Réinventer l’Europe
L’initiative a pris corps au sein du cours « Mettre l’Europe en débat », donné par Jean Lemaître, coordinateur de l’Executive Master en Communication politique européenne.
20 heures pour accoucher d’une nouvelle constitution européenne
Et c’était un sacré défi ! Pensez-donc : les étudiants de l’Executive master en Communication politique européenne devaient rédiger, débattre, amender, voter une nouvelle constitution pour l’Union européenne. Et ce, en 20 heures, il est vrai rallongées par quelques ateliers supplémentaires.
Ici, pas de simulation. Les étudiants constitutionnalistes jouaient leur propre rôle, c’est-à-dire s’exprimaient librement, en fonction de leurs convictions personnelles, comme citoyens. Si bien que le résultat final, la constitution alternative, constitue leur projet, dont ils peuvent être très fiers, au demeurant.
En effet, l’exercice était d’une complexité extrême. Tout a commencé par un débat de « politique générale ». Dans quel sens les étudiants allaient-ils orienter leurs propositions ? Assez vite, un choix résolument fédéraliste a été d’emblée réalisé. Deuxième décision à prendre : quelle dose de radicalité distiller dans le nouveau texte ? Fallait-il se montrer pragmatique, en tenant compte de rapports de force politiques actuels en Europe ? Fallait-il au contraire privilégier l’idéalisme : formuler des propositions incisives pour modifier ce rapport de force ? Les étudiants ont opté pour une approche « utopiste pragmatique ». Utopiste : car aucune idée, dès lors qu’elle est reprise à la majorité, ne devait être censurée. Mais pragmatique, également, dans la mesure où la constitution étudiante devait démontrer qu’elle s’appuie sur une connaissance parfaite des Traités et vise à corriger des manques effectifs.
Au final, chacun jugera - en fonction de ses critères - de la qualité de la constitution conçue et approuvée par les étudiants de l’IHECS. Ce projet alternatif se compose de trois chapitres : « Institutions », « Politiques & Valeurs », « Budget et finances ». Entre ces trois chapitres, un fil conducteur confère à l’ensemble une même cohérence, un même souffle.
Une Europe plus sociale et plus verte
Rigoureux dans leur démarche, précis dans leurs formulations, les étudiants-citoyens démontrent un sacré tonus. L’idée force est que le Parlement européen soit renforcé et se situe, désormais, au centre de la machine européenne. Trois propositions phare à cet égard : l’assemblée européenne doit réellement pouvoir contrôler politiquement la Commission, elle doit être autorisée à initier des propositions législatives, elle doit peser davantage dans la nomination du président de l’exécutif européen. Autre priorité : diminuer le poids du Conseil européen qui est devenu, aujourd’hui, le lieu de batailles égoïstes entre Etats, où domine la loi du plus fort, ce qui affadit l’intégration et la solidarité européennes.
Au niveau politique, les étudiants se positionnent en faveur d’une Europe plus sociale, plus environnementale, dotée aussi d’une fiscalité commune. Ils ont prévu, enfin, des mécaniques financières et budgétaires pour éviter la spéculation des marchés sur les Etats européens les plus faibles et pour donner à l’Union européenne les moyens de ses ambitions.
Vos réactions
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