Détours d'un retour
'Daleko, qui dans maintes langues slaves, signifie ?au loin‚, nous emmène ?là-bas‚ dans un passé estompé, brouillé, nié dont affleurent quelques bribes comme dans un palimpseste. Il n’y a rien à attendre de bon de ce retour périlleux dans le pays de son enfance dévastée par l’histoire, sauf la possibilité d’enfin en savoir le fin mot et de pouvoir faire face à l’innommable.
Un couple chemine dans l’inquiétude au fond d’un paysage informe et arrive enfin là où tout semble avoir commencé, il y a si longtemps. Mais il n’y a plus rien, ni à voir, ni à savoir. Tout a été effacé. Le passé pourtant insiste douloureux, malgré les dénégations têtues et opaques d’un quidam rencontré dans la rue et que l’on questionne en vain. Celui-ci ne sait rien et ne veut rien savoir. C’est ce rien-là qui ne passe pas.
C’est l’histoire de tous, aujourd’hui, cette histoire d’un déni partagé. Mais ce que nous refusons de savoir, nous ne pouvons pas nous empêcher de le ressentir. Daleko, c’est-à-dire là-bas, est ce lieu de la mémoire où chacun doit se rendre pour se retrouver et confronter enfin l’angoisse qui est le logos à la fois évident et secret de toute notre époque.
La musique de Stéphane Orlando, lyrique mais tendue par l’urgence, accumule inexorablement l’énergie de la déflagration finale.'
Ces mots de Frank Pierobon, librettiste de cette œuvre mais surtout professeur de philosophie à l'IHECS, nous convient à un très beau — et très vrai — voyage aux confins de la condition humaine.
C’est un opéra de chambre, à petit effectif, avec Eunice Arias (mezzo), Aldo Platteau (ténor) et Shadi Torbey (basse), avec le quatuor Alcea, Thierry Fievet au piano, et Ogier Bibo au sax. La mise en scène de Gabriel Alloing.
Quand? Vendredi 18 octobre, ainsi que samedi 19 et dimanche 20.
Où? À l’Espace Delvaux, Place Keym.
Site du compositeur, Stéphane Orlando, ici.