03.05.2012

Dans le cadre de l'expo 'Urban Survivors', Frédéric Pauwels et Bruno Decock animeront, le 9/05, une conférence sur le thème du photojournalisme.

Le monde du photojournalisme traverse depuis plusieurs années une période de questionnement sur ses nouveaux moyens de financement et leurs impacts sur la profession.

Le nombre de médias et d’organismes de presse qui peuvent encore se permettre de financer des photoreportages à l’étranger est restreint dû aux pressions économiques et à l’impératif d’immédiateté de l’information. Pour contrer cet impératif et la concurrence du « citoyen reporter d’images », des éditeurs éclairés ont lancé des initiatives concrètes pour témoigner de l’importance du regard critique et approfondi du photojournaliste (Polka Magazine, 6Mois, Emphas.is,...). Mais, les médias d’information et de photojournalisme ne sont plus les seuls commanditaires sur le marché du photojournalisme. Les ONG, moins réticentes à financer des reportages à moyen et long terme, inscrivent la photographie et l’image au centre de leur plan de communication.

Ces ONG font par conséquent appel à des photojournalistes pour des campagnes de dénonciation et de sensibilisation du public aux problématiques jouxtant leurs champs d’application. C’est alors l’ambivalence du photojournaliste en tant que producteur de forme et de fond qui est remise en cause. En tant qu’envoyé spécial pour une ONG, le photojournaliste renonce-t-il à sa neutralité et à son esprit critique en faveur d’une campagne de sensibilisation? La neutralité, la liberté de réflexion et le regard du photojournaliste sont-ils altérés, voire sacrifiés aux profit des objectifs de la campagne?

Mais, d’autre part, des campagnes de sensibilisation telles qu’Urban Survivors (dont les travaux seront d'ailleurs exposés à l'IHECS du 7 au 17 mai) défendent des objectifs louables et laissent au photojournaliste le choix d’un regard au travers de son objectif. Ur

ban Survivors s’appuie sur la disparité et la singularité des points de vue de chaque photojournaliste pour obtenir un ensemble cohérent et diversifié de la situation sanitaire des grands bidonvilles mondiaux.

Les ONG doivent-elles alors s’imposer comme les nouveaux commanditaires des photojournalistes? Et cela, au détriment et à la barbe des médias d’information?