Exposition : Fortes têtes - Apprentis légionnaires
Riche d’une longue tradition historique propre à la France, La Légion Etrangère fascine autant qu’elle intrigue. Chaque année, près de 1000 jeunes légionnaires de plus de 100 nationalités différentes sont formés au sein de cette unité d’élite, prêts à combattre pour la France et à être envoyés dans l’un des 11 régiments étrangers au terme de leur instruction. Celle-ci, moment crucial dans le parcours de l’engagé volontaire, prend place dans le « creuset » de la Légion, unique au sein de l’armée de terre : le 4e Régiment Etranger de Castelnaudary dans l’Aude.
Pendant ces 4 mois d’instruction au sein du 4e RE, et quelque soit leur parcours antérieur, ces jeunes engagés volontaires vont découvrir la vie militaire, tout en apprenant le français et en assimilant les valeurs de la « culture Légion » (culte du souvenir, cohésion, solidarité, rigueur, rusticité, engagement, honneur, fidélité) et de la société française. Autant d’étapes et d’épreuves exigeantes à surmonter, dans leur cheminement à la conquête bien souvent d’une nouvelle identité, et au service d’une patrie d’adoption pour laquelle ils sont prêts à donner leur vie.
C’est cette notion d’engagement absolu, et ce processus sociologique initiatique sans pareil qu’il m’a intéressé de suivre tout au long de ce reportage que j’ai effectué au sein d’une section du 4e RE de Castelnaudary pendant les 4 mois d’instruction. Et ce, dès le premier jour et la descente du train jusqu’à la remise des képis blancs, avant l’affectation au sein de l’un des régiments de la Légion Etrangère et un probable départ au combat.On l’ignore souvent mais l’humain est primordial dans l’esprit de la Légion. En incorporant les képis blancs, on intègre véritablement une famille, les ponts étant bien souvent coupés avec le pays et la famille d’origine… Des liens très forts se créent donc entre frères d’armes, « à la vie à la mort », puisqu’ils ont l’obligation de se secourir en toutes circonstances selon le code d’honneur du légionnaire.
A l’heure où les notions d’engagement et d’honneur sont quelque peu galvaudées et en perte de vitesse dans nos sociétés occidentales, j’ai eu à cœur de suivre ces jeunes combattants en devenir, tout au long de ce processus qui les mène vers une nouvelle vie, pleine de risques et d’incertitudes, au sein d’un noyau familial multiculturel recomposé. Et ce, suite à un choix difficile mais assumé : un nouveau départ en rupture totale avec leur parcours initial, et qui les a amenés à Castelnaudary pour « autant de raisons qu’il y a de légionnaires ».
Crédit photo: Caroline Thirion |
Caroline Thirion
Titulaire d’un Master en Communications Sociales à Bruxelles (IHECS, section ASCEP), Caroline développe sa passion pour la photographie en choisissant ce médium comme moyen d’expression privilégié. Elle s’illustre par une série d’ordre ethnographique (« Eloge de la Folie »), qui lui vaut la plus grande mention lors de son mémoire de fin d’études.
Par ce travail, elle met en place un processus qui lui est cher, caractérisé par une forte implication et une subjectivité assumée, ainsi qu’un profond respect envers son sujet avec qui elle entre véritablement en relation et en empathie. Sa prédilection va à des thématiques d’ordre social, dans une démarche de type anthropologique (observation participante) fortement ancrée dans « l’humain » et le partage de vécus.
En 2002, elle est l’une des lauréates du concours « Nescafé Open Tour », qui lui permet d’aller pour la première fois en RD Congo afin d’y réaliser un reportage sur le café. Depuis lors, elle s’y est rendue à plus de dix reprises, couvrant plusieurs manifestations (Cinquantenaire de l’indépendance, Sommet de la Francophonie, négociations électorales…) et réalisant de nombreux sujets sur place, publiés dans la presse belge et européenne : Le Point, Jeune Afrique, Le Soir, La Libre Belgique, Le Vif l’Express, Knack magazine, NRC Handelsblad, Métro, la Dernière Heure...
En 2012, elle co-réalise un documentaire et un livre photo sur une transhumance de bétail à pied, et suit ces cowboys improbables sur une distance de 500 km, dans la province minière du Katanga. Elle est également auteur et photographe pour les guides de voyage PETIT FUTÉ Kinshasa et RDC depuis 2012.
En 2014, elle intègre le Diplôme Universitaire en Photographie Documentaire et Ecritures Transmédias organisé par l’UPVD de Perpignan. A cette occasion, elle a participé à la conception du webdocumentaire « En son âme et conscience » sur la mine d’or de Salsigne, dans l’Aude (prix du meilleur Webdoc au Festival International du Film d’Environnement de Paris). Elle documente par ailleurs l’instruction de jeunes légionnaires qu’elle suit au plus près, pendant plusieurs mois, au sein de la 1ere Compagnie du 4e Régiment de la Légion Etrangère de Castelnaudary (exposition lors du festival « Contre Champs » à Carcassonne, Musée de la Légion Etrangère d’Aubagne…).
Depuis 2015, elle développe de nouveaux projets documentaires en Ukraine et en Pologne.
Basée entre Kinshasa, Kiev, le Sud de la France et Bruxelles, mais disponible et volontaire pour aller (à peu près) n’importe où, avec de beaux projets - qui font sens - à la clé !
Informations pratiques
Où ? IHECS - Bâtiment Bord de verre - rue du Poinçon, 15 - 1000 Bruxelles
Quand? Du 23 mars au 28 avril 2017 - Attention! l'exposition n'est pas accessible durant les deux semaines de Pâques!