Une expo, un exutoire
Un parcours mouvementé, un chemin de vie rempli de blancs et de noirs, de hauts et de bas, un travail de bacc 2 qui lui a permis de se libérer, de s'exprimer, un appel à projets repéré par hasard: en faisant la lumière sur ses côtés les plus sombres, Marie Dussart, étudiante à l’IHECS ne s’attendait pas à ce qu'on lui procure autant de visibilité.
'Je suis surprise de cet engouement, contente que cela parle aux gens, mais tout de même un peu gênée. Ces photos et ces textes intimistes, je les ai en effet produits pour moi, pour me décharger et ce même si, à la base, ils se sont initiés dans le cadre d’un travail académique. Ce projet photographique et textuel est pour moi une façon de regarder mon côté sombre et mes périodes difficiles avec un autre regard, en m'acceptant dans mon entièreté et en me servant de ce que j'ai vécu pour en apprendre davantage sur moi-même et avancer.'
Par le biais de ces photos, par le biais de ces textes, elle s'est libérée, dévoilée, a su parler de ses fragilités, de tout ce qui grouille en elle et lui empoisonne la vie au quotidien... Tout ce qu'elle cache si bien sous sa façade de fille souriante et positive. Son corps, tatoué de dessins au feutre, illustre son vécu, avec ses passions, ses larmes, ses blessures, ses troubles alimentaires et psychologiques. Elle voulait mettre des mots — ou des pictos — sur des maux. Comme par exemple, sur cette photo où un poids tombe sur son dos, exprimant le poids d'une hernie discale qui l'a privée de son moyen d'expression privilégié, la danse.
Une galerie tout à elle
Son projet, Marie Dussart l’avait envoyé un peu comme une formalité, sans trop y croire puisque la date de clôture était passée. Mais deux mois plus tard, le centre culturel de Huy l’a contactée pour lui annoncer la bonne nouvelle: elle faisait partie des candidats retenus.
'Je pensais que nous serions une quinzaine 'd'artistes' à faire partie de l’exposition mais, finalement, pendant mon Erasmus à Bucarest le projet a évolué et nous ne sommes que 3. Plutôt que le petit pan de mur auquel je m’attendais, je dispose d’une galerie entière: 10 mètres de couloir que j’ai voulu investir au mieux et dans lequel j'ai essayé de créer mon univers. Je tiens d'ailleurs à remercier les professeurs de photo de l’IHECS, qui m’ont aidée à mettre sur pied la scénographie, qui m'ont aidée et conseillée du début à la fin du projet.' Des photos 'tatouées', des panneaux manuscrits, des lettres en bois suspendues à de graciles cordelettes. Et un succès qui la dépasse un peu.
'Je suis surprise de la visibilité que l’on m’accorde: pour l’affiche, le Centre culturel a choisi une de mes images. Et pour la couverture du programme également.'
Pourquoi se mettre à nu?
'Je ne crois pas qu’il faille chercher à échapper à ses failles', soutient Marie Dussart, 'rien ne sert de les nier, il faut les regarder en face, les accepter, apprendre à vivre avec. Apprivoiser notre part d’ombre pour ne pas sombrer.'
Ses photos, elle les avait initialement remises à ses professeurs dans une version plus assombrie, plus introvertie. Cette exposition l'a amenée à sortir de cette ombre, un peu comme une libération cathartique... C’est révélateur, c’est à l’image du message qu'elle veut faire passer dans son installation: passer du négatif au positif.
Nos plus chaleureuses félicitations à notre étudiante pour ce succès initiatique!