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Conflit au Soudan : un désastre humanitaire sans précédent
Image : MSF 2025
Arrivée de civils déplacés de la ville assiégée d’El-Fasher dans le camp de Tawila Omda, au Nord Darfour, Soudan, 2025
C’est l’une des pires crises humanitaires du XXIe siècle. Voilà comment l’ONU qualifie la situation actuelle au Soudan. Depuis avril 2023, la guerre a fait des dizaines de milliers de morts et déplacé près de douze millions de personnes.
La prise d’Al-Fashir
Ce 26 octobre 2025, après 18 mois de siège et de politique de famine, la milice RSF (forces de soutien rapide) a pris le contrôle d’Al-Fashir, le dernier bastion de l’armée régulière soudanaise au Darfour. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) plus de 33 000 personnes ont fui Al-Fashir en seulement trois jours.
Les habitants déplacés racontent des scènes de terreur : exécutions sommaires, viols, pillages, enlèvements, et même des attaques visant les travailleurs humanitaires. Des analyses d’images satellites menées par le laboratoire de l’université Yale confirment ces accusations : elles révèlent des “activités d’élimination des corps” à Al-Fashir, ainsi que des zones pouvant correspondre à des fosses communes.
L’organisation humanitaire Médecins Sans Frontières (MSF), présente autour d’Al-Fashir et ses localités, confirme de telles exactions. Julien Binet, coordinateur des opérations de MSF au Soudan, identifie plusieurs besoins prioritaires, dans un contexte où l’action humanitaire demeure fortement restreinte et entravée par le conflit armé. “Le plus urgent est la protection des civils (…) et tout ce qui est lié à la malnutrition. Toute cette population fuit, vit dans la brousse et dépend de l’aide humanitaire pour survivre, or la plupart des humanitaires ne peuvent pas travailler convenablement à cause de la situation sécuritaire”.
De potentiels crimes de guerre et de crimes contre l’humanité
Ce lundi 3 novembre, la Cour pénale internationale a tranché. Ce qui se passe à Al-Fashir constitue potentiellement des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.
Julien Binet donne l’exemple de bombardements d’hôpitaux, tels que celui de Kornoi, dans le Darfour occidental, le 3 novembre dernier. Face à l’afflux de déplacés, MSF avait choisi cet hôpital, notamment pour fournir des soins et médicaments aux habitants de la région. Mais l’hôpital a été détruit.
Entre 70% et 80% des hôpitaux dans les zones touchées par le conflit depuis 2023 ne sont plus opérationnels, selon l’ONU.
Dans certains hôpitaux, des massacres ont eu lieu. Ce fut le cas quelques jours à peine après la prise d’Al-Fashir. L’OMS a fait état d’un massacre de plus de 460 personnes au sein de la maternité de la ville.
Des violences « ethniques »
Dès juin 2023, le Secrétaire général de l’ONU António Guterres alertait sur la “dimension ethnique” des violences au Soudan.
Des ONG, comme Amnesty International ont rassemblé des preuves de ces crimes commis aussi bien par l’armée régulière que par les RSF, notamment l’assassinat organisé de certaines communautés, comme les Massalit, une communauté non-arabe du Darfour occidental.
Une trêve fragile
Les FSR ont annoncé le 6 novembre 2025 accepter la trêve humanitaire proposée par les États-Unis, l’Égypte, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Celle-ci a été immédiatement rejetée par l’armée soudanaise. Son chef, le général Al-Burhan, affirme vouloir continuer la guerre jusqu’à la victoire.
Pour tout comprendre du conflit au Soudan, regardez notre vidéo explainer ci-dessous.
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A24 fait son cinéma
A24, c’est bien plus qu’un studio : c’est une manière de repenser le cinéma. Là où Hollywood mise sur la formule et les blockbusters, A24 ose sur le risque, la sensibilité et la liberté. Son esthétique minimaliste, ses bandes-son soignées et ses récits souvent dérangeants ont fini par créer un véritable culte.
Ce qui frappe, c’est la cohérence de son univers : que ce soit dans ses films, sa communication ou ses produits dérivés, tout semble issu de la même vision, singulière et sincère. A24 ne cherche pas à plaire à tout le monde et c’est justement pour ça que tout le monde en parle.
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Victoire citoyenne à Anderlecht
Crédits photos : Jimmy Loozen, Nonna Jouannaud et Pauline Neuray
Alors qu’une faible musique s’échappe de la radio d’un night shop en face de la station de métro Clemenceau, l’indignation de certains monte. Le matin du 1er novembre, les habitants d’Anderlecht ont appris par la presse locale la proposition du bourgmestre, Fabrice Cumps (PS) : installer un couvre-feu commercial dans les quartiers de Clemenceau, Résistance et Cureghem. Celui-ci prendrait place de 21h à 5h pour Clemenceau et de 22h30 à 5h pour Résistance et Cureghem.
Prévue comme un outil contre l’augmentation des nuisances liées à la drogue et à l’errance, la mesure fait du bruit auprès des riverains, ceux-ci y voyant une restriction de leur liberté, une menace économique, mais aussi un isolement plutôt qu’une aide pour les quartiers visés. Plusieurs commerçants expliquent également que la commune ne les aurait pas consultés avant d’avoir proposé ce couvre-feu, renforçant le fossé ressenti entre les citoyens et le pouvoir communal.
« On est là, on est là (…) pour les droits des commerçants nous on est là ! » Les cris des manifestants se font entendre le 6 novembre avant l’ouverture du conseil communal. Arrive le vote du couvre-feu et, sur base du règlement d’ordre intérieur, le président du conseil refuse la demande d’interpellation des citoyens, au déplaisir de Monsieur Cherfan (Team Fouad Ahidar 1070) qui exige la révision de ce refus.
Suite à une concertation des présidents de partis, l’interpellation est finalement autorisée. Un débat sportif entre citoyens, échevins et collège communal commence. Le couvre-feu est finalement voté et refusé, une partie des élus issus de la majorité (MR, Les Engagés, VLD et CD&V) ayant eux-mêmes voté contre.
Les cris de joie remplissent la commune et une manifestante exulte, le sourire aux lèvres : « Si on doit retenir une chose aujourd’hui, c’est que c’est nous (les citoyens) qui avons le pouvoir. Et il faut qu’on l’utilise. »
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Festival de la BD d’Angoulême : une édition 2026 compromise ?
© Festival de la Bande Dessinée d’Angoulême
Secoué par une fronde inédite d’auteurs et d’éditeurs, le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême a annoncé l’annulation de son appel d’offres et l’exclusion de 9eArt+, son opérateur historique. Cette volte-face ne dissipe pas les doutes quant au maintien de l’édition 2026.
Le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême s’est retrouvé début novembre au cœur d’une contestation rare par son ampleur. Une tribune signée par plusieurs lauréats du Grand Prix a ouvert la voie, rapidement suivie par la prise de position du Syndicat national de l’édition (SNE), qui rassemble les grands éditeurs, et du Syndicat des éditeurs alternatifs (SEA), représentatif de la scène indépendante. Tous ont dénoncé une décision jugée opaque : l’annonce d’un “rapprochement” entre 9eArt+, opérateur historique du festival, et la Cité de la BD pour organiser les prochaines éditions.
Face à cette fronde, l’association du festival a finalement annulé son appel d’offres et confirmé que 9eArt+ ne serait plus reconduit. La volte-face spectaculaire apaise temporairement les esprits, sans garantir que l’édition 2026, déjà menacée par le retrait des éditeurs, l’absence annoncée de nombreux auteurs et des programmations impossibles à maintenir, puisse réellement se tenir.
Vingt ans de malaise qui éclatentPour François Schuiten, auteur belge et ancien Grand Prix d’Angoulême, la crise actuelle est le résultat d’un long enchaînement d’erreurs et de tensions jamais résolues. Il évoque “une série d’accumulations qui ont fait déborder le vase”, dont plusieurs épisodes qui ont profondément marqué la profession. L’un d’eux concerne une employée du festival, violée par un prestataire lors d’une soirée et licenciée après avoir porté plainte. À cela s’ajoutent, selon lui, “beaucoup de scandales, beaucoup de maladresse”, et une incapacité du festival à s’adapter aux évolutions de la société, notamment à la montée en visibilité d’autrices devenues centrales dans le paysage de la bande dessinée.
Ces controverses se sont ajoutées à une défiance ancienne envers 9eArt+, délégataire historique du festival. Schuiten estime que la gouvernance “n’emportait plus l’adhésion” et que de nombreux auteurs avaient le sentiment de ne plus être écoutés, dans un cadre jugé opaque et figé.
Le journaliste belge Olivier Van Vaerenbergh, spécialiste du secteur, confirme l’ancienneté de ce malaise. Selon lui, “il y avait une lutte de la profession depuis très longtemps”, un ras-le-bol général concernant la manière dont le festival était géré. Il cite, entre autres, le prix d’entrée jugé excessif, l’organisation d’événements considérés comme déconnectés, et surtout le traitement réservé aux auteurs et autrices, qui ne bénéficiaient ni d’accès gratuit aux expositions ni de rémunération pour leurs séances de dédicaces.
Le point de rupture est survenu lorsque l’association du festival a annoncé un rapprochement entre 9eArt+ et la Cité de la BD pour organiser les futures éditions. Selon l’expert belge, cette décision a cristallisé la colère contre 9eArt+ et son dirigeant, Franck Bondoux, régulièrement visé pour son manque de transparence et ses décisions unilatérales. Le caractère inédit de cette crise tient au fait que les grandes maisons d’édition ont, elles aussi, décidé de se retirer. Là où existaient traditionnellement des clivages entre grands éditeurs et structures indépendantes, Olivier Van Vaerenbergh constate qu’aujourd’hui, tout le monde est en train de boycotter.
Un rendez-vous culturel fragiliséPour François Schuiten, l’avenir du festival reste incertain. Il estime que l’ensemble du milieu en est arrivé à un point où chacun a considéré que la situation ne pouvait plus continuer ainsi. Il rappelle néanmoins l’attachement profond qui unit les auteurs à Angoulême. Selon lui, il serait particulièrement dommageable que l’édition 2026 n’ait pas lieu, car cette absence pourrait compromettre l’avenir même du festival.
De nombreux auteurs craignent désormais une édition difficile à tenir. Delphine Groux, présidente de l’Association du Festival international de la BD d’Angoulême, a annoncé un nouveau processus de sélection, l’abandon de 9eArt+ et la mise en place de critères renouvelés, mais beaucoup ont le sentiment que ces annonces arrivent trop tard pour apaiser les inquiétudes déjà installées. “Il n’y a plus aucune confiance en Delphine Groux.” Cette défiance est alimentée par les critiques récurrentes sur la gouvernance du festival : manque de transparence dans l’appel d’offres, absence de consultation des éditeurs, et gestion jugée déconnectée par une partie de la profession. Schuiten résume la difficulté en ces termes : “Je ne sais pas par quelle baguette magique on peut maintenant sauver cette édition 2026.”
Il insiste également sur les conséquences possibles pour les auteurs. Beaucoup préparent la sortie de leurs albums, des candidatures à des prix ou des expositions en fonction du calendrier d’Angoulême. Ce rendez-vous est un moment central dans leur visibilité et leur parcours, tant il concentre l’attention du milieu et du public. Un report, une annulation ou une édition fortement affaiblie pourraient avoir de véritables répercussions sur leur travail. Ce qui domine chez beaucoup d’auteurs, comme François Schuiten, c’est un sentiment de tristesse face au risque de perdre un événement qui structure leur milieu depuis plus d’un demi-siècle. La décision d’écarter 9eArt+ a ouvert une nouvelle phase, sans en garantir l’apaisement.
L’avenir du festival dépend désormais de la capacité de ses responsables à restaurer la confiance d’un milieu qui, pour la première fois, s’est retourné d’un seul bloc contre sa direction.
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Plus de 500 jours sans gouvernement bruxellois, qu’est-ce qui coince ?
Hémicycle du parlement Bruxellois ©Daphné Raes
Des négociations qui durent depuis plus de 500 jours, l’ancien formateur David Leisterh qui jette l’éponge et le président du MR Georges-Louis Bouchez sous le feu des projecteurs pour sa promesse d’accord depuis qu’il a repris les rênes… Bruxelles est dans l’impasse. La capitale attend toujours un exécutif régional, coincée dans un jeu d’alliances et de rivalités qui empêche toute formation de gouvernement.
3 minutes pour comprendre le blocage.
Pourquoi est-ce que c’est important de trouver un gouvernement rapidement ?
Si certains Bruxellois ne semblent pas toujours se rendre compte de l’impact du blocage, celui-ci est bien réel.Pour l’instant, sans gouvernement, Bruxelles vit au rythme des affaires courantes. Un système qui s’occupe des urgences, ainsi que des dossiers déjà entamés par le gouvernement précédent.
Problème : le gouvernement bruxellois n’a pas l’habitude de ces affaires courantes, contrairement au fédéral qui a déjà subi cette expérience. Il a donc plus de mal à gérer cette situation.
Sans gouvernement formé, la confection du budget est à l’arrêt alors que commence une nouvelle année budgétaire. Par conséquent, le mécanisme du 12e provisoire va débuter. Dans les faits, le parlement ne va pouvoir dépenser qu’un douzième du budget total accordé de l’année précédente, pour continuer à fonctionner. Cela signifie surtout qu’il ne peut pas engager de nouvelles politiques ni faire face à toutes les dépenses.
Par exemple, toutes les associations qui dépendent de subsides régionaux annuels sont impactées. Récemment, certaines d’entre elles ont dû licencier du personnel. Des secteurs comme la rénovation et la construction sont aussi touchés. En l’absence de décisions d’aides à la rénovation, les citoyens hésitent à entamer des travaux, ce qui impacte fortement les sociétés concernées. Bien d’autres secteurs, comme le CPAS, en font également les frais. Plus l’accord tardera à arriver, plus les conséquences risquent de s’aggraver.
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L’avortement en Europe : un droit fragile
Tous les pays de l’Union européenne (UE) accordent le droit et l’accès à l’avortement. Vraiment ? Amnesty International a récemment publié un rapport interpellant : l’avortement est légal en UE, mais sa pratique est limitée.
Depuis la première légalisation de l’IVG en Pologne en 1932, l’Europe ne cesse de réviser et réformer la question de l’accès à l’avortement. Les États membres de l’Union européenne ont instauré, moyennant certaines conditions, la possibilité pour une femme de mettre un terme à une grossesse. Cette interruption peut avoir lieu dans les premiers mois de la gestation, souvent jusqu’à 12 ou 14 semaines, mais peut s’étendre jusqu’à 24 semaines, comme aux Pays-Bas.
Ces avancées répondent aux mutations des mœurs ainsi qu’aux règles de santé publique. Pour autant, il ne s’agit pas d’un progrès abouti et acquis. Comme le montre le rapport d’Amnesty International publié le 6 novembre 2025, l’accès à l’avortement en Europe reste restreint et fragile.
L’avortement : un droit pénalSelon Lucie Barridez, coordinatrice de la plateforme Abortion Rights Europe, il existe deux paramètres pour estimer l’état d’un droit à l’avortement. Premièrement, il faut comprendre le cadre légal dans lequel ce droit s’inscrit. Pour beaucoup de pays, le droit à l’avortement relève encore du droit pénal. Autrement dit, si l’ensemble des conditions requises pour avorter n’est pas respecté, la femme qui avorte, ainsi que son médecin peuvent encourir des sanctions pénales. Dans certains États tels que le Luxembourg, le Danemark, la Finlande ou encore l’Irlande, la responsabilité pénale concerne seulement les praticiens.
En Belgique, malgré son retrait du code pénal, l’avortement reste consacré par une loi spéciale qui relève toujours du champ pénal. Autrement dit, il n’est plus interdit d’avorter, mais si les conditions ne sont pas respectées, la personne enceinte ainsi que son médecin peuvent encourir une peine.
Une question moraleEnsuite, le contexte sociopolitique de chaque pays joue un rôle. En effet, certains gouvernements adoptent des mesures plus ou moins restrictives en fonction de leur tendance politique. Par exemple, en Italie, certains médecins revendiquent la clause de conscience afin de ne pas pratiquer l’IVG. La clause de conscience est prescrite par la loi comme un droit permettant aux médecins de ne pas pratiquer l’IVG pour des raisons morales. Dans certaines régions du pays, la clause de conscience est utilisée de manière massive : près de quatre médecins sur cinq refusent de pratiquer des IVG.
En Belgique, plusieurs obstacles se posent encore sur le chemin de l’accès à l’avortement, allant du manque de médecins pratiquant l’IVG aux disparités territoriales importantes. La politique est également un facteur de complication. En avril 2025, le Premier ministre Bart De Wever lance un débat sur la réforme de la loi relative à l’IVG en Belgique, notamment par rapport aux délais et aux sanctions pénales encore présentes. Des partis tels que le CD&V ne souhaitent pas voir un élargissement du droit à l’avortement qui, selon eux, atteint directement à la vie. Faute d’accord politique clair et de majorité des deux-tiers requise, la Belgique est bel et bien dans une période de stagnation en matière d’IVG.
Menace conservatriceSelon la plateforme Abortion Rights, l’Europe traverse une zone de turbulence. Plusieurs pays d’Europe de l’Est, sur lesquels souffle un vent de conservatisme, durcissent leurs conditions d’accès à l’avortement. Le cas de la Pologne est emblématique : depuis 2020, la loi autorise l’IVG uniquement en cas de danger vital pour la femme, ou en cas de conception à la suite d’un viol ou d’un inceste. Les mouvements conservateurs et chrétiens ont réussi à imposer une vision idéologique de la vie comme débutant dès sa conception, attribuant ainsi des droits à un fœtus et à un embryon.
En Hongrie aussi, le premier Ministre Viktor Orban a fait inscrire dans la loi, l’obligation de faire écouter le coeur du foetus à la femme avant qu’elle n’avorte. Idem à Malte où l’avortement restait strictement interdit, jusque 2023, même en cas de viol ou d’inceste. Depuis, une dépénalisation partielle est entrée en vigueur mais la loi reste extrêmement restrictive dans ce pays aux valeurs conservatrices.
En Europe, les mouvements contestataires d’inspiration religieuse ou d’extrême droite exercent un lobbying actif pour restreindre ce droit. Depuis l’arrivée de Giorgia Meloni au pouvoir, les obstacles se sont renforcés. Aucune modification directe de loi n’a eu lieu, mais l’influence a joué un rôle clé. Le gouvernement italien autorise désormais des groupes anti-choix à intervenir dans les centres de planning familial, diffusant des informations biaisées pour dissuader les femmes d’avorter.
Le débat des délaisAvant sa dépénalisation partielle en 1990, la pratique de l’avortement en Belgique était interdite. Il figurait parmi les crimes et les délits allant à l’encontre de la moralité publique et l’ordre des familles. En 2018, la loi belge assouplit, en partie, ses mesures en autorisant la réduction du délai de réflexion obligatoire (qui est de 6 jours).
En Belgique, sous la gouvernance d’Alexander De Croo, un rapport d’universitaires, issus de milieux catholiques et laïques, affirme qu’il est possible d’assister médicalement un avortement allant de 22 à 24 semaines. Ce rapport souligne que le délai de réflexion obligatoire de six jours n’a aucune justification scientifique ni éthique. Dans la grande majorité des cas, les femmes ont déjà pris leur décision et cette contrainte est perçue comme infantilisante. Sa suppression permettrait, selon les experts, de renforcer l’autonomie des femmes. Lucie Barridez précise qu’il existe de multiples raisons pour lesquelles une femme doit avorter.
De la réforme à la ConstitutionEn Europe, tous les pays accordent désormais le droit à l’IVG. Mais, comme nous l’avons déjà établi, la réglementation change en fonction des pays. L’Union européenne ne peut obliger les Etats à adopter une loi ou une mesure uniforme à tous. Cependant, elle peut adopter des résolutions afin d’encourager les pays à réfléchir sur cette question. Certains pays connaissent des tentatives de réformes, mais qui n’aboutissent pas toujours. En Italie, par exemple, l’avortement reste encadré par le droit pénal, même s’il est autorisé jusqu’à 12 semaines de grossesse, avec un délai d’attente obligatoire de sept jours. L’accès à l’avortement est limité, et ce à cause d’une culture conservatrice hostile à l’IVG.
En parallèle, l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution française depuis mars 2025 témoigne d’une évolution sans pareille. Cette démarche symbolique vise à protéger durablement le droit et empêcher toute régression en la matière dans le pays. Une première étape pour l’Europe qui engendre depuis, un tas d’évolutions et de pourparlers sur le sujet. Avant la France, seule l’ex-Yougoslavie avait inscrit le droit à l’avortement dans sa loi fondamentale, faisant d’elle le premier État européen actuel à en garantir la protection constitutionnelle.
Le droit à l’avortement en Belgique fait, par ailleurs, l’objet de marchandages politiques. Dernier en date : le président du PS, Paul Magnette, dans l’opposition, avait déclaré en octobre dernier qu’il serait prêt à accepter la suppression du Sénat sous réserve d’une inscription du droit à l’IVG dans la Constitution.
Les femmes, tributaires des décisions politiquesAu-delà des aspects légaux, l’avortement demeure une expérience psychologiquement complexe. Certaines femmes peuvent vivre des formes de déni de grossesse ou d’angoisse liées à des expériences de vie ou de passé compliqué, renforcées par des contextes socio-politiques complexes, ce qui souligne l’importance d’un accompagnement médical et psychologique adapté à toutes. Il s’agit d’une réalité qui demeure profondément taboue. Ce silence social, alimenté par certains discours politiques conservateurs, notamment issus du CD&V ou encore de la N-VA pour le cas de la Belgique, continuent de présenter l’avortement comme un acte grave, à ne pas banaliser. Selon Lucie Barridez, ces prises de position contribuent à culpabiliser les femmes, alors même que le choix d’interrompre une grossesse relève de leur autonomie et de leur vécu corporel.
L’avortement représente aussi un coût important au niveau du transport, du logement, du temps et surtout de l’acte et des frais médicaux. Dans certains pays, la sécurité sociale et les assurances maladies ne prennent pas en charge les frais liés à ces interventions. Seules les femmes avec des ressources financières suffisantes peuvent se permettre de partir à l’étranger pour avorter en dehors des délais légaux de leur pays d’origine.
Alors, on progresse ?L’Europe se trouve aujourd’hui à un carrefour. Dans certains pays, le droit à l’avortement se renforce tandis que dans d’autres, il reste fragile. Face à cette réalité, la question n’est plus seulement de savoir si l’avortement doit être autorisé, mais comment garantir l’accès réel, sans discrimination, et comment protéger ce droit contre les vents contraires.
L’initiative européenne My voice, my choice pourrait transformer l’avenir du droit à l’avortement. Portée par un collectif de femmes militantes à travers plusieurs pays européens, cette initiative propose la mise en place d’un fonds de solidarité entre États membres volontaires de l’Union européenne. L’objectif ? Permettre aux femmes vivant dans des pays où l’accès à l’IVG est restreint de se rendre dans d’autres pays européens pour y avorter en toute sécurité, avec un remboursement pris en charge par ce fonds commun. Cette initiative incarne une vision d’Europe solidaire et engagée pour les droits des femmes, où la liberté de disposer de son corps existe pleinement. Si l’initiative se concrétise, elle pourrait marquer un tournant historique vers une égalité réelle en matière de droits reproductifs sur le continent. Le vote doit se faire au Parlement européen au mois de décembre prochain.
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Wikipédia VS Grokipedia : la bataille des encyclopédies
Le duel semblait aussi improbable que prévisible : Wikipédia, monument du web collaboratif dans le top 10 des sites les plus consultés sur internet, face à Elon Musk, l’entrepreneur à la tête de X et de SpaceX connu pour ses opinions tranchées. Après de nombreuses critiques et appels au boycott sur X visant l’encyclopédie en ligne, le milliardaire a décidé de contre-attaquer en créant la sienne, Grokipédia : un projet qui varie entre technologie, idéologie et compétition d’influence.
Tapez “réchauffement climatique” sur Wikipédia, et vous lirez un long article appuyé sur des études scientifiques et des rapports du GIEC. Sur Grokipédia, la version lancée par Elon Musk, le ton change subtilement parmi un océan de copier-coller de Wikipédia : on y parle de “surestimation” et de “réchauffement plus lent”. Ce contraste n’est pas un hasard. Le milliardaire américain, après avoir racheté Twitter (devenu X) et lancé son IA Grok, s’attaque désormais à un autre pilier encyclopédique du web : Wikipédia. Son ambition ? Créer une encyclopédie “libre d’idéologie de gauche et d’idées wokiste”, adossée à l’intelligence artificielle et à la philosophie de la liberté d’expression chère à X. Mais derrière cette promesse d’un savoir “plus neutre”, Grokipedia révèle aussi une nouvelle bataille de pouvoir : celle du contrôle de l’opinion et de la fiabilité de l’information, à l’ère des intelligences artificielles.
Le savoir selon MuskMise en ligne le 27 octobre 2025, la première version de la plateforme encyclopédique Grokipédia, développée par xAI, la société d’intelligence artificielle d’Elon Musk, fait déjà beaucoup parler d’elle. Présentée comme une alternative “libre de propagande” à Wikipédia, cette version 0.1 est pour l’instant disponible uniquement en anglais, avec une limite d’âge fixée à partir de 13 ans et sans véritable vérification parentale pour les utilisateurs mineurs.
Depuis plusieurs années, Musk accuse Wikipédia d’être “trop woke et trop gauchiste”, multipliant les critiques publiques notamment après la publication d’articles jugés faux sur Donald Trump. Sur X, il a promis que Grokipedia “éliminerait la propagande qui inonde Wikipédia” et “recenserait la vérité, toute la vérité, et rien que la vérité”. Dans un autre message, il assure que la version 1.0 “sera dix fois meilleure. Mais même en version 0.1, Grokipedia est déjà meilleur que Wikipédia à (son) avis.”
We are building Grokipedia @xAI.
Will be a massive improvement over Wikipedia.
Frankly, it is a necessary step towards the xAI goal of understanding the Universe. https://t.co/xvSeWkpALy
Cependant, derrière ces déclarations, le projet semble porter la marque idéologique de son créateur. De nombreux observateurs notent que le ton de Grokipedia penche subtilement vers la droite, sans que cela soit toujours explicite. Une grande partie de son contenu provient d’ailleurs directement de Wikipédia, retravaillé par l’IA, un paradoxe qui, selon certains, pourrait affaiblir organiquement la plateforme d’origine, tout en diffusant une version filtrée du savoir sous couvert de neutralité.
Deux visions du savoirAlors que Wikipédia repose sur la collaboration de millions de contributeurs bénévoles, avec des pages de discussion, des historiques et des sources de qualité, Grokipédia est entièrement prise en charge par l’IA Grok. Cette dernière rédige les articles, recherche les sources sur le web et sur X et en évalue la fiabilité. Cependant, dans cette première version, il n’existe aucun mécanisme permettant aux internautes de corriger ou de réfuter une information jugée fausse comme elle l’indique dans ses termes et conditions.
Comme le souligne Philippe Laloux, journaliste au pôle économique du journal Le Soir, où il se consacre notamment aux enjeux des nouvelles technologies : “Grok et Grokipédia ont une architecture éditoriale très top-down, c’est l’IA qui contrôle tout, contrairement à Wikipédia, qui part de la base humaine”. Il ajoute également : “Un robot n’est pas neutre parce qu’il y a un algorithme derrière. Il reprend l’idéologie de son fondateur.”
Du côté de Wikipédia, comme le rappelle Madel, un de ses contributeurs actifs depuis 15 ans : “Wikipédia, ce sont cinq principes fondateurs. Et le deuxième, c’est la neutralité de point de vue.” Autrement dit, la plateforme collaborative repose sur des principes clairs et des arbitrages humains où une information ne peut être ajoutée sans être amenée avec des sources de qualité considérées comme “fiables” (articles de presse, ouvrages, travaux universitaires). Tandis que Grokipédia centralise le pouvoir éditorial dans une IA dont la fiabilité dépend des sources disponibles sur le web et sur X et les opinions et idéaux personnels d’Elon Musk.
Bataille de neutralité« Tout oppose Grokipedia et Wikipédia. Wikipédia est un projet collaboratif ouvert à tous, librement partagé, avec une licence que tout le monde peut réutiliser. Et Elon Musk ne s’en est pas gêné, puisque, à la base environ 80% de Grokipédia provient de Wikipédia, parfois mot pour mot« , explique Madel.
Un fait frappant : en utilisant et comparant les deux plateformes, on remarque qu’elles se ressemblent autant qu’elles diffèrent. Comme le souligne Philippe Laloux: “Lors de sa phase d’entraînement, Grok “crawl”, c’est-à-dire qu’il scanne l’ensemble des pages web pour pomper le contenu et le réinjecter dans la plateforme. ” Résultat : pour n’importe quel article fourni par Grokipédia, la majorité des sources proviennent des sites du groupe Wikimedia Foundation.
Pourtant, cette IA reste fortement influencée par les idéaux de son concepteur. Sur certains sujets sensibles ou polémiques, on peut lire entre les lignes des prises de position idéologiques ou des tournures de phrases tranchées, noyées dans un océan de copier-coller Wikipédia.
En recherchant le mot-clé “Grokipedia” sur Grokipédia, la majorité des résultats pointent vers des articles dénonçant un “manque de neutralité” de Wikipédia, comme pour démontrer que la nouvelle plateforme existe pour “remédier” à Wikipédia. Le salut nazi d’Elon Musk, geste controversé effectué le 20 janvier 2025 lors du meeting qui a suivi la seconde investiture de Trump, n’est pas trouvable dans Grokipédia, alors qu’il possède un article dédié sur Wikipédia. Concernant le scandale Epstein et sa relation avec Donald Trump, la narration est modifiée sur Grokipédia : bien qu’il soit, comme sur Wikipédia, mentionné que le président américain a fait partie de son cercle proche, la plateforme de Musk insère un extrait d’un article du New York Times pour minimiser l’implication de Trump avec Jeffrey Epstein après 2005.
Le traitement du mouvement #MeToo illustre aussi ce biais : tandis que Wikipédia explique les causes défendues par le mouvement et son origine, Grokipédia consacre un paragraphe entier dans l’introduction à une critique affirmant que “#MeToo privilégie le récit aux preuves, amplifiant souvent des allégations non corroborées qui entraînent de graves conséquences…”. De même, le réchauffement climatique, présenté de façon alarmante sur Wikipédia à l’aide de plusieurs sources scientifiques, est nuancé sur Grokipédia par la mention d’une “surestimation” du réchauffement réel dans certaines zones rurales, tout en omettant d’insister sur les conséquences écologiques globales du phénomène.
Les Personnes LGBTQ+ sont abordées dans un ton polémique : Grokipédia met en avant des controverses médicales et sociales peu représentatives de la position majoritaire des chercheurs. Le site insiste sur des critiques évoquant des “risques iatrogènes” ou une “contagion sociale” liés à l’augmentation des identifications LGBTQ+, ce qui traduit une certaine méfiance envers cette communauté. Cette mise en avant de thèses marginales crée un décalage clair avec Wikipédia, qui s’appuie surtout sur les études scientifiques reconnues.
Enfin, concernant le conflit Israël-Palestine, Grokipédia présente un angle favorable à Israël, décrivant surtout les opérations militaires israéliennes comme des réactions défensives et passant sous silence la crise humanitaire à Gaza. Contrairement à Wikipédia, qui expose les pertes humaines, le blocus et les responsabilités des deux camps, Grokipédia propose un récit très déséquilibré : la souffrance israélienne est détaillée, tandis que celle des Palestiniens est largement absente. Ce décalage crée un biais frappant qui oriente la compréhension du conflit en faveur d’Israël.
Cette confrontation illustre une dynamique particulière : Grokipédia emprunte massivement à Wikipédia, mais l’IA de Musk sélectionne et reformule les informations selon une perspective idéologique implicite, créant ainsi un contenu qui semble neutre à première vue, mais porte en réalité un biais discret et orienté.
Une prise de partiUne intelligence artificielle n’a pas, en soi, de conviction politique. Mais si les données sur lesquelles elle s’appuie sont orientées, elle reproduit ce biais et l’amplifie. Et c’est précisément ce que craint Philippe Laloux pour Grokipédia : « Rien dans ce qu’a fait Elon Musk depuis le début de sa carrière n’est dépourvu d’un agenda politique ou idéologique. » Pour lui, le fonctionnement de Grokipedia reflète cette volonté de contrôler le récit, dans la continuité d’une logique déjà visible sur X : « Évidemment que X n’est pas une base fiable pour une encyclopédie. La plateforme fait déjà l’objet d’enquêtes sur ses mécanismes de recommandation et sa gestion des contenus problématiques.«
Selon Laloux, là où Wikipédia cherche à corriger les biais, Grokipedia risque de les renforcer : « Wikipédia repose sur un pluralisme procédural : il y a des pairs, des patrouilleurs, des sources secondaires. Là où Grokipedia amplifie les biais, Wikipédia met tout en œuvre pour les atténuer.«
De son côté, Madel, rappelle la philosophie fondatrice du projet de Wikimédia : « Sur Wikipédia, on ne cherche pas la vérité, mais l’exactitude. On exprime tous les points de vue, dans leur juste proportion, sans en privilégier aucun. » Pour lui, cette distinction est essentielle : elle marque la différence entre une encyclopédie pluraliste et redevable comme Wikipédia et un modèle unilatéral piloté par une IA qui, sans garde-fous, finit par refléter les idées politiques de son créateur.
Quel futur pour Wikipédia face à l’IA ?Pour Madel, la confrontation entre les deux plateformes dépasse la technologie. « Nous avons affaire à un oligarque qui crée quelque chose seul, porté par sa propre vision du monde. En face, Wikipédia, c’est un projet collectif, multilingue, animé par des dizaines de communautés. Même avec ses milliards, il ne peut pas rivaliser avec cette diversité.«
Mais la montée en puissance de l’intelligence artificielle commence à fragiliser ce modèle collaboratif : « « « On constate une baisse de fréquentation d’environ 8 % depuis l’essor des IA génératives. Les utilisateurs vont moins directement sur Wikipédia, car ils trouvent leurs réponses dans les petites fenêtres pop-up ou les chatbots, qui puisent dans nos contenus. » Résultat : moins de visibilité, moins de nouveaux contributeurs, et donc moins de financements pour une encyclopédie qui vit uniquement grâce aux dons, sans publicité.
De son côté, Philippe Laloux, rappelle que cette mutation ne touche pas que Wikipédia : « En moins d’un an, même Google a été bousculé. Pour la première fois, le moteur de recherche perd du trafic. Les agents conversationnels comme Chat GPT, Gemini, Claude, Grok, deviennent des interfaces universelles entre les utilisateurs et l’information.«
Madel, lui, insiste sur un geste simple : « Il faut encourager les gens à consulter directement les sources, à venir sur Wikipédia, à ne pas passer par les filtres d’intelligence artificielle. Chaque visite compte : elle permet au projet de continuer à exister, à rester libre et ouvert à tous.«
À l’heure où des IA prétendent trier le savoir à notre place, cliquer sur Wikipédia devient un acte de résistance intellectuelle contre les nouvelles alternatives faillibles comme Grokipédia.
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IVG : un droit à reconquérir chaque jour
Le thème de l’avortement fait régulièrement l’objet de vifs débats. Il s’agit souvent d’aspects juridiques, rarement des femmes concernées. Mais quelle est la réalité dans une clinique où l’on pratique l’avortement ? L’hôpital de la Citadelle de Liège m’a permis de découvrir sa clinique.
Dans ce reportage, aucun nom ne sera cité. « Il y a quelques années, nous avons été tellement menacés par téléphone que nous ne pouvons plus faire autrement« , commence la gynécologue en chef, que je rencontre en premier. Je peux citer le nom de l’hôpital, prendre des photos où aucune personne n’est reconnaissable, mais je ne peux citer de noms. Elle me fait part de son obligation de protéger ses collaborateurs.
L’équipe du planning familial se trouve dans un bâtiment très moderne et est composée de deux gynécologues, d’un médecin généraliste et de quatre infirmières. Elles travaillent toutes aussi au sein du service de gynécologie et au centre de ménopause et se relaient en permanence pour assurer le fonctionnement du planning familial.
Les propos teintés de prudence de la gynécologue méritent une explication. En Belgique, la loi Lallemand-Michielsen de 1990 dépénalise partiellement l’interruption volontaire de grossesse (IVG) et permet l’avortement jusqu’à la fin de la douzième semaine de grossesse. Au-delà, les femmes enceintes qui ont recours à l’avortement, mais aussi les médecins qui le pratiquent, risquent des sanctions pénales, sauf en cas de malformation du fœtus ou lorsque la santé de la femme est gravement menacée.
« Nous parlons toujours de 14 semaines d’aménorrhée. L’aménorrhée, ça veut dire l’absence de règles. Au-delà des 14 semaines, on n’est plus dans la loi« , explique la gynécologue.
L’interruption de grossesse peut être médicamenteuse ou chirurgicale, selon l’avancement de la grossesse : « La plupart des femmes ont recours à l’IVG médicamenteuse, car elles prennent conscience de leur grossesse très tôt. Après quelques jours d’attente, elles ont le rendez-vous de consultation, où nous établissons leur dossier et déterminons précisément où en est leur grossesse. Après six jours de réflexion, délai fixé par la loi, l’IVG peut être pratiquée« , précise la gynécologue.
Je lui demande alors ce qui devrait changer et elle me répond en ces termes :
« Ce n’est plus utile d’avoir 6 jours d’attente. Les femmes n’en ont pas besoin. Et nous devrions faire des IVG dans certains centres spécialisés jusqu’à la 18e semaine en Belgique aussi. Cette extension de la loi permettra la prise en charge d’environ 500 femmes qui vont chaque année aux Pays-Bas.«
Je vais ensuite au planning familial, où je m’installe sur les fauteuils verts de l’espace d’accueil. Des roses et des pierres sont peintes sur les murs et des flyers relatifs à la contraception et à l’avortement sont exposés sur un présentoir. Le téléphone sonne en permanence et tous les fauteuils sont occupés. La femme assise à côté de moi joue nerveusement avec sa bague pendant que son partenaire lui caresse le dos. En face d’elle, une jeune fille accompagnée de sa mère se trémousse tout aussi nerveusement. Les cinq salles de soins semblent occupées.
Après avoir répondu au téléphone et effectué leur travail au planning, les deux infirmières viennent vers moi.
À ma question, qui sont les femmes qui demandent une IVG et pourquoi, les deux infirmières m’expliquent que « la majorité des femmes ont entre 25 et 35 ans. Il n’y a pas de raison unique. Cela peut être l’argent, l’échec d’un partenariat ou le moment inopportun. Les femmes qui arrivent chez nous ont, dans la grande majorité des cas, bien réfléchi avant de décider d’avorter ou non.«
À un moment, une femme accompagnée de son partenaire sort de la salle de soins et se dirige vers les infirmières. Elle semble triste, mais soulagée et les remercie d’une voix douce et s’en va.
Les infirmières me disent alors : « La façon dont on parle de ces femmes, le fait que nous sommes perçues comme des meurtrières et que l’on ne fait pas confiance aux femmes, nous fait mal. Les femmes savent très souvent si elles sont sûres ou non, et si ce n’est pas le cas, elles pourraient continuer à réfléchir sans loi. C’est ce que nous constatons lors du premier rendez-vous.«
Après l’entretien avec les deux infirmières, je me rends chez la psychologue. Elle aussi sait qui je suis et me parle très ouvertement. Lorsque je lui demande ce que les gens doivent savoir, elle me répond que les femmes sont fortes et qu’elles peuvent décider par elles-mêmes, mais qu’elles peuvent demander de l’aide pour cette décision grave.
Et elle ajoute : « Je ne dois pas aider les femmes à se décider, car elles savent presque toujours ce qu’elles font. Et si ce n’est pas le cas, nous ne sommes pas des monstres qui les persuadent d’avorter juste parce que la date est fixée.«
« Ce qui me dérange, ce sont ceux qui font culpabiliser les femmes. Elles se sentent aussi mal ainsi. Si cela devait vraiment arriver, et c’est rare qu’une femme ait plusieurs IVG, l’équipe du planning lui donne rendez-vous pour lui parler de contraception. »
Et lorsque je demande à la psychologue ce que les femmes doivent savoir, elle souligne que celles-ci doivent savoir que cette décision est certes lourde de conséquences, mais qu’elle ne doit pas déterminer toute leur vie. Cette IVG ne définit pas ce qu’elles sont en tant que femmes, car elles peuvent avoir une belle vie affective et sexuelle après une IVG.
“L’IVG doit être prise en charge tous les jours, car elle peut toujours être menacée”, conclut la gynécologue.
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Stéphanie Lange : un engagement politique pour une société plus inclusive
Stéphanie Lange est députée chez Les Engagés pour les parlements de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de Bruxelles depuis juin 2024. Elle a fait de son handicap moteur une force et un combat. Combat pour plus d’égalité. Combat pour l’inclusion des personnes en situation de handicap.
Sincère et déterminée. C’est ainsi que Céline Fremault, ancienne ministre régionale bruxelloise des Personnes handicapées et ancienne membre du Centre Démocrate Humaniste (CDH), décrit Stéphanie Lange. Les deux femmes se connaissent depuis plusieurs années déjà. Et ce qui les amène à se rencontrer, c’est leur combat commun pour une société plus inclusive.
La politique comme moyen d’action pour l’inclusion
Juriste de formation, Stéphanie Lange ne sait pas dans quel secteur se diriger après ses études. Jusqu’au jour où sa route croise celle de Céline Fremault. En 2019, durant cinq mois, Stéphanie Lange effectue un stage à ses côtés. “C’est là que je me suis rendu compte de l’influence que pouvaient avoir les politiques sur le changement de la société“. Elle sait alors ce dans quoi elle veut se lancer : la politique. Et le changement qu’elle veut apporter, c’est celui de l’inclusion des personnes en situation de handicap. Elle qui est en situation de handicap moteur se rend bien compte des manquements à l’inclusion des personnes en situation de handicap dans notre société.
Ce stage marque aussi Céline Fremault. Des stagiaires, elle en a vu passer. Mais Stéphanie la marque particulièrement. Elle a un très beau CV, est parfaitement trilingue et a étudié le droit de la santé en Suisse. Elle est aussi jeune et avide d’apprendre. Céline Fremault était investie depuis plus de vingt ans dans le handicap. Mais face à Stéphanie Lange, son regard sur les personnes en situation de handicap évolue. Elle se trouve désormais devant la preuve même que le handicap n’est pas toujours un frein, mais bien souvent une force. “Une chose était d’être investie dans le handicap, une autre chose est de voir grandir quelqu’un qui est en situation de handicap dans la vie publique.”
“Il ne faut pas toujours tout prendre pour soi”
Ce qui amène Stéphanie Lange chez Les Engagés, c’est la refondation du parti. Ce dernier troque en mars 2022 son nom de Centre démocrate humaniste pour celui des Engagés. Dans ce nouveau nom, une promesse : celle du changement, ce pour quoi la jeune femme veut se battre. Elle participe à l’écriture du programme électoral du parti et se voit ensuite proposer de participer à la campagne électorale, ce qu’elle accepte.
Mais faire bouger les lignes ne s’annonce pas si facile. D’une part, il n’y a toujours pas de gouvernement à Bruxelles à l’heure actuelle. Et quand il y a un gouvernement, les négociations ne sont pas toujours aisées. “Là où on (ndlr : Les Engagés) est au gouvernement, on doit quand même négocier avec des partenaires de majorité qui n’ont pas toujours forcément la même vision que la nôtre. Donc ça complique la tâche et la volonté d’avancer vers l’inclusion”. Malgré ces négociations parfois compliquées, Stéphanie Lange garde en tête ses objectifs et persévère. Son poste nécessite du caractère. “La critique est parfois assez rude et les débats démocratiques peuvent aussi parfois être très rudes. Donc il ne faut pas toujours tout prendre pour soi”.
“Finalement, le handicap n’est peut-être pas aussi handicapant qu’il peut paraître”
Cette détermination, Stéphanie Lange la traduit aussi en dehors de sa vie politique. Elle aime en effet relever des défis sportifs. Elle a déjà participé aux 100 km de Doc’Riders deux années de suite en tandem. Ce challenge est pour elle une manière de s’évader et de se dépasser. “On avait toujours dit que je n’allais jamais pouvoir faire du tandem parce que j’ai un problème d’équilibre”. Cette année, elle a tenté de relever le défi de Cap48. L’objectif : marcher 100 km en 21 jours. Elle a réussi à en faire 75. “Il y a toujours ce petit challenge qui m’aide à me surpasser et à me dire que finalement le handicap n’est peut-être pas aussi handicapant qu’il peut paraître.”
Outre sa détermination, son entourage est également primordial au quotidien. Être politicienne signifie aussi afficher publiquement ses idées et son orientation politique, ce qui peut parfois créer des tensions avec des proches qui défendent d’autres courants. Plusieurs membres de la famille de Stéphanie Lange l’ont beaucoup soutenue durant la campagne électorale en faisant sa publicité. Mais ils n’en étaient pas moins inquiets pour elle, surtout sa maman. “Elle avait peur de l’avenir. Elle avait peur que ça fasse beaucoup de boulot, que je sois trop fatiguée, que ce soit trop quoi”. La politique occupe aujourd’hui une place prépondérante dans la vie de Stéphanie Lange. Si cela peut parfois se révéler très fatigant, elle tient le coup, notamment grâce au soutien d’autres politicien·ne·s de son parti.
“Elle symbolise ce que doit être demain une assemblée publique”
Stéphanie Lange amène avec elle un changement de mentalité dans la politique en général. La parlementaire se déplace parfois en chaise roulante. Or, jusqu’à maintenant, le Parlement bruxellois est inaccessible aux personnes à mobilité réduite. Toute personne en chaise roulante doit rester à l’arrière sans micro, car il y a immédiatement des marches pour descendre vers les sièges. Des travaux sont désormais prévus pour améliorer l’accessibilité de cet hémicycle. Céline Fremault explique que le greffier du Parlement bruxellois, Hugues Timmermans, était très heureux de l’élection de Stéphanie Lange, car cela allait obliger une vérification de l’accessibilité du Parlement bruxellois pour mieux l’accueillir. Pour Céline Fremault, Stéphanie Lange “symbolise ce que doit être demain une assemblée publique, c’est-à-dire le fait de divers profils qui incarnent la société”.
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Contraception masculine : une révolution en attente
© Thoreme
La contraception masculine : tout le monde en a entendu parler, mais qui sait vraiment ce qu’il en est ? Entre méconnaissance, innovations en attente de certification et débats européens, le sujet se révèle plus vaste – et plus complexe – qu’on ne l’imagine.
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Au bout du stick
Crédit photo : Saâd Farahy
Alors qu’il vient d’effectuer ses débuts dans l’élite du floorball belge en septembre dernier, Antoine Holbrechts, dit « Zébulon », est à un tournant. Habitué à la vitesse du jeu et aux claquements des crosses, le Montois de 24 ans veut se placer parmi les pionniers d’un sport encore méconnu en Belgique.
Lorsqu’il déboule sur le parquet avec ses godasses qui tapent, il est imprenable. Il court, arpente la surface du terrain comme un patineur. À croire qu’il joue comme Wayne Gretzky, la légende canadienne du hockey sur glace. La comparaison semble forte mais, dans sa tête, ça se tape en un contre un. Antoine Holbrechts, dit « Zébulon », aspire à s’accomplir dans un univers qui pointe, modestement, le bout de son stick
À 24 ans, le Montois pratique une discipline à mi-chemin entre le hockey sur gazon et le hockey sur glace. Avec une balle creuse, en plastique. Le floorball se distingue par le fait qu’il se joue en salle, sur une surface plus réduite. Les basses balustrades viennent délimiter la surface de jeu, formant un enclos où tout s’accélère. Les crosses claquent, les semelles crissent, les cris se répercutent contre les murs déshabillés du gymnase. La balle file, ricoche sur les bandes, repart aussitôt. Ici, le jeu ne s’arrête jamais. Ça fait une dizaine d’années que sa vie est rythmée par le bruit des crosses qui s’entrechoquent. Une bande sonore qui résonne en lui, semble-t-il. Un amour qui se tape.
La crosse, c’est une extension de soi
Antoine Holbrechts dit « Zébulon », attaquant aux Tornado Hurricanes de Bruxelles.Ce qui le fait revenir à chaque entraînement, ce n’est pas seulement la vitesse du jeu, mais le collectif. Chaque jeudi soir, Antoine s’entraîne avec sa nouvelle équipe. Après dix ans chez les Blackhawks de Mons, il a rejoint les Tornado Hurricanes de Bruxelles. « Je voulais trouver un projet qui me corresponde », débute-t-il. « Mons était un bon club, mais je me sentais freiné dans ma formation. Ici, j’ai intégré une équipe plus expérimentée. C’est ce qui m’a convaincu de franchir le pas. »
Depuis ses 14 ans, « Zébulon » fait rouler sa balle en plastique aux quatre coins du pays. (Crédit photo : Saâd Farahy)Antoine a pris un virage à 180 degrés cette saison. L’exercice précédent ne lui avait pas permis de s’exprimer à son niveau habituel, alors il débarque revanchard sur les parquets de D1. À peine arrivé, ses coéquipiers lui reconnaissent déjà quelques qualités. « On l’a payé assez cher pour qu’il vienne ici », plaisante Gilles, l’un des vétérans des Tornado. « Zébulon se distingue par son implication et sa lecture du jeu. Ce sont des forces notables chez un attaquant. » Jamais sans ses crosses soigneusement polies. C’est sa règle. Ne faire qu’un avec son équipement, c’est sa façon d’entrer dans le jeu. « La crosse, c’est une extension de soi », assure Antoine. « Sans elle, il n’y a rien. J’ai un besoin permanent de la toucher. Si je reste une semaine sans, je me tâte à l’idée de la retrouver. »
Il a un bon mental. Et je sais qu’il garde en tête ce rêve d’atteindre les sommets de la discipline
Loïc, ex-coéquipier et ami d’Antoine. Une question d’adrénalineSa silhouette longiligne se remarque autant par son activité incessante que par son énergie sur le terrain. Rapide dans le jeu et précis devant le but, l’attaquant des Tornado s’est distingué au fil des saisons. « Zeb » dégage une impression de maîtrise et de confiance. Dans une autre vie, Antoine pratiquait le théâtre. C’est certainement là qu’il a acquis la science des mots et du placement.
Tous les jeudis soirs, les deux équipes seniors des Tornado Hurricanes de Bruxelles s’entrainent au Complexe du Neerstalle. Un rythme trop faible pour un club qui vise les sommets. (Crédit photo : Saâd Farahy)Et tout ça, c’est avant tout une question d’adrénaline. « À chaque fois que je vais à l’entraînement, je me sens bien dans ce que je fais. Aucun sport ne m’a jamais procuré la même sensation que le floorball. Cette discipline m’a libéré et j’ai trouvé, en elle, ma voie », confie Zébulon. L’ambition, presque naïve, du néo-bruxellois se mesure à son dépassement, visible à l’entrainement. Loïc, dit « Boule » l’un de ses fidèles coéquipiers des années montoises, reconnaît ce trait chez lui. « Il a un bon mental. Et je sais qu’il garde en tête ce rêve d’atteindre les sommets de la discipline », glisse-t-il. Un objectif qui ne garantit pas le succès, dans un sport où les moyens et la reconnaissance restent limités.
Pour l’instant, « Zeb » place le jeu avant la gloire. Il prône le plaisir avant tout. Le sport reste encore en phase de développement. Pas évident de se faire une place quand le statut professionnel n’existe pas. Le floorball, né en Scandinavie dans les années 1970, reste marginal en Belgique. Seulement une trentaine de clubs affiliés, quelques milliers de pratiquants actifs, et un championnat semi-amateur encore discret dans les médias.
Amener la balle au fond des filetsMalgré le manque de visibilité, Antoine n’est pas du genre à baisser la crosse. Un surplus de confiance émane de lui. Jamais pressé, toujours tranquille. Dans son écurie, Zébulon bout d’envie de prouver qu’il est le meilleur étalon. Au point d’accéder à l’équipe première ? Peut-être. En venant à Bruxelles, il a cherché un équilibre entre vie personnelle et professionnelle. Car à côté du floorball, Antoine est prof de sport. Il aime transmettre et apprendre des autres. C’est aussi pour ça qu’il a rejoint la deuxième équipe des Tornado. Pour progresser, encore et toujours.
Ce qu’on pourrait me souhaiter ? De la visibilité. Et des buts, évidemment !
Antoine Holbrechts dit « Zébulon »S’il nourrit son idéal avec un état d’esprit solide, les coups de barre ne manquent pas. Mais, avec sa résilience habituelle il y fait face. « Mon but est de m’amuser. Cela n’a aucun sens si ce n’est pas le cas. On ne joue pas à un niveau professionnel. », rappelle-t-il. « Boule », pour sa part, a toujours constaté la mentalité optimiste de son camarade et ami. « Dans le dur, il apprend toujours. Et, cette soif d’apprentissage lui permet de grandir. »
Sous son sourire plein, Antoine ne compte pas s’arrêter de sitôt. (Crédit photo : Saâd Farahy)Nouvelle équipe et mêmes objectifs, donc. Antoine continue d’arpenter les parquets aux quatre coins du pays avec un but clair : populariser le floorball. Sur Instagram, il partage sa discipline pour toucher le plus grand nombre. « Ce qu’on pourrait me souhaiter ? De la visibilité. Et des buts, évidemment ! », lâche-t-il en riant. Zébulon garde le même cap, sur les parquets comme sur les réseaux. La balle, fixée à sa crosse et accompagnée du crissement de ses Asics, roulera toujours. Par passion. Pour l’amour du stick.
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La Belgique désarmée face aux survols de drones ?
Ces dernières semaines, plusieurs survols de drones ont suscité des interrogations en Belgique. Nous nous sommes rendues à la commission de la Défense pour en savoir plus sur les mesures envisagées et les enjeux de sécurité que ces incidents soulèvent.
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Fin du subside PAS : l’accès à la culture en péril
Image illustrant une exposition d’art, Adobe Stock
« La culture, c’est l’humanisation de l’homme« , disait Kant. La pensée a probablement guidé la rédaction de la Convention universelle des droits de l’homme, qui fait de l’accès à la culture un droit fondamental avec son article 27. Ce droit risque aujourd’hui d’être bafoué avec la suppression, par la ministre fédérale de l’Intégration sociale Anneleen Van Bossuyt (N-VA), des subsides PAS. Quel est exactement ce subside et en quoi est-il important ?
CPAS sous pression“Le subside PAS est un subside fédéral dont le but est de promouvoir la participation des personnes les plus vulnérables, et de les réactiver socialement”, explique Sébastien Lepoivre, président de la Fédération des CPAS de Bruxelles. Autrement dit, il s’agit de réintégrer les personnes en situation de précarité dans la vie sociale. Pour ce faire, les CPAS divisent cette tâche en trois volets :
- l’insertion socio-professionnelle (via des modules collectifs),
- la lutte contre la pauvreté infantile (avec la prise en charge de frais scolaires par exemple)
- la participation sociale et culturelle (ce qui comprend activités de groupes, tickets à prix réduits, sorties culturelles, etc…).
Avec l’annonce de la fin du subside en janvier 2026, les CPAS se retrouvent seuls face au financement des PAS. Or, ils ne sont pas tous égaux sur le plan financier comme le rappelle Sébastien Lepoivre. “Certaines communes ont les moyens et la capacité de financer des plans comme ceux-ci, mais d’autres, malheureusement, ne les ont pas. Parce que la crise financière, elle est aussi dans les communes”. Et dans celles où la trésorerie n’est pas suffisante pour compenser cette perte, des choix devront être fait.
Sacrifier l’indispensableAvec des budgets qui se rétrécissent, les CPAS seront contraints de privilégier les besoins vitaux des bénéficiaires avant de leur permettre d’aller au cinéma ou au théâtre.
Mais réduire la culture à un simple “extra” dans la vie des personnes précarisées, n’est-ce pas méconnaître sa portée réelle ? L’accès à la culture est un besoin vital : c’est un outil d’émancipation, un espace où l’on se découvre, où l’on apprend à comprendre le monde et à s’y situer. La culture, c’est aussi ce qui recrée du lien social. Aller au théâtre, participer à un atelier, visiter un musée ou assister à un concert, ce sont autant d’occasions de sortir de l’isolement dont souffrent énormément de bénéficiaires des CPAS.
En ce sens, la culture participe pleinement à la mission des CPAS : elle est une forme de réactivation sociale à part entière. Couper les subsides qui la rendent accessible, c’est risquer de casser ce cercle vertueux. C’est d’ailleurs ce que défend le président des CPAS de Bruxelles : « On pense que l’activation sociale ne passe que par l’emploi, mais c’est faux« .
On pense que l’activation sociale ne passe que par l’emploi, mais c’est faux !
Sébastien Lepoivre, Président de la Fédération des CPAS de BruxellesSans l’aide du fédéral, de nombreux CPAS risquent de ne plus pouvoir offrir que quelques animations gratuites, souvent limitées en portée. Exit donc les visites de musées ou les tickets à prix réduits, seule porte d’entrée à la culture pour beaucoup. Cette disparition ne ferait qu’accentuer un fossé déjà profond entre ceux qui peuvent s’offrir ces expériences et ceux qui en sont exclus.
« La participation culturelle, c’est un droit humain« , rappelle Sébastien Lepoivre, « c’est un ciment essentiel de toute société ». Quand une partie du public en est privé, c’est le vivre-ensemble qui s’effrite.
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Maroc : comment la GenZ a fait plier le pouvoir ?
Photo : @errafiquekhouloud
Depuis la fin du mois de septembre, le Maroc connaît une vague de manifestations menées par le collectif GenZ 212. Le mouvement a débuté pacifiquement, à la suite du décès de huit femmes à l’hôpital d’Agadir, drame qui a suscité une vive émotion dans tout le pays. Cependant, la situation s’est rapidement dégradée, entraînant des affrontements, plus de 600 arrestations et la mort de trois manifestants.
Ce collectif de jeunes s’est organisé à travers la plateforme numérique Discord afin d’élaborer son plan d’action. Leur mobilisation vise principalement à obtenir des réformes profondes dans les systèmes de santé et d’éducation.
Les protestations se sont étendues à plusieurs grandes villes : Rabat, Casablanca, Marrakech, Agadir et Tanger. Outre les questions de santé et d’éducation, les manifestants réclament des mesures fermes contre la corruption, qui gagne de plus en plus de terrain.
Face à cette mobilisation, le chef du gouvernement marocain, Aziz Akhannouch, a annoncé le 19 octobre 2025 une série de mesures en réponse aux revendications. Treize milliards d’euros seront alloués aux secteurs de la santé et de l’éducation, accompagnés de la création de 27 000 nouveaux postes.
Par ailleurs, le 21 octobre, Aziz Akhannouch a reçu à Rabat Mohamed Benalilou, président de l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption, afin de renforcer les actions dans ce domaine.
Le mouvement GenZ 212 ne relâche pas la pression pour autant : malgré les concessions du gouvernement, ses membres maintiennent la mobilisation et font de la libération des manifestants arrêtés un nouveau combat.
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Quand le malus grignote les pensions
Photo : Anna Guay
Bonus, malus, pension anticipée, jours de travail effectif, jours assimilés… Tout un tas de paramètres obscurs qui entrent en vigueur dans la réforme des pensions proposée par le gouvernement Arizona. Tentons d’éclaircir ce capharnaüm grâce à Thomas, dont la carrière fictive pourrait bien ressembler à la vôtre dans 40 ans.
Lors de la manifestation générale du 14 octobre 2025, environ 100 000 personnes sont descendues dans les rues pour protester contre les réformes du gouvernement Arizona, notamment celle des pensions. Au milieu des slogans, des pancartes en carton et des mégaphones, un panneau avec un 67 géant barré en rouge donne le ton.
L’âge légal de départ à la retraite est une des grandes préoccupations des manifestants. Une partie de la population refuse de quitter le monde du travail si tard, et lorgne vers la retraite anticipée, une possibilité que le gouvernement de l’Arizona entend fortement décourager.
Décourager les retraites précoces /* ——— STYLE DE L’INFOBULLE ——— */ .tooltip { position: relative; cursor: help; text-decoration: underline; text-decoration-style: dotted; text-underline-offset: 3px; color: #0f172a; font-weight: 600; display: inline-flex; align-items: center; gap: 8px; /* léger écart agrandi */ } /* Icône d’information */ .tooltip .info-icon { display: inline-block; width: 22px; /* +20% */ height: 22px; /* +20% */ line-height: 22px; text-align: center; font-size: 1.1rem; /* +20% */ font-weight: bold; color: #1d4ed8; /* bleu */ background: #eff6ff; border: 1px solid #93c5fd; border-radius: 50%; } /* Contenu de l’infobulle */ .tooltip .tooltip-text { visibility: hidden; opacity: 0; width: 340px; /* +20% */ background: #fff; color: #0f172a; text-align: left; border: 2px solid #cbd5e1; border-radius: 12px; padding: 1.1rem 1.3rem; /* +20% */ position: absolute; z-index: 10; bottom: 130%; left: 50%; transform: translateX(-50%); box-shadow: 0 8px 26px rgba(0,0,0,0.18); transition: opacity 0.25s ease; font-size: 1.14rem; /* +20% */ line-height: 1.5; } /* Petite flèche */ .tooltip .tooltip-text::after { content: ""; position: absolute; top: 100%; left: 50%; transform: translateX(-50%) rotate(45deg); width: 14px; /* +20% */ height: 14px; /* +20% */ background: #fff; border-right: 2px solid #cbd5e1; border-bottom: 2px solid #cbd5e1; } /* Apparition au survol */ .tooltip:hover .tooltip-text { visibility: visible; opacity: 1; }
Actuellement, il est possible de prendre sa
retraite anticipée
Définition :
La retraite anticipée permet de quitter la vie active avant l’âge légal de la pension,
à condition d’avoir accompli un nombre minimum d’années de carrière (actuellement 42 ans).
Les années assimilées (comme le chômage, la maladie ou le congé parental)
sont prises en compte dans ce calcul, même dans la nouvelle réforme.
après 42 ans de carrière (soit l’équivalent de 104 jours travaillés ou assimilés par an).
La réforme propose deux changements majeurs :
– Changer la méthode de calcul pour valider une année de travail
(il faudra 156 jours travaillés ou
assimilés
Définition :
Les jours assimilés sont des périodes durant lesquelles la personne n’a pas travaillé,
mais qui sont tout de même comptabilisés dans la carrière.
Exemples : congé de maternité, maladie, chômage, service militaire, etc.
par an).
– Introduire des pénalités (malus) pour ceux qui partent en retraite anticipée.
Pour clarifier les modifications apportées par le gouvernement Arizona, prenons le cas fictif de Thomas, dont la carrière se déroule dans une société où la réforme a été adoptée. Ce cas fictif nous permettra de comprendre comment les années sont comptabilisées pour la pension et comment le potentiel malus se calcule.
Quid du malus de Thomas ?Pour déterminer si Thomas échappera ou non à un malus dans le cadre de sa pension anticipée, il doit simultanément vérifier deux conditions.
Il faut bien comprendre ici que dans les deux conditions, nous parlons de jours effectifs de travail : les périodes de maladies ne sont pas comptabilisées, contrairement au calcul du nombre d’années de carrière total.
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Le calcul des jours travaillés se décompose comme suit :
40 jours (première année)
5 250 jours (21 ans à temps plein)
40 jours (opération du dos)
1 872 jours (12 ans à mi-temps)
1 092 jours (7 ans à mi-temps)
Total : 8 294 jours travaillés.
La première condition est remplie.
Pour le calcul du malus, seules 34 années de carrière sont retenues :
→ 21 ans de temps plein (la première année n’est pas prise en compte).
→ 6 ans pour les 12 années de mi-temps (car la période d’arrêt maladie d’une semaine invalide une année complète).
→ 7 ans pour la seconde période de mi-temps.
Avec seulement 34 années retenues, la deuxième condition n’est pas remplie (le malus sera appliqué).
A 63 ans, lorsqu’il veut prendre sa pension anticipée après 42 ans de carrière, Thomas fera l’objet d’un malus de 5% par année anticipée. L’âge légal de départ à la retraite étant de 67 ans, Thomas anticipe de 4 ans son départ et se verra donc imputer de 20% du montant de sa pension jusqu’à la fin de sa vie.
Selon la porte-parole du ministre Jan Jambon, “si Thomas décide de travailler 1 an de plus (à temps partiel), c’est-à-dire jusqu’à 64 ans, il échappera non seulement au malus, mais il acquerra également des droits de pension supplémentaires.” L’objectif du ministre est donc clair : pousser les travailleurs à rester plus longtemps dans la vie active pour éviter des pertes financières en cas de départ anticipé. Plus les travailleurs se rapprochent de l’âge légal de 67 ans, moins le malus sera important.
Des conditions atteignables mais non-réalistesLors du débat des présidents de parti de la RTBF le 15 octobre, l’opposition a vivement réagi à cette stratégie. Pour Raoul Hedebouw (PTB), « le MR et les Engagés veulent fermer toutes les portes qui permettent une sortie avant 67 ans ». Paul Magnette (PS), lui, estime que « la plupart de gens ne pourront pas travailler jusqu’à 67 ans ni même jusqu’à 63 ou 64 ans ».
Georges-Louis Bouchez (MR) avance, lors de ce même débat, que les deux conditions régissant la pension anticipée sont conçues pour « favoriser ceux qui ont travaillé le plus ». Il insiste sur la possibilité d’échapper au malus, même à mi-temps, en affirmant : « Une carrière doit normalement faire 42 ans si l’on veut prendre sa pension à 63 ans. 7020 jours, il ne faut pas les faire en 35 ans, on a 42 ans pour les faire. »
Cependant, il apparaît qu’une carrière intégralement effectuée à mi-temps ne permettrait pas d’atteindre le nombre de jours minimum requis pour valider la première condition. Dans un tel scénario, l’application d’un malus deviendrait inévitable. Pour échapper à la pénalité, l’individu devrait prolonger son activité de trois ans à mi-temps, se rapprochant ainsi de l’âge légal.
Et les jeunes dans tout ça ?Cette réforme, si elle est votée au Parlement, aura des implications importantes, même pour les jeunes pour lesquels la pension n’est qu’une préoccupation lointaine. Dès aujourd’hui, tous leurs choix professionnels comptent. Une année sabbatique, un arrêt maladie longue durée, une période de chômage entre deux emplois, un congé sans solde… tous ces paramètres influeront le calcul de la pension. Le malus de 20% que subit Thomas pourrait tout à fait vous concerner dans 40 ans.
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Au parking d’Erpent, a-t-on « fait les choses à l’envers » ?
©️Anne Mettlen
Un parking de dissuasion de 350 places devait voir le jour à Erpent. Mais en juin 2025, après de premiers travaux de voirie, le projet est tombé à l’eau, faute de budget. Les fonds européens promis au projet pourront-ils être réalloués ?
3.782.511 euros. C’est ce qui était prévu par le projet FEDER du P+R d’Erpent pour construire ce parking de délestage. Le FEDER est l’un des principaux programmes de financements européens de l’Union européenne afin de réduire les inégalités économiques et sociales entre les différentes régions européennes. Problème : l’idée du parking est pour le moment en suspens, faute de moyens financiers pour renforcer l’offre de bus. La Ville de Namur a alors introduit une demande de réaffectation de ces près de 4 millions d’euros. Elle souhaiterait poursuivre le plan de mobilité douce grâce à cette enveloppe FEDER.
“Le financement européen ne sera pas perdu, mais réorienté”Chez les Engagés, Pierre-Yves Dupuis, échevin de la mobilité de la ville de Namur, affirme qu’il ne s’agit que d’une réorientation du projet. Pour lui, pas de quoi s’inquiéter d’un retrait de ces fonds européens, d’autant plus qu’un accord de principe a été signé avec le Gouvernement wallon.
Toujours chez les Engagés, François Desquesnes, ministre wallon de la Mobilité, soutient ces propos et précise : “La demande (de réallocation de ce projet FEDER) va être soumise au comité d’accompagnement du portefeuille de projet et puis présentée au Gouvernement wallon pour décision. Le financement européen ne sera donc pas perdu mais réorienté.” Il ajoute que le marquage provisoire pour les cyclistes sera bientôt réalisé de manière définitive et qu’il sera à charge de la SOFICO qui gère la N4.
Dans l’opposition, Éliane Tillieux, conseillère communale pour le Parti socialiste à la Ville de Namur, explique que la réallocation du projet FEDER doit passer par le gouvernement wallon. Elle se demande ce qu’il va advenir de ces millions d’euros prévus via le FEDER et s’ils pourront effectivement parvenir à la ville de Namur. “Si ce n’est pas le cas, ce sera une perte sèche de moyens financiers pour la Ville de Namur.”
“On a fait les choses complètement à l’envers !”Éliane Tillieux critique aussi le déroulé du projet en général. Pour elle, il aurait fallu commencer par s’assurer de la capacité financière d’un renfort de l’offre de bus avant de démarrer les travaux de voiries. “La navette n’est pas du tout promise par les TEC et on est déjà en train de poser une infrastructure qui coûte. Donc on a fait les choses complètement à l’envers !”
François Desquesnes précise que des calculs financiers avaient bien été effectués. Le problème est qu’ils ne permettaient pas de garantir une capacité financière sur le long terme. “La décision de lancer ce projet avait été prise par mon prédécesseur, sur la base d’un Contrat de Service public du TEC qui reposait sur une trajectoire budgétaire indicative, donc sans garantir les moyens financiers nécessaires au TEC. C’est une situation que je regrette.”
Philippe Henry, ancien ministre wallon de la Mobilité d’Ecolo, rappelle que, dans le cas du P+R d’Erpent, la Région wallonne et la ville étaient candidates aux financements européens. Elles s’engagent donc dans un plan budgétaire sur le long terme. “C’est à chacun d’assumer sa responsabilité. Après, si la ville change d’avis ou si la région change d’avis, forcément, ça met à mal le projet.”
“C’est un choix d’orientation budgétaire par le gouvernement.”Philippe Henry souligne également le fait que le financement des transports en commun est un choix politique. “On ne va pas avoir une rentabilité des lignes. Ça veut dire que, si on veut offrir aux citoyens du transport en commun qui fonctionne, il faut le financer. Et donc c’est un choix d’orientation budgétaire par le gouvernement.”
Quoi qu’il en soit, le covid est passé par là… et n’a rien arrangé aux crises financières en Belgique. C’est un autre élément pouvant expliquer la suspension du projet du P+R. À l’heure actuelle, la ville de Namur fait face à un déficit budgétaire de 30 millions d’euros. Impossible donc pour elle de proposer son aide financière au TEC. Le TEC, lui, n’est pas non plus en mesure d’assurer le coût des navettes supplémentaires pour faire la liaison entre le parking d’Erpent et le centre-ville de Namur. Notons que la ville de Namur va mettre fin à son investissement de 365 000 euros par an en mai 2026 pour les navettes du P+R de Bouge, faute de moyens.
“On fait d’autres liaisons qui sont connexes”Le nœud du problème est donc le manque de budget. Tant que l’argent n’est pas là, l’offre de bus ne pourra pas être renforcée et le P+R ne pourra pas voir le jour. François Desquesnes explique. “Pour espérer de meilleurs résultats, sans en être certain, il faudrait nettement plus de bus. Or, la situation budgétaire de la Wallonie ne le permet pas. L’analyse de l’OTW (ndlr : le TEC) est sans appel : sans moyens supplémentaires, il n’est pas possible, à court terme, d’augmenter la fréquence des bus vers le plateau d’Erpent. Dans ces conditions, le P+R restera sous-utilisé et ne remplira pas sa fonction.”
Pour Pierre-Yves Dupuis, le chantier du P+R s’est arrêté à temps parce que le parking n’a pas encore été construit. L’argent a été utilisé jusqu’à maintenant pour le développement de la mobilité douce. D’autres investissements sont encore prévus à ce niveau-là, comme l’explique l’échevin de la mobilité. “On fait d’autres liaisons qui sont connexes et qui ont tout leur sens pour apaiser tout ce plateau d’Erpent. Et on va même plus loin en faisant une liaison complète Namur-Assesse en cyclopiétons, ce qui était aussi dans nos projets, avec des fonds FEDER qui arrivent ici, puisque le P+R est en suspens.” Rendez-vous donc dans quelques années pour voir si ces investissements auront porté leurs fruits.
Cet article a été réalisé dans le cadre d’un atelier de journalisme politique, en partenariat avec le quotidien L’Avenir. Il a été également publié sur le site de L’Avenir.
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Les facilités linguistiques de Bertrand Waucquez
Pierre Maeyens pour Mammouth Média
Il parle couramment six langues, dont le japonais, mais surtout le français et le néerlandais. Très utile quand on est bourgmestre d’une commune à facilités. Bertrand Waucquez a réussi à apaiser les tensions communautaires dans sa commune. Au prix d’un culte de la personnalité, comme le pense l’une des échevines ? Portrait de l’homme fort de Kraainem.
65 bougies décoraient son gâteau d’anniversaire le trois octobre dernier. Un âge à partir duquel beaucoup songeraient sérieusement à la retraite, mais pas lui. Marié et sans enfant, Bertrand Waucquez préfère investir toute son énergie dans sa commune : Kraainem. Il proclame être à la tête d’une famille d’un peu plus de 14 000 personnes. Membre fondateur du mouvement citoyen baptisé Kraainem-Unie, ce polyglotte en est à son second mandat à la tête de la commune à facilités située en périphérie bruxelloise. Son parcours n’a cependant rien de linéaire.
Bertrand Waucquez a grandi à Woluwe-Saint-Pierre, aux côtés de son frère et de sa sœur. Sa mère était très active dans des associations pour paralysés cérébraux, son père travaillait dans les ressources humaines. Diplômé comme ingénieur civil à l’Université Catholique de Louvain, il finira ses études et commencera sa carrière à Tokyo. Entre Louvain-la-Neuve et le Japon, il fera un crochet par Zeebrugge pour effectuer son service militaire.
De retour au plat pays, le futur bourgmestre travaillera durant une quinzaine d’années dans une entreprise portuaire anversoise, puis, se transformera en consultant indépendant dans le secteur énergétique pendant dix années.
De B-Plus au Parti Populaire aux côtés de Rudy Aernoudt« Je considère que les langues et les cultures sont des enrichissements et non des obstacles. On a cette richesse de pouvoir combiner deux cultures, deux héritages et de régler les tensions pacifiquement ». C’est l’une des raisons qui rend fier Bertrand Waucquez de la Belgique, lui qui maîtrise parfaitement plusieurs langues (français, néerlandais, anglais, allemand, japonais, espagnol). Il comprend les conversations en chinois et apprend l’ukrainien depuis le début de la guerre.
Le Crainhemois a toujours défendu la Belgique, au point de devenir, aux alentours de 2007 – 2008, Président du comité exécutif de B-Plus, une ASBL qui se bat contre la scission du pays. Aujourd’hui, il en est encore administrateur. Bertrand Waucquez y rencontrera une personne pour qui il a rapidement développé « une grande admiration » : Rudy Aernoudt, actuel chef de cabinet du Président du Mouvement Réformateur. Économiste, essayiste et haut fonctionnaire, Rudy Aernoudt est connu pour son positionnement en faveur d’un fédéralisme belge fort. Ancien précepteur du Prince Laurent, il a ensuite occupé plusieurs fonctions au sein de l’administration flamande, dont celle de secrétaire général du département de l’Économie, avant d’être licencié en 2007 pour avoir dénoncé publiquement des dérives politiques.
En juin 2010, la Belgique est marquée par une élection fédérale anticipée. Deux mois auparavant, le gouvernement Leterme II explosait en miettes sur base du conflit communautaire autour de l’arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde. À ce moment où resurgissent tensions entre Néerlandophones et Francophones – tout ce dont a horreur Bertrand Waucquez – Rudy Aernoudt vient le chercher pour une place sur la liste électorale du parti qu’il a cofondé avec un certain Mischaël Modrikamen : le Parti populaire (PP). Fait rare – et déterminant dans l’acceptation du futur bourgmestre de Kraainem – la liste ne se limite pas à une province, ni même à une région, mais elle s’étend en Wallonie, en Flandre et à Bruxelles.
« Ça a été ma première expérience politique », confie Bertrand Waucquez. « Je n’avais jamais pensé à m’engager en politique, et c’est par ce biais que j’ai commencé à m’y intéresser. Le PP, au départ, c’était un projet bilingue et fédéral. C’est ça qui m’intéressait. Comme partout, dans le programme, il y avait des choses qui me plaisaient et auxquelles j’adhérais à 100%, et puis, des choses qui me plaisaient moins ».
Peu après les élections, où le PP n’obtient qu’un seul siège, Rudy Aernoudt finit par quitter la formation. Ce départ entraîne, à terme, une autre démission : celle de Bertrand Waucquez. Polyglotte, convaincu que la plus grande richesse du pays réside dans la coexistence de ses deux cultures, il constate que le parti qu’il avait rejoint s’éloigne de cette vision. Là où il défendait un projet fédéral et bilingue, le PP glisse peu à peu vers une ligne confédérale et résolument francophone. Bertrand Waucquez finit alors par s’en aller.
Le PP sera qualifié par le Centre de recherche et d’information socio-politiques (CRISP) de parti d’extrême droite en 2016. En 2019, le parti disparaît. « Je ne l’ai pas vue venir [NDLR : la qualification d’extrême droite par le CRISP], parce que quand j’y étais, ce n’était pas le cas. Je ne pouvais pas prédire en 2010 ce que le PP allait devenir en 2016 », clame aujourd’hui Bertrand Waucquez.
Kraainem-Unie : de Facebook à l’écharpe mayorale2012 est une année phare dans la vie de Bertrand Waucquez. Avec quatre personnes, il fonde un mouvement citoyen à Kraainem, nommé Kraainem-Unie, qui se base principalement sur le bilinguisme. Lors des élections communales du 14 octobre de la même année, il est élu pour la première fois de sa vie en tant que conseiller communal.
Les origines du mouvement remontent à un groupe Facebook, qui dénonçait le fait que la politique locale était davantage consacrée aux questions linguistiques qu’à la bonne gestion de la commune. Pour Bertrand Waucquez, si les aspects linguistiques demeurent importants, ils ne doivent pas être le centre de toutes les discussions politiques. « Le déclic, ça a été de se dire qu’il y avait d’autres choses que la langue des convocations électorales – car on ne parlait que de ça. C’est incohérent […], il y a tellement de choses importantes pour la vie d’une commune que les problèmes administratifs ».
Le conseiller communal mettra alors son propre bureau, annexé à son domicile, à disposition du mouvement, précise Vinciane Cardinael (Kraainem-Unie), troisième échevine en charge des Finances, de la Mobilité, de l’Enseignement néerlandophone et du Patrimoines et des Sépultures. « Entre nous, on appelle ça le QG. On y fait toutes nos réunions en présentiel. Il l’a vraiment aménagé pour le mouvement ».
En 2018, c’est le Graal. Kraainem-Unie progresse toujours et arrive en deuxième position, derrière la liste MR-Défi-Indépendants. Mais les tractations politiques permettent à Bertrand Waucquez de ceindre l’écharpe mayorale pour la première fois.
Cependant, au collège communal, le nouveau bourgmestre est contraint de cohabiter avec trois membres de la liste MR-Défi-Indépendants, reléguée dans l’opposition. Cela peut sembler surprenant, mais il s’agit d’une particularité propre aux communes à facilités : les échevins sont élus au suffrage direct. « Ce n’est pas un problème », commente d’emblée le bourgmestre. « S’il n’y a pas de consensus au Collège, on passe par le Conseil communal où nous avons la majorité. L’entente au Collège est cordiale et professionnelle. Nous ne sommes pas toujours d’accord, mais globalement, il n’y a pas de souci ». La première échevine, Elisabeth de Foestraets, (MR-Défi-Indépendants), responsable de l’urbanisme, de l’Enseignement francophone, des Cultes, de la petite enfance et de l’accueil extra-scolaire, confirme.
Néanmoins, à l’écouter, Kraainem-Unie et Bertrand Waucquez ont « l’art de récupérer les dossiers comme s’ils étaient les seuls acteurs décisionnels à Kraainem. Ils présentent les choses comme s’ils avaient décidé seuls. C’est un manque de correction, je trouve. Sans nous, au collège, ils ne pourraient pas décider. »
2024 : second mandat et le culte de la personnalitéEn octobre 2024, Kraainem-Unie frôle avec la moitié des voix obtenues (48.8%). La réalité mathématique fera que sur les 23 sièges du Conseil communal, le mouvement en récoltera douze, lui octroyant la majorité absolue. « Ce n’est certainement pas une fierté personnelle. Il n’y avait pas beaucoup d’autres candidats au poste de bourgmestre, donc, je le suis resté ».
Elisabeth de Foestraets, elle aussi candidate au poste de bourgmestre en octobre 2024, a du mal à cacher son exaspération quant à cette dernière phrase. Lors de la campagne, Bertrand Waucquez n’aura pas chômé. « J’étais étonnée de voir beaucoup de drapeaux aux motifs de Kraainem-Unie aux fenêtres. Quand j’interrogeais les gens à ce sujet, ils répondaient que Bertrand Waucquez leur avait rendu un service. À ce moment, je me suis dit : ‘non, ça ne va pas. Ça ne m’intéresse pas de faire de la politique de cette manière’ ».
Elle en profite pour pointer ce qui, selon elle, est le plus grand défaut du bourgmestre : le culte de sa personnalité. Lorsqu’il doit défendre la position du Collège face à une instance externe, comme la députation permanente, il devrait, proclame-t-elle, parler au nom du Collège et non pas au nom de Kraainem-Unie. « Quand il me dit, ‘wij denken’, je lui dis : ‘wij, c’est qui ? Kraainem-Unie ou le Collège’ ? ». L’échevine donne un autre exemple : la veste fluorescente du Bourgmestre où est écrit : « Bertrand Waucquez BGM (NDLR : BGM pour bourgmestre) ». « Je n’ai jamais vu ça dans une autre commune. D’autres bourgmestres n’avaient pas un culte de la personnalité comme celui-ci, à se promener partout avec sa veste fluo ».
Malgré les nombreux défauts qu’elle lui dénombre, Elisabeth de Foestraets s’accorde avec Vinciane Cardinael : Bertrand Waucquez est disponible pour les citoyens, que ce soit au sujet d’un chien qui aboie trop fort ou parce qu’un célèbre opérateur d’Internet souffre d’une panne soudaine. « Il n’a pas de secrétaire. Je pense que c’est un choix : il ne veut pas quelqu’un qui fasse barrière entre les citoyens et lui, même si parfois, il se plaint de la charge de travail qui en découle », poursuit Vinciane Cardinael.
« Ma vie politique, elle est passionnante. », explique Bertrand Waucquez. Passionnante, parce qu’elle lui donne, dit-il, « avec beaucoup d’humilité et de modestie, on a l’impression de pouvoir faire quelque chose pour le bien commun ».
Pas certain qu’Elisabeth de Foestraets sera d’accord avec la première partie de cette affirmation.
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La Bolivie en colère
Un nouveau président contesté, des manifestations, des soupçons de fraude… La Bolivie s’enfonce à nouveau dans la tourmente politique.
Le 20 octobre 2025, Rodrigo Paz met fin à vingt ans de domination du parti d’Evo Morales, le MAS. Mais loin d’apporter la stabilité, son élection rouvre les fractures d’un pays épuisé par la crise économique, la corruption et la perte de confiance envers la classe politique.
Pour décrypter cette situation, nous avons interrogé Xavier Dupret, économiste au sein de l’Association Culturelle Joseph Jacquemotte et Sebastian Urioste, maître de conférences à La Rochelle Université et membre de l’Institut des Amériques, de l’équipe de recherche PoliCEMIES et de l’Observatoire Politique de l’Amérique latine et de la Caraïbe.
Un podcast réalisé par Maxime Copienne et Charlotte Simon.
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Les 24h-vélo, autrement !
© UCLouvain
Camille et Alex se sont rendus au 24h vélo de Louvain-la-Neuve avec un seul objectif : vous montrer ce que vous ne savez pas encore du plus grand événement estudiantin de Belgique. Du village des enfants au dispositif de sécurité, en passant par le plan Sacha, les 24h vélo de Louvain-la-Neuve sont bien plus qu’une simple course vélo.
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Rap et homophobie, c’est fini ?
@unsplash
Pendant des décennies, l’homophobie a été normalisée dans certains textes de rap, et parfois associée à l’expression d’une masculinité virile. Aujourd’hui, la nouvelle génération rompt avec ces codes. Entre coming-out publics d’artistes et condamnation des propos homophobes, les mentalités évoluent. On retrace ensemble ce tournant majeur emprunté par le rap.
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