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Quel avenir pour le peuple syrien ?
Crédit photo: Pexel
A la suite d’une offensive éclair des rebelles syriens, le régime de Bachar al-Assad a chuté avec la prise de Damas ce week-end. Sur les réseaux sociaux, des vidéos de statues déboulonnées et de foules en liesse reflètent l’espoir d’un nouveau départ pour une population meurtrie par des années de guerre. Mais cet espoir est-il fondé ? Sous l’autorité de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), un groupe classé comme organisation terroriste par le département d’État américain, quel avenir attend les Syriens ? Elena Aoun, professeure en relations internationales à l’Université catholique de Louvain, apporte son éclairage sur les enjeux de cette transition.
Comment les rebelles ont-ils réussi à prendre le pouvoir aussi rapidement ?
Il y a eu une offensive éclair qui n’a pas rencontré la moindre opposition de la part d’un appareil sécuritaire pourtant réputé pour être significatif. Les forces militaires et la police se sont littéralement évaporées.
À cela s’ajoute un autre facteur : la prise de distance des alliés traditionnels du régime d’Assad. D’abord, la Russie, fortement engagée sur le front ukrainien, semble avoir d’autres priorités que de soutenir un régime qui n’a même pas pris la précaution de se renforcer depuis la stabilisation des fronts. En somme, le message implicite est clair : « Si vous n’avez rien fait pour vous préparer, tant pis pour vous. » La Russie amorce par ailleurs une forme de négociation avec les rebelles, cherchant à préserver ses intérêts stratégiques, notamment pour ses deux bases militaires en Syrie.
Du côté de l’Iran, le pays est préoccupé par les événements à Gaza. L’Iran est également fragilisé, étant dans le collimateur d’Israël et potentiellement d’une future administration Trump. Le Hezbollah, allié clé de l’Iran dans la région, est lui aussi affaibli : il a dû se recentrer sur l’échiquier libanais après avoir subi des pertes significatives, tant en leadership qu’en effectifs et en capacités militaires.
En combinant ces éléments, on peut comprendre, rétrospectivement, pourquoi le régime s’est effondré aussi rapidement.
Est-il envisageable que le clan Al-Assad tente de reconquérir le pouvoir ?
Non, aujourd’hui, Bachar al-Assad a quitté le pays, s’est réfugié en Russie et y a obtenu l’asile humanitaire (et non politique). Les autorités russes ont annoncé sa démission de ses fonctions de président, ce qui ressemble clairement à une mise à l’écart.
En Syrie, il reste encore quelques villes côtières traditionnellement loyales au régime. Cependant, en réalité, il n’y a plus de régime à soutenir ni de cause pour laquelle combattre. Le Premier ministre syrien a également tendu la main aux rebelles dimanche, et ces derniers ont répondu favorablement. C’est intéressant pour nous, en tant qu’observateurs, car il ne s’agit pas d’une continuité du régime, mais bien d’un basculement vers une transition. L’objectif semble être de ne pas partir d’une table rase institutionnelle, mais de capitaliser sur les structures existantes, de s’appuyer sur elles pour reconstruire. C’est un geste qui, selon moi, mérite d’être souligné.
Les Syriens fêtent cette victoire. Mais l’avenir sera-t-il vraiment meilleur sous une prise de pouvoir du HTS ?
Tout d’abord, je n’utiliserais pas le terme « prise de pouvoir ». Le HTS (Hayat Tahrir al-Sham) pourrait être comparé à une mosaïque de factions qui se sont alliées à lui. Ensemble, elles n’ont pas véritablement pris le pouvoir comme pourrait le faire un militaire renversant un président. Comme je l’ai mentionné précédemment, nous sommes encore au tout début d’une transition.
Par ailleurs, le chef du HTS, Abou Mohammad al-Jolani, n’a pas fait de déclaration visant à se proclamer « calife à la place du calife ». Dans ses discours, il a tenu des propos qui se veulent inclusifs et rassurants. Bien sûr, il convient de rester prudent et de ne pas tout prendre pour argent comptant. Cependant, c’est déjà un premier pas, et tout dépendra de la manière dont la transition sera menée, non seulement par cette figure et cette faction, mais également par les autres factions et acteurs impliqués.
En tout cas, je n’ai pas eu l’impression qu’Abou Mohammad al-Jolani cherche à devenir le nouveau dictateur de la Syrie. Du moins, il n’a pas adopté les démarches traditionnelles associées à une prise de pouvoir autoritaire, comme s’installer dans le palais présidentiel, par exemple.
Bien que ce groupe se veuille progressiste, il s’agit tout de même d’un groupe classé comme organisation terroriste par le département d’État américain, il y a t’il un risque qu’Abou Mohammed al-Joulani, chef du groupe HTS impose un califat ?
Pour l’instant, nous sommes dans une transition qui semble vouloir être inclusive. Cependant, il ne faut pas se voiler la face. Premièrement, le HTS a déjà une expérience de gouvernance dans la province d’Idlib, et celle-ci n’a pas été particulièrement concluante. Bien que cette région ait servi de refuge à de nombreux Syriens fuyant le régime d’Assad, le HTS a commis des exactions. Ce groupe a gouverné de manière autoritaire, réprimé la liberté d’expression, emprisonné des opposants, et a même fait face à des manifestations en janvier 2024.
Cette expérience maladroite et autoritaire de l’exercice du pouvoir par le HTS soulève donc de légitimes inquiétudes. L’avenir dépendra de leur capacité à évoluer et à apprendre des erreurs passées.
Instaurer un califat nécessiterait un appareil militaire et sécuritaire extrêmement vaste. Aujourd’hui, si HTS a réussi sa percée militaire, c’est parce qu’ils ne sont pas seuls. Pour l’instant, la coalition dirigée par HTS est composée d’une très grande diversité de groupes, certains plus radicaux que HTS, tandis que d’autres sont totalement laïques. Ces différentes sensibilités vont probablement se rassembler pour imaginer la Syrie de demain. Dans ce contexte, Hayat Tahrir al-Sham (HTS) ne serait qu’un acteur parmi d’autres.
Comment peut-on imaginer l’avenir politique de la Syrie ?
Il n’est pas certain que les choses évoluent vers une véritable transition inclusive, où un ensemble d’acteurs aurait son mot à dire. Par exemple, des négociations pourraient permettre aux Kurdes d’obtenir une forme d’autonomie.
Pour l’instant, la coalition dirigée par HTS est composée d’une très grande diversité de groupes, certains plus radicaux que HTS, tandis que d’autres sont totalement laïques. Ces différentes sensibilités vont probablement se rassembler pour imaginer la Syrie de demain. Dans ce contexte, Hayat Tahrir al-Sham (HTS) ne serait qu’un acteur parmi d’autres.
Cela dit, je ne parierais pas sur la suite des événements. Je tiens simplement à souligner quelques indicateurs positifs, notamment les démarches du Premier ministre et la transition en cours de la Syrie officielle, qui semble passer d’un régime autoritaire à autre chose.
Comment la Syrie peut-elle construire un régime politique stable et adapté à sa culture tout en évitant les influences externes et les conflits internes ?
Je tiens à souligner que certains acteurs ne sont pas uniquement animés par la bienveillance ; ils poursuivent également des intérêts étroits. On peut penser, par exemple, à la Turquie dans ses relations avec les Kurdes, ou aux oppressions exercées par Israël et les États-Unis.
Si vous imaginez que le futur régime syrien respectera pleinement les droits des homosexuels et des communautés LGBTQIA+, à l’image de certains pays occidentaux, cela n’aura probablement pas lieu. Ces valeurs ne correspondent pas à la culture locale. Il serait contre-productif de tenter d’imposer un « logiciel » démocratique occidental à un pays où ce cadre ne fait pas sens dans l’immédiat.
L’enjeu pour la Syrie est de trouver un espace suffisant pour éviter les pièges d’une guerre intestine et des instrumentalisations externes. Si les Syriens parviennent à élaborer un modus vivendi, ce pourrait être le point de départ d’un renouveau. Tous les régimes évoluent avec le temps : la Belgique, par exemple, est passée d’un État unitaire à un État fédéral grâce à des arrangements constitutionnels novateurs.
Si les acteurs locaux, régionaux et internationaux font preuve de sagesse, la Syrie pourrait se redresser et instaurer un régime qui, même s’il est à coloration islamiste ne devrait pas nécessairement inspirer la peur. Ce qui importe, c’est de permettre aux Syriens de tracer leur propre chemin, adapté à leur contexte et à leur culture.
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Le monde du doublage se casse la voix face à l’IA
L’intelligence artificielle fait beaucoup parler d’elle et menace de nombreux secteurs. Les comédien.ne.s spécialisé.e.s dans le doublage ne font pas exception, et la profession tente de se faire entendre pour ne pas se faire voler leur voix par l’IA.
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Décroche-moi si tu peux
Crédit photo: Adobe stock
As-tu déjà ressenti cette boule au ventre à l’idée de décrocher ton téléphone ou de composer un numéro ? Tu n’es pas seul. Selon le SPF Santé publique, 65 % des jeunes évitent désormais les appels, préférant les messages écrits. Cette peur, appelée téléphonophobie, reflète une nouvelle manière d’interagir et met en lumière des angoisses profondément ancrées dans notre société connectée.
Dans ce podcast, nous explorons les origines et les impacts de cette phobie bien connue des jeunes.
Un podcast réalisé par Bastien Hanot et Lilou Vanderheyden
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« Salut, ça va ? »
Image générée par une IA
« Salut, ça va ? » Cette question s’accompagne souvent d’une réponse dont on se fiche un peu. À l’instar d’autres expressions comme « allo », « du coup », « au revoir », qui n’ont pas non plus beaucoup de sens, on en a pourtant besoin dans nos communications. Et cela a un nom : la fonction phatique du langage.
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Santé Saint-Nicolas !
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Le 27 novembre, à Woluwe-Saint-Pierre, Saint-Nicolas lançait en grande pompe son traditionnel cortège annuel, sous les applaudissements et les cris de joie d’une foule d’enfants ravis. Mais voilà, Saint-Nicolas est parfois… différent.
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Agriculteurs wallons en colère
Mammouth s’est rendu à Hensies pour rencontrer les agriculteurs wallons, en colère contre leurs conditions de travail, et plus particulièrement contre le potentiel accord de libre-échange Mercosur, qui suscite de vives inquiétudes.
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« Le sabotier itinérant »
Tanguy Delsemme
Le métier de sabotier est relativement ancien. S’il a tendance à disparaître de nos jours, Pascal Dumont en a fait l’un de ses hobbys.
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Quitter la violence
Carlos Jairo – Pexels
Quand un individu bascule dans la radicalisation, pour certains, tout serait déjà perdu. Au CAPREV (Centre d’aide et de prévention des radicalismes et extrémismes violents), on en a décidé autrement.
Nous sommes allés rencontrer Marie-Nathalie D’Hoop, directrice générale adjointe du CAPREV. Elle explique comment lutter contre la radicalisation et accompagner les individus vers le désengagement de la violence.
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Et toi, tu désertes ?
Avec la guerre en Ukraine, Vladimir Poutine n’a cessé de menacer les pays alliés de l’Ukraine, et ses déclarations récentes sur la mondialisation du conflit n’annoncent rien de bon dans les mois prochains pour la stabilité du continent. L’ombre d’une guerre mondiale, même si elle semble lointaine, plane désormais au-dessus de nous.
Alors, dans ce contexte, où se situent la génération belge ? Est-elle prête à répondre à l’appel de la patrie en cas de guerre ou la fuite sera-t-elle l’option privilégiée ? Dans ce podcast, nous tenterons de comprendre les enjeux qui sous-tendent cette question, à travers les témoignages, les réflexions et les analyses de ceux qui, aujourd’hui, façonnent l’avenir du pays.
« Et toi, tu désertes ? », un podcast où l’on explore une question cruciale pour notre époque : les jeunes Belges seraient-ils prêts à prendre les armes pour défendre leur pays en cas de guerre ?
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Allons-nous trop aux urgences ?
Près d’un Belge sur cinq fréquente les urgences chaque année. Bien souvent pour des cas non-graves, contribuant à la saturation des services hospitaliers. Témoignage de deux professionnels.
« Les passages non-urgents sont chronophages : expliquer les suites, orienter ou rassurer impacte notre activité clinique. Pendant ce temps, d’autres patients attendent, ce qui aggrave la stagnation et les délais aux urgences », confie Arthur Petitjean, urgentiste au CHU Grenoble.
En Belgique aussi, les urgences sont souvent saturées. Elles accueillent de nombreux patients pour des problèmes mineurs. Les urgentistes du CHU Saint-Pierre à Bruxelles témoignent et alertent sur les défis que cela représente pour leur mission première : traiter les cas graves.
Des alternatives existent. On vous les présente.
@mammouth.media Près d’un Belge sur cinq fréquente les urgences chaque année. Bien souvent pour des cas non-graves, contribuant à la saturation des services hospitaliers. Témoignage de deux professionnels. #urgences #hôpital ³##urgences ♬ original sound – mammouth.mediaThe post Allons-nous trop aux urgences ? appeared first on Mammouth Média.
Comedy Ket : en quête de l’humour
photo: Potloot Noah
À Bruxelles, le Comedy Ket n’est pas qu’une simple scène de stand-up. Véritable laboratoire de la comédie, ce lieu niché en plein cœur de la capitale belge incarne l’esprit bruxellois dans toute sa richesse : humour, diversité et proximité. Ici, les artistes, qu’ils soient débutants ou confirmés, trouvent un terrain d’expérimentation unique pour peaufiner leurs sketchs et affiner leur art au contact d’un public authentique.
Loin des grandes salles aseptisées, le Comedy Ket mise sur une ambiance intimiste et conviviale. Les rires, les silences, et même les réactions les plus inattendues deviennent des leviers pour les humoristes. Dans cet espace bienveillant mais exigeant, on ose prendre des risques, se tromper, mais surtout, progresser.
Ce lieu s’imprègne également de la culture bruxelloise, attirant un public éclectique qui reflète la diversité de la ville. Chaque soirée est l’occasion de découvrir de nouvelles voix du stand-up ou de retrouver des figures du genre. Cette mixité contribue au renouvellement constant de la scène humoristique belge.
Mais le Comedy Ket va au-delà des spectacles. C’est aussi un lieu de rencontres et d’échanges entre passionnés, où les liens entre humoristes et spectateurs se tissent autour d’un amour commun pour le rire. Ce rendez-vous incontournable fédère une véritable communauté de comédie, offrant bien plus qu’un simple divertissement : une immersion dans l’art du stand-up.
Avec son énergie débordante, le Comedy Ket s’est imposé comme un nouvel acteur de la scène humoristique bruxelloise. Une porte d’entrée pour celles et ceux qui souhaitent s’initier ou s’épanouir dans l’univers du stand-up.
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La fratrie face au handicap
Photo: Marie-Eugène Djenny Cifende
Quand un enfant est en situation de handicap, les frères et sœurs sont aussi touchés. Des frères et sœurs qui, entre perfection et discrétion, grandissent dans l’ombre d’une maladie qui prend plus de place chaque année. C’est le cas de Melyna, dont le frère est porteur de trisomie 21, ou d’Ibrahim, qui a un frère autiste.
Melyna,
Tu as un frère pas tout à fait comme toi. Ce n’est pas la couleur de vos cheveux. Vous les avez tous les deux noirs, très foncés. Ce n’est pas votre couleur de peau, on retrouve le même teint hâlé sur vos deux visages presque identiques à celui de Maya, votre maman. Peut-être votre façon de parler ? Mais c’est normal si tu parles plus vite et avec plus d’assurance, tu as 8 ans, il en a 4. C’est un peu dans la forme de vos yeux, ceux de Noam sont un peu plus bridés.
« Ce qui change, c’est que nous, on a deux chromosomes et lui il en a trois. Ce qui fait qu’il en a 47 au total alors que nous, on en a 46 ».
C’est vrai, Melyna. Chaque être humain possède d’ordinaire 23 paires de chromosomes. Ces paires sont constituées par un chromosome du papa, l’autre de la maman, et c’est là que l’ADN est stocké. Sur la 21ème paire de Noam, il y en a trois. Mais les chromosomes, on ne les voit pas. Ce n’est pas ça qui t’a alertée quand tu avais 4 ans. À 4 ans, on ne se rend pas compte que son petit frère est différent. Mais à 4 ans, on se rend compte que sa maman est beaucoup partie. Et tu lui as demandé pourquoi. Et elle t’a expliqué l’anomalie et les rendez-vous chez le médecin. Et un nouveau champ lexical a fait irruption à la maison. À ta maîtresse et à tes camarades de classe, tu parles de ton frère qui apprend plus lentement que les autres, du fait qu’il y avait une chance sur 100 qu’il soit atteint vu que ta maman l’a eu à presque 40 ans – contre une chance sur 1000 pour les femmes de moins de 30. Tu parles de chromosomes aussi facilement que tu dessines des galaxies et des étoiles sur ta feuille orange, avec ton stylo à encre bleue.
Najoua Batis, psychologue et chargée de projet de l’association Fratriha, te dirait que tu es un peu comme Bob l’éponge. Comme lui, tu absorbes beaucoup d’émotions, mais tu souris quand même. Comme tous les enfants de ton âge, tu es dans une logique verticale. Ce qui compte pour toi, c’est de faire plaisir à tes parents et à tes professeurs. Elle en a vu passer des enfants depuis qu’elle s’occupe de l’association en soutien aux frères et sœurs de personnes porteuses de handicaps. Selon elle, le plus dur, ce sera à partir de tes 12 ans, à la préadolescence et à l’adolescence. Quand tout ce qu’on veut, c’est faire partie d’un troupeau et taire les différences. Quand le regard des pairs compte plus. Quand peut-être tu auras honte de tout. De toi. De ton corps. De ton frère.
Un peu comme Ibrahim. Tu le connais déjà Ibrahim, pas vrai ? Pas besoin de te le présenter, comme toi, il participe aux ateliers mensuels de l’association.
Il n’a pas 12 ans, mais la moitié + 1… Oui, 7 ans. Bravo Melyna.
Malgré son jeune âge, il ferait le calcul mental très vite lui aussi. Peut-être plus vite. Il faut dire qu’il est très doué à l’école. Un peu trop même. Quand sa maman l’aide à faire ses devoirs, sur son petit bureau blanc, entre ses livres et ses voitures, il efface ce qu’il écrit jusqu’à 30 fois.
« Non ce n’est pas parfait, ce n’est pas bien. » Sa maman le rassure. « Mais si, c’est du très bon travail. » Il ne s’arrête pas. Il n’y arrive pas. Il pleure.
C’est ce besoin d’être l’enfant parfait qui se manifeste. Ce besoin de compenser. De réaliser pour deux. Parce que parfois, Adam, son grand frère, crie, hurle à sa mère qu’elle n’est pas son amie et qu’elle est méchante quand elle lui dit simplement d’attendre un peu pour regarder la télévision. Parfois, Adam lèche le sol et les murs. Alors, Ibrahim, lui, ne fait pas de vagues.
Certains enfants choisissent l’hypernormalité, d’autres la perfection. Ibrahim a fait son choix. Est-ce qu’il se confie à toi aux ateliers Fratriha ? Quand tout est prévu par Maelle, la psychologue, pour vous accueillir ? Quand il sait que tout ce qui se passe et se dit chez Fratriha reste chez Fratriha ? Est-ce qu’il te parle de son père qui dit oui, parce qu’il est 17h30 et qu’il est encore en télétravail, quand sa maman, dit non, parce qu’il faut quand même mettre des limites à son temps d’écran ? C’est pour ça qu’elle l’y a emmené. Pour qu’il puisse se confier. Plus qu’il ne se confie à ses parents. Plus qu’il ne se confie aux amis de sa nouvelle école, qui ne savent même pas pour l’autisme de son grand-frère. En tout cas, lui, il ne leur a rien dit. Ce n’est pas de la honte. Il réfléchit. C’est peut-être la peur qu’on se moque de son frère ? Il réfléchit encore deux secondes, mais passe vite à autre chose. Syndrome de Bob l’éponge oblige. Souviens-toi.
Même pour les adultes, la situation est difficile. Et parfois, sa mère lui parle de ce qu’elle, elle ressent. Si elle veut encourager son fils à libérer la parole, elle doit être la première à le faire. Elle a encore du mal à le croire. Que l’état d’Adam est définitif. Qu’il sera toujours comme ça. Que c’est la volonté de Dieu. Elle lui parle aussi du futur. Avec des mots d’enfant certes, mais elle en parle quand même. Ça, tu connais Melyna. Tu en parles aussi avec ta maman. Il vaut mieux anticiper.
« Qu’est-ce qui va se passer quand je ne serai plus là, Melyna ? »
« Il va un peu s’occuper de lui, mais je vais venir des fois. »
Ce que tu décris là, sans le savoir, c’est ce qu’on appelle en Belgique un aidant proche. Ces personnes qui apportent une aide régulière à un proche en perte d’autonomie. Ils sont 12 % dans le royaume. Mineurs émancipés compris. Et ils ont accès à un congé de 3 mois si une reconnaissance légale leur est accordée. 1 mois à temps plein. 2 à temps partiel. C’est rare. De déjà aborder le futur avec ses parents. Najoua l’a vu. Le Covid l’a confirmé. Combien de parents emportés par l’épidémie ont laissé des enfants démunis, impuissants et en détresse totale face aux handicaps d’un frère ou d’une sœur ? Incapables même de savoir où trouver une nouvelle chaise roulante ? « Les parents doivent penser à l’après-parent parce qu’ils ne sont pas éternels et les informations autour du handicap ne sont pas faciles à avoir. »
Mais tout ça, ce sera pour plus tard. Et sois-en sûre, Melyna, la culpabilité fera partie du voyage. À chaque instant, elle sera ta compagne. Peut-être culpabiliseras-tu d’en avoir marre de prendre soin des autres ? Ou de toutes ces choses que ta santé te permettra de faire et qui ne lui seront pas accessibles ? Tu culpabiliseras peut-être un jour de le placer dans un institut spécialisé ou même simplement de lui prendre une aide pour ses soins. Peut-être penseras-tu à lui au moment de choisir ton compagnon. Mais lâche prise, Melyna. À 8 ans, tu as toute une vie à vivre, tant de gens à rencontrer. Tellement d’endroits à visiter. Un tas de galaxies et d’étoiles à dessiner. À l’encre bleue sur du papier orange.
Quels droits sociaux pour les aidants proche et les personnes aisées ?Pour l’octroi de droits sociaux, l’aidant proche ainsi que la personne aidée doivent répondre à plusieurs critères. L’aide continue et régulière que fournit le premier doit être équivalente à au moins 50 heures par mois ou 600 heures par an. La personne aidée ne peut résider ni dans un établissement pour personnes handicapées ni dans une maison de repos. La dernière étude menée par l’ASBL « Jeune Aidant Proche » date de 2017. Elle a mis en évidence que 14,7 % des élèves des écoles secondaires bruxelloises se considèrent comme aidants. Ils n’ont pas tous de statut légal, mais côtoient le handicap et aident régulièrement. L’antenne liégeoise parle de 20 % des élèves des écoles secondaires de la province en 2023.
À Bruxelles, 256 794 enfants de moins de 18 ans ont droit à une allocation majorée, ce supplément aux allocations familiales ordinaires octroyé par IrisCare. Pour calculer le montant, un médecin du CEAH – le Centre d’Évaluation de l’Autonomie et du Handicap – attribue des points en fonction de 3 piliers. Les suppléments viennent s’ajouter aux allocations familiales de base dont l’enfant est bénéficiaire. Les montants varient entre 102,42 € et 682,74 €. Plus le handicap est dépendant, plus élevé sera le montant, jusqu’à ses 21 ans. Passé ce délai, il peut se voir octroyer un revenu d’intégration et une allocation de remplacement de revenus pour compenser celui que son handicap l’empêche d’acquérir.
Cet article a été co-publié avec Alter Echos.
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Église en scène
Photo : Enzo Coduti
Les églises, lieux de culte millénaires, deviennent le théâtre de concerts singuliers où des artistes comme Laurent Voulzy, Hugues Aufray et Vincent Niclo trouvent un nouveau lieu de représentation. Mais pourquoi ces bâtiments sacrés suscitent-ils un tel engouement ? Entre considérations économiques, attrait pour leur acoustique exceptionnelle ou désir de renouer avec un patrimoine vivant, plongeons dans les secrets de cette nouvelle scène étonnante.
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La fin de la génération dorée ?
Lors du dernier rassemblement des Diables Rouges, la Belgique s’est inclinée face à l’Italie et face à Israël. Deux prestations décevantes qui ont fait chuter la Belgique au rang de 8ème dans le classement FIFA. Il s’agit de la place la plus basse depuis 7 ans pour les Diables, ce qui semble confirmer que la génération dorée est bel et bien derrière nous. Vraiment ? Pour le savoir, nous allons comparer l’effectif des Diables Rouges de la Coupe du monde 2018 (apogée de la génération dorée) avec celui de l’Euro 2024.
Pour comparer ces deux effectifs, nous allons nous baser sur quatre statistiques :
- La valeur marchande des joueurs
- Les clubs dans lesquels évoluent les Diables Rouges
- La position de la Belgique au classement FIFA
- La présence des Diables au Ballon d’Or
Dans les différents graphiques, la couleur rouge illustrera la génération de 2018 et la couleur bleue celle de 2024.
1. Une valeur marchande en chute de 27%La valeur marchande des joueurs est un outil de plus en plus utilisé pour mesurer leur niveau. C’est sans surprise que l’effectif de 2018 surpasse celui de 2024 dans ce domaine.
Toutefois, il ne faut pas prendre cette statistique pour une vérité absolue comme le constate Antoine Hick, journaliste sportif à la RTBF : « Je trouve qu’on exagère parfois un peu avec la valeur marchande. Mais dans ce cas-ci, elle est très utile. Cette valeur est beaucoup moins élevée aujourd’hui qu’en 2018 et notre joueur le mieux coté (en novembre 2024), c’est Openda. Il est à 60 millions sur Transfermarkt, mais il n’est même pas dans le top 60 des joueurs les mieux cotés de la planète. Ça veut aussi dire que notre équipe est descendue en grade. Elle a perdu quelques échelons et aujourd’hui, en termes de valeur marchande, on se retrouve derrière des nations comme la Norvège, le Danemark et la Suède.«
Quand on parle de valeur marchande, il est important de prendre en compte l’inflation au fil des années. Il est donc impératif d’être prudent lorsqu’on compare les époques nous explique Guillaume Gautier, journaliste sportif pour le Vif : « La valeur des joueurs a considérablement augmenté ces dernières années et la valeur moyenne d’un joueur devient potentiellement plus vite importante. Cela pourrait donc être problématique de comparer les valeurs entre deux époques, mais dans ce cas-ci, cela renforce le constat. Si on adaptait les valeurs de 2018 aux tarifs de 2024, peut-être que l’écart serait encore plus conséquent entre les deux générations des Diables.«
2. Les clubs des Diables : de 17 à 7 diables en Champions LeagueLes clubs dans lesquels évoluent les Diables Rouges sont également un indicateur important du niveau global de l’équipe. À ce sujet, on remarque une nette différence entre les deux générations. Notamment en Ligue des champions, prestigieuse compétition rassemblant les plus grands clubs européens.
17 Diables Rouges participaient à la Ligue des champions en 2018 ; ils ne sont plus que 7 en 2024. Antoine Hick ajoute : « Ils jouent dans des clubs qui sont moins renommés qu’avant. Quand tu penses qu’en 2018, la plupart de nos titulaires jouaient au Real Madrid, à Chelsea ou à Tottenham… Maintenant, tous nos cadres jouent un peu dans des clubs de seconde zone, sauf exceptions… Je pense à Trossard ou à Lukaku qui sont toujours dans des gros clubs. Mais pour le reste, tu as Theate à Francfort, Faes à Leicester ou encore Castagne à Fulham. Ce sont des clubs du Big Five (NDLR : les cinq plus grands championnats européens), mais ce ne sont pas non plus des grands clubs. Ils ne jouent pas l’Europe. »
Toutefois, Guillaume Gautier nuance : les clubs dans lesquels évoluent les Diables sont parfois moins importants que le statut qu’ils occupent dans ces clubs. « Il faut regarder non seulement les clubs où ils jouent, mais aussi le rôle qu’ils endossent dans ces clubs. Eden Hazard à Chelsea, en 2018, c’est pas Roméo Lavia à Chelsea en 2024, en termes d’impact dans l’équipe. Hazard était le joueur numéro un de Chelsea, là où Lavia n’est pas un titulaire incontestable. Le statut est différent, alors que le club est le même. On peut se demander aussi, par exemple, est-ce que le statut de Lavia est supérieur au statut de Onana ? Est-ce que c’est supérieur d’être titulaire à Aston Villa que d’être rarement titulaire à Chelsea, un club a priori mieux coté qu’Aston Villa ?«
3. Une chute de quatre places au classement FIFABien que critiqué, le classement FIFA donne tout de même une idée globale des performances des équipes nationales. La Belgique a donc logiquement perdu plusieurs places entre 2018 et 2024.
Ce classement n’est pas forcément pertinent selon Antoine Hick : « Là, je suis un peu plus mesuré parce que je trouve que le classement FIFA, il a souvent été biaisé. On est resté pendant longtemps premiers mondiaux alors qu’on ne faisait plus grand-chose comme résultats. Certaines compétitions qui sont de moindre importance rapportent autant de points au classement FIFA que d’autres. Alors que c’est quand même plus important de gagner une Coupe du monde que de gagner la Nations League. Donc, je suis un peu plus mesuré par rapport à ce classement. Là, on reste sixième pour l’instant. Mais je pense que nous avons plus notre place entre la dixième et la quinzième position. »
4. Pénurie de Diables au Ballon d’orLe Ballon d’Or est la plus prestigieuse des récompenses individuelles dans le monde du football. Chaque année le prix récompense les 30 meilleurs joueurs de l’année. La génération dorée des Diables Rouges nous avait habitués à avoir des représentants dans le classement presque chaque année.
En 2024, aucun Diable n’était nommé au Ballon d’Or. Antoine Hick s’inquiète d’un manque de superstars dans la nouvelle génération des Diables. « Je pense qu’il faut quand même avoir certains porte-étendard, qui assument cette pression du plus haut niveau. C’est un peu le défaut de cette équipe nationale belge pour l’instant pour moi, c’est qu’on a plein d’excellents joueurs, mais on n’a plus de superstars. Courtois n’est plus là, on connaît les raisons. De Bruyne est absent depuis trois rassemblements et Lukaku traîne un peu son spleen. Donc on n’a plus cette superstar qui assume la pression alors que c’est important pour aller loin. On le voit parmi les grandes sélections qui viennent de gagner. Je pense à l’Espagne lors de l’Euro 2024 qui avait des vétérans comme Rodri qui sont là pour assumer la pression. Et puis aussi des jeunes pousses, qui ont peut-être moins d’expérience, mais qui compensent par un talent et une audace. Je pense à Yamal ou Williams. C’est ce genre de profils qu’on n’a malheureusement pas en équipe nationale. »
Perspectives pour l’avenir : Doku et Openda pour sauver les DiablesOn le constate, l’équipe belge n’est plus ce qu’elle était il y a quelques années. Une transition est en train de s’effectuer vers une nouvelle génération. Il est donc normal que l’équipe connaisse une baisse de régime. La situation n’est pas alarmante pour autant selon Antoine Hick. En effet, la génération précédente ne s’est pas non plus construite en un jour. De plus, l’effectif actuel compte des jeunes talents prometteurs qui pourraient reprendre le flambeau.
« J’ai toujours beaucoup cru en Doku, sur papier, c’est un des meilleurs dribbleurs de la planète. Pour passer son adversaire, il n’y a pas meilleur que lui », précise Antoine Hick. « Par contre, son succès dépendra beaucoup de sa capacité à devenir plus précis dans la zone de finition. Je crois également pas mal en Openda même s’il s’est un peu loupé en équipe nationale ces derniers temps. Il est parfois trop critiqué et lorsqu’il n’aura plus l’ombre de Lukaku, il sera beaucoup plus performant qu’on ne peut l’imaginer« .
Guillaume Gautier a lui aussi deux jeunes belges en qui il croit beaucoup : »Il y a Mika Götz, qui joue à l’Ajax, et avec les U21 de la Belgique, mais qu’on n’a pas encore vu en équipe nationale. Au milieu de tous ces ailiers dribbleurs, c’est un joueur qui a une gamme un peu plus complète en termes de créativité et pas seulement en qualité de dribble. J’apprécie aussi beaucoup Roméo Lavia, malgré son problème de blessures à répétition. Quand Roméo Lavia est en état de jouer, c’est un joueur qui fait du bien à l’équipe pour la structurer là où on manque encore de structure collective.«
Doku, Openda, Lavia ou encore Gotz, des noms que l’on retrouvera peut-être avec les Diables Rouges dans les prochains mois. Les 20 et 23 mars, la Belgique affrontera l’Ukraine et jouera sa survie en Ligue des Nations A.
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La magie du goûter dansant
Photo : Charlotte Simon
Chaque année, la commune de Floreffe réunit une centaine de seniors pour une après-midi festive. Entre musique, danse et retrouvailles, ce rendez-vous intergénérationnel célèbre la convivialité et fait renaître des souvenirs précieux.
Un parfum de nostalgie flotte sur la salle communale « La Floriffolienne ». Il est 15h, et la voix entraînante de Joe Dassin résonne, accompagnant le service de tarte et de café. « Et la mélancolie au soleil d’Émilie devenait joie de vivre », entend-on. Les tasses fumantes passent de main en main, tandis que les tartes disparaissent rapidement des assiettes. Ce rendez-vous annuel fait la part belle à la musique et aux retrouvailles entre voisins. Entre une valse et un slow, les sourires s’échangent avec tendresse. Les regards se perdent dans des éclats de rire ou des soupirs nostalgiques, et, au rythme de la musique, les souvenirs refont surface, portés par la douceur des pas et la chaleur de ces retrouvailles.
Dehors, sous un ciel d’automne, un petit groupe s’est formé : on fume, on discute, et les rires fusent avec la même intensité qu’à l’intérieur, comme si l’air frais n’avait pas de prise sur la chaleur des échanges. « Ce que j’aime ici, c’est retrouver des gens du village, danser et papoter », confie Chantal, une habituée de ces goûters dansant.
Le mot revient souvent : convivialité. Et c’est bien ce qui règne dans cette salle où le DJ, Manu, avec ses cheveux noirs ébouriffés et ses lunettes rectangulaires, jongle habilement avec des morceaux qui traversent les époques. « Ici, je peux sortir mes vinyles, mes 45 tours. Ils rappellent des souvenirs aux participants », explique-t-il. De la valse au rock, en passant par le tango, il y en a pour tous les goûts. Cependant, ce qui remporte toujours le plus de succès, ce sont les chansons françaises des années 70. « Il ne faut pas leur mettre de la musique d’après-guerre, ce qu’ils veulent, c’est du Claude François ! », précise-t-il avec un sourire.
« Je ne suis pas venu avant parce que je ne voulais pas être vieux trop tôt ».
Charles, habitué des goûters dansants Quand la danse mène à la tarteLes couples se forment sur la piste de danse, certains glissant avec aisance, portés par la mélodie comme si leurs corps se souvenaient instinctivement des rythmes d’antan. D’autres, moins assurés, avancent avec précaution, leurs pieds marquant des pas plus hésitants. Leurs mouvements, bien que moins précis, sont empreints de la même envie de savourer le moment, de revivre l’éclat des bals d’autrefois. L’un des moments forts de l’après-midi survient lorsque résonne La salsa du démon. Les paroles fusent, reprises en chœur : « Quand j’vois un gosse, j’lui fous une claque… Quand j’vois une vieille, j’lui pique son sac », chantent-ils avec malice, avant que chacun ne se dédouane en riant du ton décalé des paroles.
Pour certains, danser est un véritable effort. On aperçoit des couples de seniors, visiblement fatigués et le visage légèrement rougi après avoir enchaîné plusieurs tours de piste. Ils quittent la piste, tout essoufflés, parfois se tenant le dos. « Je pourrai bien prendre des médocs demain », lance une dame en riant. Le DJ ne peut s’empêcher de commenter : « Il y en a qui sont inarrêtables ».
Entre deux danses, l’odeur de la tarte fraîchement servie attire les participants vers les tables. Trois parts par personne, rien que ça ! Entre deux bouchées, Charles se laisse aller à quelques confidences. « Je ne suis pas venu avant parce que je ne voulais pas être vieux trop tôt ». Il est assis à une table, un sourire large illuminant son visage. En savourant chaque bouchée, il ferme les yeux un instant, laissant échapper un soupir de satisfaction, avant de replonger dans la conversation animée avec ses voisins.
« Nous prenons de l’âge, nous sommes heureux, c’est tout ».
Yvon, participantLe service est assuré par des bénévoles toujours souriants. Ceux-ci sont le cœur battant de l’événement. Parmi eux, Simon, un jeune homme de 15 ans, s’active avec enthousiasme. Il est là parce qu’il n’a pas école aujourd’hui. « Je m’amuse bien », s’exclame-t-il en riant, emballant le surplus de tarte pour que les invités puissent repartir avec un petit goût de la fête. Café et mousseux sont également au rendez-vous. Tout est prévu pour que chacun se sente à l’aise, sans oublier les détails qui comptent.
Une sortie pour briser la solitudePour beaucoup, ces événements sont une bouffée d’air frais. « J’aime bien venir ici pour papoter, revoir des gens qu’on ne voit plus », confie Chantal. C’est l’occasion de sortir de la solitude et de renouer des liens. Anne-Marie, la soixantaine, rayonne de joie sur la piste de danse, se laissant emporter par la musique avec enthousiasme. Pour elle, c’est aussi une question de passion. « J’aime bien danser », confie-t-elle simplement. « Je viens à chaque fois. » Et elle n’est pas la seule. Beaucoup de ces participants sont des habitués, revenant année après année pour retrouver l’ambiance chaleureuse de ces après-midis dansants.
Fabienne, l’une des organisatrices, est une femme dynamique, avec un sourire chaleureux qui inspire confiance. Toujours en mouvement, elle supervise les activités avec un regard attentif. “Cela permet de sortir les personnes âgées de leur solitude. Cela leur permet aussi de retrouver des gens qu’ils ont connus il y a un petit temps, qu’ils croisent rarement. » Un rendez-vous à ne pas manquer pour ces aînés qui, le temps d’une après-midi, laissent de côté les tracas du quotidien. « Nous prenons de l’âge, nous sommes heureux, c’est tout », résume Yvon, son visage, marqué par le temps, s’illuminant d’un sourire bienveillant.
L’événement n’a pourtant pas toujours séduit. Elyanne, élégante et souriante, est venue avec son mari, qui a enfin accepté de participer à l’événement. « Il disait que c’était pour les vieux ! Mais maintenant qu’il a 72 ans, il a enfin accepté. » Elle échange des regards complices avec lui, heureuse de partager ce moment ensemble. Une fois sur place, les réticences s’envolent et l’après-midi se termine toujours de manière conviviale : les amis se disent au revoir en wallon, se promettant de se retrouver à la prochaine occasion.
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Chat, fais nous un reportage
Alors que l’IA prend de plus en plus de place dans nos vies, nous nous demandons si elle pourra remplacer certains métiers. Quant au métier de journaliste, est-ce que l’IA pourra produire en 30 secondes ce qu’un journaliste ferait en 2h et donc, petit à petit, le remplacer ? Essayons de produire un reportage radio avec Chat GPT.
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Gay-tapens
Une nouvelle forme de violence visant la communauté LGBTQIA+ se développe : sur les applications de rencontre, les victimes se font piéger par leurs agresseurs. Les personnes agressées se sentent esseulées: seules 13% d’entre elles déposent plainte à la police.
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L’art du bois
Photo: Guillaume De Schutter
Portrait de Philippe Parent, ébéniste à Jette depuis 35 ans. Entre passion et métier, découvrez son atelier et son art à travers ce reportage.
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Accoucher sans violences, au-delà du tabou
Photo : Cindy Gutierrez Silva
Un accouchement est souvent perçu comme un moment de joie, mais pour de nombreuses femmes, il peut devenir une expérience traumatisante. Ce podcast explore les violences obstétricales, des pratiques trop souvent banalisées.
En Belgique, de nombreuses femmes déclarent avoir subi des violences obstétricales lors de leur accouchement. Ces actes, souvent invisibles et tus, prennent des formes variées : absence de consentement, gestes brutaux, paroles humiliantes, ou encore pratiques médicales interdites par la loi. Des épisiotomies réalisées sans consultation, des césariennes imposées, ou des touchers vaginaux à répétition témoignent de ces abus, qui laissent des séquelles physiques et psychologiques durables.
Un système hospitalier sous pressionAu cœur du problème se trouvent des dérives médicales, des protocoles standardisés et une organisation hospitalière qui privilégie la productivité à l’écoute. Le personnel soignant, soumis à une pression constante, peine parfois à offrir une prise en charge humaine et respectueuse. Des témoignages de professionnels, comme celui de Maïté, ancienne infirmière en pédiatrie, révèlent des situations où le manque de communication et de respect envers les patientes est courant. Ces manques transforment l’expérience d’accouchement en un parcours impersonnel et parfois déshumanisant.
Des alternatives émergentPour contrer ces dérives, des solutions existent : les maisons de naissance et les cabinets de sage-femmes. Ceux-ci privilégient un suivi personnalisé, permettent une approche centrée sur le bien-être de la patiente. Cela permet, notamment, d’éviter de réactiver des traumatismes anciens.
Un cadre légal inexistantEn 2021, une femme sur cinq aurait subi des violences obstétricales. Pourtant, malgré ces chiffres accablants, la Belgique ne dispose d’aucune législation spécifique pour encadrer et sanctionner ces pratiques. La loi actuelle sur les droits des patients ne prévoit aucune sanction, laissant les femmes vulnérables face à ces actes et les auteurs, impunis.
Ce podcast appelle à sensibiliser aux enjeux liés à l’accouchement, en mettant en lumière l’importance du consentement des femmes, de leurs besoins et de leur humanité. Chaque naissance mérite d’être abordée avec respect et écoute, afin que les décisions prises reflètent ces valeurs essentielles.
Voici un lien vers le rapport du Sénat concernant les violences obstétricales : https://www.senate.be/informatieverslagen/7-245/Senat-rapport-violences-obstetricales-2024.pdf
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Un chasseur sachant chasser
Photo : Anne Mettlen CC BY NC SA
À l’occasion de l’ouverture de la saison de chasse, Mammouth a chaussé ses bottes et s’est rendu en Communauté germanophone, au cœur de la forêt, où la chasse en battue n’est plus permise. Là-bas, les chasseurs prônent la traque-affût, un procédé encore peu connu en Wallonie francophone.
Un matin brumeux, bottes aux pieds et pommettes rougies par la fraicheur de l’air, nous marchons dans la forêt de Möderscheid, en compagnie de chasseurs avec lesquels nous allons passer une journée. Trois chasseurs, deux dont nous ne pouvons citer les noms pour leur sécurité, ainsi que Patrick Spies, député wallon et lui-même chasseur, ont accepté que nous les suivons pour une traque et chasse à l’affût. Ce sont les méthodes actuellement privilégiées en Communauté germanophone, qui se distingue de ses voisins en optant pour une vision progressiste de la chasse.
Il y a 30 ans, on exerçait quasi exclusivement la chasse à la battue, qui consiste à poursuivre un animal sauvage avec une meute de chiens courants, jusqu’à le perdre ou le tuer. Les chasseurs buvaient parfois dès l’aurore ; certains étaient ivres. Aujourd’hui, tout cela n’est plus imaginable selon René Dahmen, garde forestier et chef de cantonnement de la Nature et des Forêts en Communauté germanophone. La chasse à la battue n’a plus la côte. Elle est peu à peu remplacée par la traque ou la chasse à l’affût, considérées « plus éthiques » et « respectueuses du bien-être animal » par les chasseurs de la Communauté germanophone.
La chasse en battue : ni éthique, ni efficaceMajoritairement pratiquée en Wallonie francophone, en France et en Espagne, la chasse en battue, c’est la chasse traditionnelle telle que on se l’imagine. Elle se déroule collectivement, avec un grand groupe de traqueurs qui rabat le gibier vers une zone où plusieurs chasseurs sont postés pour les abattre. Ce type de chasse peut se dérouler avec des chiens et des cors de chasse. Elle est très anxiogène pour les animaux et impose de fermer les forêts aux randonneurs.
Quand on questionne les chasseurs sur la chasse en battue, on constate directement que celle-ci en met plus d’un mal à l’aise. Parce que dans ce type de chasse, il arrive fréquemment que la balle ricoche et que l’animal soit « mal tiré ». En d’autres termes, l’animal est blessé, mais pas tué. Il est donc exposé à des souffrances, en plus du stress, voire à une longue et douloureuse agonie.
Le tir instinctif de battue s’effectue en effet sur des animaux en mouvement. Il est dangereux car le tireur se concentre sur la cible en mouvement et non pas sur une zone précise où il pourrait « enterrer sa balle », c’est-à-dire la diriger vers le sol.
Suite à une battue, 30 à 50 % de la viande va à la poubelle
René Dahmen, garde forestier et chef de cantonnement DNFOn reproche aussi à la chasse en battue le nombre de tirs est très élevé qu’elle génère. René Dahmen fait le bilan et prend l’exemple de 4 battues réalisées en 1998 : 13 animaux tués pour 115 balles tirées, ce qui équivaut à 8,8 tirs par animal. Suite à une battue, 30 à 50 % de la viande de gibier va à la poubelle : trop abimées, les carcasses sont impropres à la consommation.
La chasse-affût, la plus slowA l’inverse de cette pratique, la chasse à l’affût est plus calme et moins violente. Pratiquée en Flandre et en Communauté germanophone ainsi que dans les pays germaniques, tels que l’Allemagne et l’Autriche, Elle s’exerce le plus souvent en solitaire et en silence. Le chasseur est installé dans un endroit fixe en hauteur, appelé mirador ou perchoir, et il attend que le gibier se présente naturellement pour l’abattre. On y entend les oiseaux, le bruit du vent dans les branches glacées.
Alors que nous patientons à l’étroit dans son mirador, Patrick Spies, député wallon et chasseur, nous rappelle que s’il s’agit toujours de tuer du gibier, la chasse à l’affût est la forme de chasse la plus respectueuse, puisque le chasseur abat l’animal en lui épargnant DU stress inutile.
Lors d’une chasse-affût, le chasseur ne quitte pas son mirador. Il attend que le gibier se présente pour le tirer. Photo : Anne Mettlen, CC BY NC SA La traque-affût, le compromis ?La chasse-affût exige patience et immobilité, ce qui ne convient pas à nombre de chasseurs. Certains prônent une pratique qui se situe à mi-chemin entre les deux précédentes : la traque-affût. Les animaux sont mis en mouvement par des traqueurs calmes, provoquant leur déplacement. Les tireurs estiment avoir plus de temps pour tirer. Ils sont placés sur une perche ou une hauteur naturelle.
Chasseur qui nous montre des traces de cerfs, photo : Anne Mettlen, CC BY NC SARené Dahmen s’est engagé depuis les années 1990 à réformer la chasse en communauté germanophone. Il a popularisé la pratique de la traque-affût dans son canton et, selon lui, c’est la clé pour développer une chasse qui soit à la fois acceptée par les chasseurs et plus éthique. « La traque-affût, c’est la chasse de l’avenir, car elle combine les aspects positifs de la chasse en battue et de la chasse à l’affût.” D’aucuns affirmeraient que l’avenir c’est, plus simplement, l’absence de chasse.
Il se félicite que le nombre de battues n’ait cessé de diminuer depuis le début de son engagement. Depuis cette année, les battues sont tout simplement interdites dans toutes les forêts domaniales et dans certaines forêts communales de la Communauté germanophone.
René Dahmen observant la carte du territoire, photo : Anne Mettlen, CC BY NC SALes chasseurs de la région, qui ont demandé à ne pas être identifiés, estiment que ce type de chasse permet de minimiser la souffrance animale, tout en respectant la chaîne alimentaire naturelle. Le risque de manquer la cible ou de provoquer des blessures diminue grandement.
Les chasseurs reconnaissent toutefois que, même pendant une traque-affût, tout ne se passe pas toujours comme prévu. “C’est arrivé qu’un de mes collègues rate un animal qui, pris de panique, s’est précipité dans une clôture. J’ai alors dû tuer l’animal au couteau et mettre fin à ses souffrances. Cette situation m’a hanté pendant un certain temps”, explique Patrick Spies. De telles situations sont beaucoup plus fréquentes lors des battues. Comme le Parlement wallon est compétent en matière de chasse, Patrick Spies apporte son expérience pratique et s’engage pour la fin des battues en Wallonie. Lors de notre balade en forêt, il nous raconte être devenu chasseur sur les traces de son grand-père, par amour pour la forêt. Le député ne peut concevoir sa pratique de la chasse sans une réflexion éthique. Dans son mirador, Patrick Spies nous montre de magnifiques bêtes sans sortir son arme.
Chaque tir doit être une décision consciente. Un bon chasseur ne tire pas tous les animaux qu’il voit, loin de là !
Patrick Spies, député wallon et chasseurDans la pratique de la traque-affût, toute comme dans la chasse-affût, le nombre d’animaux abattus est faible en regard du nombre d’heures passées sur le terrain. Nous aurons suivi ces chasseurs durant 13 heures dans la forêt sans qu’aucun animal n’ait été abattu. “Ne soyez pas surpris, neuf fois sur dix, nous rentrons chez nous sans avoir tiré. C’est la réalité d’un bon chasseur !”.
Chasseur en pleine traque-affût, photo : Anne Mettlen, CC BY NC SAUn autre avantage de la traque-affût par rapport à la battue, est qu’elle est plus sécurisée. Pendant une traque-affût, le chasseur ne peut tirer que lorsque l’inclinaison de tir permet à la balle de s’enfoncer dans le sol après avoir percuté l’animal. Ceci permet de chasser sans avoir à fermer la forêt. Les chasseurs mettent en avant cet argument pour faire accepter la chasse au grand public. La cohabitation entre chasseurs, randonneurs et promeneurs n’est en effet pas toujours chose aisée. “Les tensions sont croissantes, il y a un réel besoin de compromis pour une utilisation respectueuse de la nature”, explique un chasseur.
La traque-affût permet d’atteindre les quotas“La chasse n’est pas seulement un loisir ou un acte d’approvisionnement en viande locale », précise un chasseur, « Il s’agit aussi de protéger la forêt et de réguler le nombre d’animaux dans les zones forestières”. Les chasseurs s’accordent à dire que la chasse est « nécessaire » pour atteindre les objectifs de régulation de populations de gibier. La chasse viendrait combler l’absence de prédateurs, comme les loups, qui jouaient historiquement ce rôle de régulation. Gerhard Reuter, secrétaire du CA d’Aves, ASBL de protection active de la nature, précise : “Trop de gibier détruit la nature, les plantes et organismes sensibles qu’il faut protéger. Nous avons besoin de la chasse”. Cette affirmation reste sujette à discussion, d’autant plus que la profusion de gibier s’explique en partie par leur nourrissage à destination de la chasse.
Dans chaque région forestière, le nombre d’animaux à abattre au cours d’une année est fixé par l’office des forêts. La plupart des chasseurs ne peuvent donc pas chasser exclusivement depuis leur perchoir pour atteindre la quantité fixée, mais ils se réunissent pour des traques-affût, plus efficaces.
Nous attendons deux chasseurs dans leur mirador. L’ambiance est au silence et à l’observation des alentours. Ces deux-là n’ont nul besoin de pratiquer la traque-affût sur leur territoire. Jusqu’à présent, leur activité immobile et silencieuse de chasse affût a été suffisante pour atteindre les objectifs indiqués par le garde forestier. “Mais nous savons aussi que les directives sur le nombre d’animaux à abattre peuvent mettre les chasseurs sous pression selon les zones”, nous chuchotent-ils.
“Les changements climatiques exigent également une adaptation des pratiques de chasse, favorisant les forêts mixtes pour soutenir la biodiversité. Ces forêts doivent être protégées par la régulation des animaux ”, ajoute un chasseur.
Un chasseur qui se rend vers son mirador, photo : Anne Mettlen, CC BY NC SA Même la traque-affût reste controverséePlusieurs chasseurs rencontrés ont répété qu’en Belgique, la Communauté germanophone a pris de l’avance dans la réflexion sur une chasse plus éthique : la majorité des chasseurs accordent énormément d’importance au respect des mesures de sécurité, à la protection de la nature et à un abattage le plus digne possible.
Gerhard Reuter confirme que la chasse en Communauté germanophone évolue positivement. Cependant, selon lui, la formation à la chasse devrait inclure un cours sur la manière de traiter un animal abattu. La consommation d’alcool, qui est interdite, doit également être encore plus sévèrement contrôlée, en raison d’un nombre réduit de cas isolés. « La sécurité est ce qu’il y a de plus important à respecter lors d’une chasse, c’est pour cette raison qu’il est nécessaire de suivre une formation très stricte pour obtenir un permis” insiste-il.
Qu’elle soit en battue ou à l’affût, la chasse aura toujours ses détracteurs. Les critiques se multiplient et apparaît une nécessité d’éducation et d’information quant au rôle de la chasse dans l’écosystème forestier, insiste René Dahmen.
Cerfs femelles observées avec des lunettes de visions nocturnes, photo : Anne Mettlen, CC BY NC SAThe post Un chasseur sachant chasser appeared first on Mammouth Média.