationalités cohabitent dans la capitale belge. Cependant, chacune vit en vase clos, et les échanges semblent rares. Ce constat ne demande qu'à être contredit... »

Communauté lesbienne, pakistanaise, afghane, congolaise, rwandaise, portugaise, musulmane, juive, latino, albanaise, maghrébine… Après un tirage au sort, chaque étudiant s’est lancé à la recherche d’une personne appartenant une de ces communautés afin de « s'immerger dans un milieu étranger et de le raconter en images.»

Les gazelles de Bruxelles

Originaire de Paris, Anne Barrès (une des étudiants parmi les trente du groupe), a décidé de travailler sur les femmes maghrébines. Très choquée par les stéréotypes qui pullulent sur la toile, elle a voulu montrer une autre image de ces femmes.

Après avoir essuyé beaucoup de refus, multiplié les entretiens et les séances photos (du hammam au salon de coiffure en passant par le cours de danse orientale) elle n'a jamais perdu son objectif de vue : dépasser les clichés réducteurs de la femme marocaine isolée, austère, voilée.

La spiga d'oro

"J'ai commencé par me rendre à "La Piola Libri", mais je n'ai pas trouvé ce que je cherchais. Je voulais rencontrer autre chose, une Italie plus authentique. Sur les conseils de Laurent je me suis rendue dans cette boutique qui payait pas de mine. Et là, j'ai trouvé Risolina. Elle fait peut-être que râler à longueur de journée, Risolina, mais qu'est-ce que je l'ai trouvée sympathique, moi. Dans cette petite épicerie de quartier, entre les étagères et leurs conserves de tomates et de thon à l'huile d'olive et le comptoir et la cuisine de la Mamma... je me suis presque sentie faire partie de la famille."

Nora Römer

Sherin

Pour Camille Pagella, invitée à travailler sur la communauté iranienne, le processus s'est révélé plus fluide, plus facile. Rapidement, toute son attention s'est concentrée autour d'une personnalité, celle de Sherin, coordinatrice des activités du Centre cultrel Razi à Saint-Josse. Professeur a l'université de Téhéran où est elle donnait des cours de radiologie et de formations d'infirmières elle a fui l'Iran il y a 17 ans suite à des pressions politiques. Aujourd'hui elle donne des cours de persan à de jeunes adolescents. La nostalgie de son pays natal ne l'a jamais quittée.

Les reportages de Nora Römer, Anne Barrès et une sélection d’autres travaux - seront publié très prochainement sur le site du Bruxelles Bondy Blog.

Pauline Beugnies

Née à Charleroi en 1982, Pauline Beugnies vit à Bruxelles où elle travaille en tant que photojournaliste indépendante après avoir passé cinq années au Caire. 

Diplômée en Presse et Information (IHECS 2005) elle a étudié le photojournalisme à la Danish School of Journalism d’Arhus grâce à un programme d'échange.

Son premier reportage était consacré aux enfants des rues de Kinshasa, au Congo, mais la photographe se focalise aujourd'hui sur les mondes arabe et islamique, essayant de bâtir des ponts et d'aller au-delà des stéréotypes.

Sa première exposition individuelle a été organisée à Amsterdam en avril 2012. Elle fait partie du collectif belge Out of Focus, lancé en 2007 avec entre autres Thomas Freteur et Colin Delfosse, également anciens de l’IHECS.

Son travail a été publié par Le Monde Magazine, The Guardian, Libération, Télérama, L’Express, Elle Belgique, De Morgen, Helsingin Sanomat, The New York Times, Colors…

Crédit photo: Laurent Poma --- IHECS 2014