Mammouth
L’art de censurer
Durant l’Histoire, la création artistique a souvent dû faire face à la censure. Au 20e siècle, le régime nazi forgea le terme d’art dégénéré pour interdire les formes d’expression liées à l’art moderne et les différentes avants-gardes, dans les domaines des arts plastiques, de la musique, de la littérature, de la danse, du théâtre ou du cinéma. Cela semble appartenir au passé, et pourtant, l’Histoire bégaie. Aujourd’hui, la censure réapparait, et particulièrement aux États-Unis depuis la réélection de Donald Trump. Est-ce que l’on risque de voir des œuvres bannies comme au temps du Troisième Reich ? N’y-t-il pas aussi un risque d’auto-censure ? Éléments de réponses dans notre podcast.
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La génération sans tabac est-elle en marche ?
Depuis le 1er avril, les produits du tabac ne peuvent plus être disposés de façon visible dans les commerces. Les librairies, les stations-service ou encore les supermarchés d’au moins 400 m² sont concernés.
Ces mesures s’inscrivent dans le plan du gouvernement fédéral « Génération sans tabac », visant à ce qu’aucun jeune né après 2019 ne devienne fumeur.
On t’explique.
Depuis le 1er avril, les produits du tabac ne peuvent plus être disposés de façon visible dans les commerces. Les librairies, les stations-service ou encore les supermarchés d'au moins 400 m² sont concernés. Ces mesures s'inscrivent dans le plan du gouvernement fédéral "Génération sans tabac", visant à ce qu'aucun jeune né après 2019 ne devienne fumeur. On t'explique. #tabac #Belgique
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Résistance(s): série de podcasts
“ L’heure d’une nouvelle résistance est venue. Celle d’avant-hier était contre l’occupant nazi, celle d’hier contre le retour de la vieille barbarie de haine et de mépris liée à la nouvelle barbarie du calcul aveugle à l’humanité et du profit déchaîné. La nouvelle résistance est d’abord la résistance de l’esprit aux mensonges, aux illusions, aux hystéries collectives sur lesquelles surfe l’extrême droite en France et en Europe.”
Edgar Morin
Il suffit d’ouvrir un journal ou une page web pour constater que tout semble s’effilocher. Les acquis sociaux en Belgique. Les droits des migrants en Europe. Les libertés fondamentales des femmes en Afghanistan. Les initiatives en faveur des personnes LGBTQIA+ aux Etats-Unis. Mais aussi les postes des chercheurs et leurs projets en cours. Ou même l’ensemble du pouvoir judiciaire, toujours aux USA. Ce ne sont que quelques exemples parmi beaucoup d’autres.
Il y a le réchauffement climatique. La montée de l’extrême droite, de la censure et des fake news. La fracture transatlantique qui se dessine, avec l’Europe appelée à se réarmer pour se défendre et soutenir l’Ukraine face à un possible axe Trump-Poutine. Et puis l’effroi qui s’abat sur Gaza…
Innombrables sont les thèmes qui méritent aujourd’hui de se mobiliser. Certains se soulèvent explicitement, à coup de manif, de désobéissance civile, de médiatisation, de « on se lève et on se casse » ou d’association. D’autres résistent de manière plus discrète, patiente, en essayant simplement de tenir bon dans leurs secteurs fragilisés (Justice, soin, santé, éducation, information, culture…)
Où sont les résistances ? Comment s’organisent-elles ? Jusqu’où vont-elles ? Avec quels défis et quels résultats ? En fin de compte, c’est quoi résister en 2025 ? Ces questions, nous les avons adressées aux étudiantes et étudiants en journalisme de l’IHECS et leur avons proposé de construire collectivement un dossier sonore dédié. Ci-dessous, retrouvez l’ensemble des podcasts produits pour questionner les résistance(s).
La rédaction
Réseaux, manifs, syndicats : les jeunes s’engagent-ils pour leurs droits ? « No pasarán » : l’histoire d’un slogan intemporel Les radios libres, porte-voix des résistances Mamie et la mémoire de la résistance Squatter, c’est résister ? Quand les célébrités s’engagentThe post Résistance(s): série de podcasts appeared first on Mammouth Média.
Comment recaser les anciens employés d’Audi Bruxelles ?
Photo: Noé Roeland et Léa Pissart
Après la fermeture de l’usine Audi Brussels, l’heure est à la reconversion pour les anciens travailleurs. Des mesures sont mises en place pour aider ces nombreux demandeurs d’emplois, notamment le job day organisé à Anderlecht ce jeudi 3 avril. Pourtant, tout le monde n’y retrouve pas son bonheur.
Le monde afflue à la salle “The Egg” , près du centre d’Anderlecht, à deux pas de la gare du Midi. Pendant que certains font encore la file pour entrer, d’autres déambulent entre les stands, à la recherche de ce qui fera leur avenir. Une chose les rassemble : leur carrière passée chez Audi, brusquement interrompue par la fermeture de l’usine le 28 février 2025.
Aujourd’hui, Actiris, le VDAB et le Forem se sont concertés pour leur organiser un job day “sur mesure”. Parmi les invités, une septantaine d’entreprises qui cherchent à recruter des profils correspondant aux compétences des anciens travailleurs Audi. Selon Christina Amboldi, DG d’Actiris, les offres d’emploi disponibles sont suffisantes pour permettre aux anciens travailleurs de l’usine de Forest de rebondir : “Dès la fermeture de l’usine Audi, on a été rapidement interpellés par des fédérations d’employeurs. Elles nous ont signalé qu’elles étaient en recherche de profils comme les ex-employés d’Audi. D’où l’apparition de ce job day. Aujourd’hui, l’important, c’est de montrer aux travailleurs qu’il existe des opportunités et qu’ils ont les compétences requises. Mais surtout qu’ils ne doivent pas baisser les bras !”.
Si le job day est ouvert à tous, la matinée est exclusivement réservée aux anciens travailleurs d’Audi, ce qui leur donne une place prioritaire chez les recruteurs présents aujourd’hui. Durant cette journée, les demandeurs d’emplois pourront retrouver pas moins de 5.000 offres, selon Bieuc Janssens de Varebeke manager chez Agoria Brussels. “2900 en flandre, 1200 en Wallonie et 1700 à Bruxelles. On s’est assuré que toutes les offres correspondent au profils des différents demandeurs”, explique-t-il.
Nous venons de nous faire refuser une offre car nous ne parlions pas néerlandais. Je trouve que c’est de la discrimination.
– Marjorie, ancienne employée d’Audi BrusselsLes conditions semblent donc réunies pour assurer un avenir professionnel à toutes ces personnes qui se sont retrouvées sans emploi du jour au lendemain. Et pourtant, les réactions des participants sont mitigées, et le choc de la fermeture toujours présent dans les esprits. Marjorie et Catherine ont respectivement travaillé 8 et 6 ans pour Audi Bruxelles. Elles témoignent : “Quand on rentre dans une multinationale, on se dit que notre avenir est tracé et que l’on va faire toute notre carrière ici. Nous restons ambitieuses. On a trouvé deux ou trois stands intéressants. Mais lorsqu’on envoie un CV, on ne se fait pas toujours accepter”. Catherine a 50 ans. Retrouver de l’emploi à cet âge, c’est compliqué. De plus, certaines offres sont en néerlandais, une langue qu’elle ne maîtrise pas. “Nous venons de nous faire refuser une offre car nous ne parlions pas néerlandais. Je trouve que c’est de la discrimination. À l’usine, il y avait plusieurs langues, une sorte de multiculturalisme. Cela change beaucoup de choses pour nous. “
Marjorie n’est pas la seule à évoquer la question de l’âge. Marc (nom d’emprunt) a aussi perdu l’emploi avec lequel il se voyait achever sa carrière. A 50 ans lui aussi, il cherche avant tout de la stabilité dans son nouveau travail mais considère son âge comme un frein. A formation égale, il estime avoir moins de chance d’être engagé qu’un jeune travailleur de 25 ans. Pourtant, les recruteurs nous l’assurent, il n’y a aucune discrimination à l’embauche. Ils recherchent des profils diversifiés et les personnes plus âgées ont l’avantage d’avoir de l’expérience. Marc, pourtant, n’est pas convaincu. Un job lui a déjà été refusé car il était ”trop cher” à embaucher.
Peu importe le nombre d’années passées au service d’Audi Bruxelles, l’expérience vécue et la fermeture brutale de l’usine a laissé chez les travailleurs une trace indélébile : la confiance dans le secteur automobile est définitivement rompue. Ils sont nombreux à considérer très prudemment les offres d’emploi disponibles dans le monde de l’industrie.
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Quand la police et les enfants tissent des liens à Bruxelles
Photos : Léa Pissart & Ibrahim M.D
Parfois victime d’une mauvaise réputation auprès des jeunes, la police organise des rencontres dans les écoles pour améliorer la communication. Ces exercices, appelés « Team School », sont un moment de partage et d’immersion pour les jeunes. Reportage et podcast.
Un vent froid couplé à des soudaines et brèves averses règne sur le Parc de Saint-Josse. Malgré le temps rude, l’atmosphère est gaie. Des rires, cris et applaudissements des enfants résonnent. Ils sont bien encadrés par leurs enseignants. Ce sont les élèves de 6 écoles différentes qui sont rassemblés aujourd’hui pour faire connaissance avec la police. Des policiers de la brigade canine de la zone de police Bruxelles Nord sont venus leur faire une impressionnante démonstration.
L’événement s’inscrit dans le cadre du projet « Team School », le nouveau nom sous lequel sont rassemblées toutes les activités initiées depuis 24 ans par la police Bruxelles Nord dans le but de renforcer les relations de la police avec les écoles de la zone. « C’est un projet qui vise à établir la confiance entre les jeunes et la police. Vous conviendrez avec moi que la police est perçue négativement à travers les médias. C’est pourquoi elle essaye d’améliorer son image et redorer le blason de sa fonction. On sent un engouement des jeunes pour travailler comme policiers« , explique le Commissaire AdilAkhandaf, directeur des Opérations du Commissariat 4 de Saint-Josse-ten-Noode. « Cela fait depuis 25 ans que nous les faisons pour établir la confiance entre les jeunes et la police. Il ne s’agit pas uniquement d’améliorer la confiance avec les jeunes, mais aussi d’établir un contact avec la direction de l’école. Si jamais il y a des soucis, ils auront un lien direct », précise le commissaire.
« En prison! En prison! »Dans la joie et l’allégresse, les élèves, leurs enseignants, et même des parents venus pour la circonstance assistent à des démonstrations. Celle de dressage de chiens policiers émerveillent les enfants. « Vous voyez, ils obéissent aux ordres des policiers. Ils comprennent les différentes langues« , remarque la petite Marie.
Ensuite, les enfants ont droit aux réactions de la police face aux fauteurs de troubles à l’ordre public. Un des policiers se déguise en citoyen fort peu exemplaire. Il attaque les passants. Il vole. Il casse tout. Et à chacune de ses mauvais comportements, des éléments de la police arrivent à le maîtriser. En chœur, les élèves crient « En prison ! En prison ! » et scandent « La Police ! La Police !« .
Plusieurs autres démonstrations s’enchaînent pour le plaisir des enfants. « Je comprends maintenant le beau travail de la police. J’ai hâte d’intégrer la police pour arrêter les voleurs« , dit l’un d’eux. « C’était chouette ! Franchement, j’ai beaucoup aimé ! J’ai été surpris quand il a sorti le pistolet et tiré mais c’est bien !« , s’exclame un autre. Chacun reçoit d’un policier une carte sur laquelle le sont inscrits son nom, son numéro et l’adresse de son service. Les élèves sont fiers d’avoir un ami policier. « Nous on connaît Agin, on connaît Suleymane, et une autre madame nommée Dikassa, ils sont tous des policiers, ce sont nos héros« , s’exclament les enfants.
Les exercices semblent porter leurs fruits. « Il y a déjà des zones de police qui prennent contact avec nous pour reproduire le même travail parce qu’il y a beaucoup d’avantages« , affirme avec fierté le commissaire Akhandaf. Du côté des écoles aussi, les exercices sont appréciés. « Si jamais il y a des soucis à l’école, la direction a les coordonnées de la police et prend plus rapidement attache avec elle« , remarque une enseignante.
Avec les 163 écoles et 93 crèches réparties entre Schaerbeek, Evere et Saint-Josse, les trois communes couvertes par la police Bruxelles Nord, les 90 policiers au service du projet « Team School » ont encore du pain sur la planche. Il leur manque du personnel car la tâche est immense.
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Percer les mystères de la Dark Zone du Groenland
Photos: IMAQA_Expeditions
IMAQA est une jeune organisation belge qui réalise des expéditions scientifiques dans des environnements extrêmes, notamment les régions polaires. Son équipe présentait début avril son nouveau documentaire “Expédition pionnière en Dark Zone”, qui montre les recherches scientifiques, menées en collaboration avec des institutions académiques dans des conditions extrême au Groenland.
En 2022, l’expédition Nanok a permis à deux aventuriers belges de traverser le Groenland en ski, kayak et escalade, sans assistance. Au-delà de l’exploit sportif, l’aventure avait un objectif scientifique et a permis de collecter des données pour la recherche climatique. L’été dernier, après 6 mois de préparation, les aventuriers sont repartis pour une expédition scientifique à travers la Dark Zone du Groenland. Située dans le sud-ouest du territoire groenlandais, à des altitudes qui varient entre 400 et 1700 mètres, cette zone de glacier sombre est particulièrement intéressante pour les scientifiques. La poussière, les algues et la pollution y rendent en effet la fonte des glaces plus rapide.
Comprendre le changement climatique en région polaireTrois explorateurs sont à la base de ce projet. Gilles, Kyril et Alexandre, sont respectivement physicien, chimiste/entrepreneur et ingénieur spécialiste des médias. En partant à l’aventure dans une région extrême, ils veulent faire avancer la science et la recherche. Pour l’anecdote, le nom d’IMAQA est né lors de l’expédition Nanok. C’est le nom d’une voie d’escalade du Groenland qui signifie « Si la nature le veut », ce qui reflète bien la manière de penser de l’équipe.
L’objectif d’IMAQA est de prélever des échantillons d’eau provenant de terminus glaciaires, marins et terrestres pour les recherches de l’Université Catholique de Louvain (UCL), et l’Université Libre de Bruxelles (ULB). Grâce à ces prélèvements, il est possible d’étudier l’impact sur les écosystèmes et sur la biodiversité. Un des objectifs est d’étudier la poussière présente dans la Dark Zone. Celle-ci provoque un changement de couleur des glaciers qui passent donc de blanc à noir. Une fois recouverte de cette poussière ou de particules sombres, la neige absorbe plus de chaleur, accélérant ainsi la fonte des glaces. Comprendre ce phénomène permet aux scientifiques d’obtenir des informations sur les changements de niveau d’eau et de mieux comprendre le changement climatique en région polaire.
L’équipe, forte de sa connaissance des milieux hostiles, agit comme un guide dans ces régions qui ne sont pas connues, explique Frank Pattyn, professeur en géosciences à l’ULB. Un des points très importants dans ces expéditions est qu’il y a une préparation au terrain extrême à l’avance, ce qui permet de désamorcer les situations au préalable. La préparation permet de repousser les limites du matériel à l’extrême et de créer une symbiose entre le côté aventurier et le côté scientifique.
Un modèle de financement diversifiéAu niveau du financement, IMAQA s’appuie sur quatre piliers : sponsoring, mécénat, subsides et paiements des scientifiques. Le partenaire principal est Sysenqo, un centre de recherche et d’innovation basé à Bruxelles. Le projet perçoit aussi des subsides de la Région bruxelloise pour donner des ateliers dans les écoles. Pauline Querella du pôle pédagogique, explique qu’il y a trois objectifs principaux à ces ateliers : susciter l’intérêt au STEM (un américanisme désignant quatre disciplines : science, technologie, ingénierie et mathématiques), sensibiliser à la beauté et la fragilité de la nature et enfin motiver les jeunes de croire en leurs rêves. En 2024-2025, 50 ateliers ont été menés avec un total de 1.500 élèves concernés. Selon le type d’enseignement, le contenu des ateliers varie : en maternelle, ils portent sur l’éveil scientifique, tandis qu’au niveau secondaire, ils abordent les effets du changement climatique avec une approche plus scientifique. De quoi susciter les vocations des scientifiques et des aventuriers de demain.
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Les radios libres, porte-voix des résistances
« Radios libres : porte-voix des résistances » est un podcast qui explore le rôle des radios associatives, militantes et libres aujourd’hui. À travers les voix de Radio Campus ULB et Radio Panik, nous plongeons dans l’univers de celles et ceux qui occupent les ondes pour informer, questionner et bousculer l’ordre établi.
Pourquoi ces radios existent-elles ? Quels combats portent-elles ? Comment continuent-elles à faire entendre des voix dissidentes dans un paysage médiatique saturé, tout en étant parfois subventionnées par l’État ?
Entre archives sonores, témoignages et analyses, « Radios libres : porte-voix des résistances » décrypte ces espaces où la parole reste libre, vivante et engagée, malgré les défis financiers et politiques auxquels elles font face.
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Squatter, c’est résister ?
À Bruxelles, des milliers de personnes peinent à se loger pendant que des bâtiments restent vides. Certains occupent ces lieux, avec ou sans autorisation, par nécessité ou par conviction.
Squatter devient plus qu’une solution de logement temporaire. C’est un moyen d’agir, de créer du lien, de développer des projets sociaux ou artistiques. A Bruxelles, l’ASBL Communa est parvenue à normaliser l’occupation temporaire et à en faire un levier d’action.
Nous avons rencontré Balthazar, Olivier et Maxime, qui chacun à leur façon, donnent un sens à ces nouvelles manières d’habiter.
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« No pasarán » : l’histoire d’un slogan intemporel
Image générée par IA
Ce 22 mars 2025 avait lieu la journée mondiale de la lutte contre le racisme et le fascisme. Dans les rues, deux mots ont rythmé les manifestations : “No pasarán”. Retour en podcast sur un slogan qui a traversé les époques.
De la Première Guerre mondiale jusqu’à aujourd’hui, « No pasarán » est scandé par les anti-fascistes du monde entier. Des manifestations aux chants de résistance, en passant par les discours politiques, le slogan est devenu un véritable symbole.
Si sa première apparition date du début du 20e siècle, c’est la radio qui, en 1936, le popularise, avec un discours de Dolores Ibarruri, députée communiste espagnole, diffusé en direct. Elle y exhorte les républicains espagnols à résister contre les nationalistes en scandant “No pasarán”.
Depuis, le slogan a été réutilisé sous plusieurs formes et par différents partis et personnalités, quitte à ce que son message initial soit parfois dénaturalisé. Mais quelles que soient les nuances, le slogan répond toujours au même objectif: lutter contre la montée du fascisme et l’extrême droite.
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Quand Trump restreint l’accès à l’information en Afrique
Photo : D.R
C’est un chapitre de l’histoire des médias qui se referme… Voice of America (VOA), le service de diffusion internationale financé par le gouvernement américain, vient d’éteindre définitivement ses micros. Après 83 ans d’existence, ce géant de l’information, présent dans près de 50 langues et porté par plus de 1 300 journalistes, a été stoppé net par un décret du président Donald Trump. Une décision brutale qui marque la fin d’une ère. Mais que signifie vraiment cette fermeture pour les médias africains partenaires de VOA ? C’est ce que nous allons décrypter, ensemble, dans cet épisode avec le promoteur de la radio Sahara FM d’Agadez au nord du Niger. Il a été réalisé par Ibrahim Manzo Diallo, stagiaire de l’ARES.
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Réseaux, manifs, syndicats : les jeunes s’engagent-ils pour leurs droits ?
Après la déclaration gouvernementale de l’Arizona, 100.000 Belges sont descendus dans la rue, le 13 février dernier, pour défendre les acquis sociaux. Les jeunes participent-ils encore aux combats collectifs ?
Abraham Franssen, sociologue à l’Université Catholique de Louvain (UCL), Adam Assaoui porte-parole de la Fédération des Étudiants francophones (FEF), Nel Van Slijpe représentant national des jeunes du syndicat CSC, ainsi que des jeunes concernés (ou non) apportent des éléments de réponse dans ce podcast.
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Quand les célébrités s’engagent
L’actualité est un terrain marqué de vives tensions : entre la guerre en Ukraine, le conflit Israël Palestine, et la montée de Donald Trump au pouvoir des États Unis. Et dans ce chaos, les stars cherchent leur place, entre soutien, polémique et influence.
Les célébrités ne peuvent plus se contenter de briller sous les projecteurs avec les sujets qui dominent l’actualité. Sous la pression du public, beaucoup sont poussées à prendre position publiquement. Mais derrière ces prises de parole, quelle est la véritable intention ? Est-ce un engagement authentique ou une simple stratégie de visibilité ? Dans l’arène des réseaux sociaux, chaque mot est scruté, chaque silence interprété, transformant l’opinion en un véritable terrain de jeu médiatique.
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Mamie et la mémoire de la résistance
Mes arrière-grands-parents ont été résistants durant la Seconde Guerre mondiale. Je ne les ai pas connus, mais grâce à ma grand-mère, j’ai pu les imaginer. Je suis allé la voir pour qu’elle me raconte la vie sous occupation qu’ont vécue ses parents.
La Belgique sans mémoire de résistance ?Plus de 150.000 résistants belges se sont battus pour défendre leurs libertés contre l’Allemagne nazie. Pourtant, la Belgique a très peu reconnu et valorisé cette partie de son histoire, contrairement à son voisin français. La raison : les difficultés communautaires après la guerre. La question royale, la montée du nationalisme flamand et wallon, ainsi que la radicalité de certains groupes résistants sont les principales causes de ce manque de reconnaissance. Cependant, un nouvel intérêt politique et historique pour la Résistance émerge aujourd’hui en Flandre. Face à la montée de l’extrême droite, le monde scientifique et certains partis de gauche cherchent à mettre en avant cette période de lutte et d’engagement.
Un podcast réalisé par Noah Potloot et Robin D’Aout
Pensée pour Mémé (née Daisy, vécue Georgette), Bon-Papa (Fernand), Mamy (Annie) et Papy (Joseph).
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Quand la Justice ne suit plus
Crédit photo: Bastien Hanot
“On a pas le temps”. Ce lundi 24 mars, le procès Black Eagle se poursuit devant la Cour d’appel de Bruxelles. Un nouveau méga-dossier qui ralentit considérablement le fonctionnement de la Justice, dont les besoins sont criants. Manque de magistrats, manque de moyens, surcharge de travail menacent l’État de droit.
Le dossier “Black Eagle” fait partie des plus grandes affaires liées au narcotrafic traitées par la Justice bruxelloise ces cinq dernières années. L’enquête avait commencé en septembre 2020 suite à la découverte de plusieurs kilos de cannabis et de grandes quantités d’acétone dans un garage bruxellois.
Au cours des deux prochains mois, 35 prévenus comparaitront devant les magistrats de la quatorzième chambre de la Cour d’appel de Bruxelles. Ces deux mois ne sont que la partie visible de l’iceberg. Préparer un tel procès requiert d’analyser des “cartons” comportant des centaines de pages, explique un magistrat, que nous avons interrogé au Palais de Justice. Un magistrat aguerri aurait besoin d’au moins un jour pour traiter un seul carton. Or, le procès Black Eagle en comporte 150! Après l’analyse des cartons, comptez un mois et demi pour rédiger l’arrêt. Résultat : toutes les autres affaires prévues entre novembre 2024 et juin 2025 devant la quatorzième chambre du tribunal ont été reportées.
Les moyens dédiés à la Justice ne suivent pas face au nombre d’affaires. D’après la dernière étude du Collège des cours et des tribunaux, un juge travaille en moyenne 52,8 heures par semaine. Le chiffre monte à 54 heures pour les Cours d’appel et tribunaux de première instance. “Je ne connais pas un magistrat qui ne travaille pas 6 jours sur 7”, nous glisse l’un d’entre eux. Toujours d’après la même étude, il faudrait 43% de juges supplémentaires pour traiter les nouvelles affaires dans les meilleurs délais. La Cour d’appel de Bruxelles est la plus touchée par ce manque de magistrats, au point que des magistrats du civil ont dû être attribués aux méga-dossiers correctionnels. Par effet domino, la Cour d’appel de Bruxelles a annoncé la suspension temporaire de l’activité d’une chambre civile.
“Si on ne réagit pas maintenant, je ne mise pas sur une justice efficace dans 20 ou 30 ans”
Pour les magistrats et les greffiers que nous avons rencontrés, le constat reste le même : trop de dossiers, trop peu de juges, trop peu de moyens. Les tribunaux sont débordés, la Justice est lente. Or, une Justice lente, c’est une Justice fragilisée. Quand il faut des mois, voire des années, pour qu’un jugement soit rendu, c’est l’État de droit qui vacille. Ce principe démocratique repose, notamment, sur la capacité de chacun à faire valoir ses droits dans un délai raisonnable. Pour les victimes, l’attente d’une décision judiciaire, surtout pour des affaires de violences ou de préjudices graves, devient une épreuve supplémentaire, témoigne un avocat, croisé en marge du procès Black Eagle. Cette lenteur joue également sur la crédibilité même du système judiciaire, envers lequel peut s’installer la méfiance des citoyens. “Devra-t-on bientôt renoncer à faire appel ? ”, s’interroge-t-il.
Le constat n’est pas neuf, mais, les réformes nécessaires pour alléger la charge des tribunaux se font attendre, au grand dam de la magistrature. Le 19 mars dernier, se tenait le procès fictif “Justice contre État belge” qui dénonçait les problèmes découlant du sous-financement du secteur judiciaire. Cela devient urgent, soupire un juge rencontré au Palais de Justice. “Si on ne réagit pas maintenant, je ne mise pas sur une justice efficace dans 20 ou 30 ans”.
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Black Eagle : le réseau albanais qui inondait la Belgique de cocaïne
13,4 millions d’euros: ce sont les gains estimés d’un réseau présumé de narcotrafiquants albanais, qui a distribué de la cocaïne à travers toute l’Europe, depuis la Belgique, durant plusieurs années. En première instance, le tribunal correctionnel de Bruxelles avait condamné 35 des 40 prévenus, et les cerveaux présumés du réseau avaient écopé de neuf ans de prison. Une peine trop clémente pour le paquet fédéral, qui a interjeté appel.
Menottés, guidés et surveillés par des policiers, trois détenus pénètrent la salle du tribunal l’un à la suite de l’autre. Soupçonnés d’être les cerveaux d’un vaste réseau de trafic de drogue, les trois hommes s’asseyent face au président pour le troisième jour de leur procès en appel. Ils écoutent les interrogatoires de leurs complices qui, eux, sont libres n’étant impliqués que de plus loin dans cette affaire. Ils risquent une peine plus lourde que l’emprisonnement de neuf années auquel ils ont été condamnés en première instance. Le procès, qui ne fait que débuter, devrait durer deux mois, en raison de la densité du dossier. Conséquence : la justice belge est chamboulée et tout prend beaucoup plus de temps.
Des gangsters en col blanc
Le réseau, actif dans toute l’Europe, était, et c’est le moins que l’on puisse dire, très bien organisé. Selon Guillaume Lys, l’avocat de l’un des cerveaux du cartel, cette organisation criminelle avait un seul et unique but : l’argent. A l’en croire, ils n’auraient pas eu recours à la violence comme d’autres gangs de narcotrafiquants. “Ce n’était pas un trafic violent. Eux, ils étaient surtout là pour le business.”
La cocaïne entrait en Belgique, dissimulée dans du ciment, du charbon, et même de la pulpe de fruits, via les ports d’Anvers et de Beveren. Peu avant l’entrée des porte-conteneurs dans ces ports belges, le réseau passait déjà à l’action. Pendant que des observateurs surveillaient, à distance, l’entrée des bateaux dans les eaux belges, des extracteurs se rendaient en canoë pneumatique sur les cargos concernés par le trafic. Leur mission était de récupérer la cocaïne avant les contrôles douaniers.
En pleine action, les cerveaux du groupe partageaient leurs directives de travail via la messagerie cryptée Sky ECC. Selon les conclusions de l’enquête, l’un des chefs du réseau, Stefane (nom d’emprunt), faisait également passer ses consignes via son épouse lorsqu’il était déjà en prison. À l’occasion de l’audience du jour, cette dernière a reconnu les faits. Elle aurait agi par “besoin d’argent”.
La Belgique, centre de tri à ciel ouvert
Dans les laboratoires du réseau, dans la majorité des cas de simples garages transformés, les petites mains étaient chargées de traiter la matière stupéfiante avec de l’acétone. Ce solvant chimique, régulièrement utilisé par les dealers du monde entier, permet d’éliminer les impuretés et d’affiner la drogue avant sa distribution.
C’est d’ailleurs la découverte d’une grande quantité d’acétone dans un garage situé à Evere, en région bruxelloise, qui a mis la puce à l’oreille de la police. Après quelques fouilles supplémentaires, les forces de l’ordre ont également mis la main sur une grande quantité de cannabis. Au cours des mêmes perquisitions, la police a aussi saisi un volumineux tonneau par lequel 600 kilos de poudre blanche avaient transité. Assez d’indices pour permettre le lancement d’une vaste enquête, qui a débuté en septembre 2020.
Sky ECC, une messagerie d’un nouveau genre
Afin de communiquer le plus discrètement possible, les membres de l’organisation criminelle utilisaient le réseau de communication crypté Sky ECC. Cette messagerie chiffrée ultra-sécurisée était utilisée principalement par des criminels pour communiquer à l’abri des écoutes policières. Elle fonctionnait via des téléphones, sans caméra et avec un micro limité, et les communications étaient étaient chiffrés de bout en bout, rendant les messages en théorie quasiment impossibles à intercepter. En mars 2021, toutefois, différentes autorités européennes ont réussi à pirater le système et à intercepter des millions de messages, permettant une vague massive d’arrestations et la chute de nombreux réseaux criminels. Un important procès s’est conclu en décembre dernier par la condamnation à de lourdes peines.
Dans le dossier Black Eagle, qui constitue un autre volet de l’enquête, le procès en appel, est conséquent. On parle d’un dossier de 180.000 pages, soit autant que celui consacré aux attentats de Bruxelles. Un volume à l’image de la complexité du réseau que les trafiquants avaient réussi à mettre en place.
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Mystère, étoile montante du drag à Bruxelles
Clara Ligot
La jeune drag queen Mystère incarne une nouvelle génération d’artistes bruxellois qui mélangent créativité, humour et engagement. En à peine un an de performances, elle s’impose comme une figure montante du drag bruxellois, repoussant les frontières du genre et offrant une réflexion sur la société.
Lorsqu’il n’incarne pas Mystère, son personnage de drag queen à l’univers clownesque, Hugo, 22 ans, est étudiant en sciences politiques. Depuis ses débuts sur scène il y a moins d’un an, Mystère s’impose déjà comme l’une des étoiles montantes du drag à Bruxelles. Son look est unique : make-up de clown féminin, boule à facettes, talons à plateformes et costumes faits main. Dans un climat où les identités LGBTQIA+ font encore débat, Mystère incarne un drag à la fois artistique et engagé. À travers ses performances, elle interroge les codes sociaux et repousse les frontières du genre.
Le visage d’Hugo, étudiant en sciences politiques, avant de se transformer en Mystère, une drag queen aussi pleine de revendications que son créateur.Pour toi, qu’est-ce que c’est le drag ?
Pour le résumer assez simplement, le drag c’est l’art queer de jouer avec le genre et avec le corps. Jouer avec le corps, parce que c’est souvent lié à la performance scénique : danse, chant, lipsync, etc. Et genre, parce que c’est jouer avec les codes du genre. Les drag queens sont très connues et jouent avec les codes de la féminité. Mais il existe également des drag kings qui jouent avec les codes de la masculinité. Et à Bruxelles, on a aussi beaucoup de drag queers qui jouent avec le genre en général et qui ne se mettent pas dans une définition de masculin ou féminin.
Qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer dans le drag ?
Cela fait très longtemps que j’adore le drag. Je l’ai découvert grâce à l’émission RuPaul’s Drag Race, une téléréalité célèbre aux États-Unis, et désormais dans le monde, qui a vraiment contribué à populariser le drag. J’avais 16 ans et cette émission m’a fait beaucoup de bien car on y voyait des personnes queer, des personnes comme moi. Et puis, quand je suis arrivé à Bruxelles, j’ai commencé à aller voir des shows. J’y ai rencontré Mentalo, qui faisait déjà du drag et m’a un peu poussé à sortir en drag à mon tour. Au début, on se maquillait seulement et on allait voir des shows. Puis au bout d’un moment, je suis monté sur scène moi aussi.
Qu’est-ce qui rend la scène drag bruxelloise et belge unique ?
La scène drag bruxelloise, c’est d’abord une scène ultra bienveillante, où de plus en plus de nouvelles personnes s’essayent au drag, dans un environnement diversifié et vraiment accueillant. En Belgique, le drag reste aussi très humble et créatif. Il est donc moins dans l’obsession des paillettes et du look de star comme on peut le voir aux États-Unis depuis RuPaul’s Drag Race. Ici, c’est axé sur l’art, le message, et la liberté d’explorer d’autres univers.
Peux-tu préciser ce que cette diversité signifie concrètement ?
À Bruxelles, la scène est vraiment diversifiée, et on veille à ce qu’il y ait de la place pour tout le monde. Cette diversité va des drag kings du collectif Barakakings, aux artistes freaks explorant les thèmes de l’horreur et de la monstruosité, jusqu’aux collectifs comme Peaux de Minuit, qui offrent une visibilité aux personnes racisées dans un milieu qui reste majoritairement blanc, il faut l’avouer. Tout cela se mélange, chacun s’invite dans l’univers des autres. Aussi, de nombreux de shows intègrent des revendications politiques. C’est donc cette bienveillance, cette diversité, et cet engagement qui rendent la scène drag belge unique.
Place maintenant à la question bateau du journaliste : le drag est-il politique ?
D’un côté, j’ai envie de dire oui, car le simple fait qu’on existe crée débat. Si on regarde les plateaux en France par exemple, dès qu’une drag queen fait une apparition publique, on parle de « wokisme » et d’endoctrinement des enfants. Nos existences et notre travail sont politiques parce qu’on n’a clairement pas encore notre place. Je pense aussi que beaucoup d’entre nous dans la communauté sont très politisés, et que nous avons un peu dû le devenir, car nous avons des revendications non seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour les autres. Et finalement – c’est mon côté étudiant en sciences politiques qui parle – qu’est ce qui n’est pas politique ? J’ai une performance notamment qui parle du genre masculin qui peut être très toxique et violent, et une autre en préparation sur la montée de l’extrême droite. Donc oui, je pense que le drag est politique, même si cela reste un concept large et peut parfois vouloir dire tout et n’importe quoi.
Nos existences et notre travail sont politiques parce qu’on n’a clairement pas encore notre place.
Comment réagis-tu à la montée des discours haineux et des mouvements extrémistes en Europe ? L’art en est-il influencé ?
Ah oui, il en reste très influencé parce qu’en fait on réagit. Il y a vraiment un climat ambiant où les personnes queer et surtout les personnes trans et non-binaires sont le bouc émissaire de l’extrême droite. Et ce qui est très énervant dans ce débat, c’est qu’on ne nous laisse jamais la place et la parole. Par exemple, suite au sketch queerphobe du Grand Cactus [NDLR : En septembre 2024, un sketch du Grand Cactus parodiant les identités trans et non-binaires a suscité des critiques et des plaintes auprès du CSA, conduisant la RTBF à présenter ses excuses], ou encore la polémique des drag queens présentes à la cérémonie d’ouverture des J.O., on ne nous a jamais invités sur un plateau télévisé pour créer un dialogue et donner notre avis. Il suffit que chacun fasse un pas vers l’autre : à nous d’aller vers ceux qui ne nous comprennent pas, et à eux de faire l’effort de s’intéresser.
Comment Mystère joue-t-elle avec les normes et les codes sociaux ?
Je pense qu’au départ, Mystère a beaucoup brisé les normes pour Hugo, dans le sens où elle m’a vraiment permis de jouer avec mon genre à moi. Elle brise les normes rien qu’en existant, parce que le drag n’est pas dans les normes. Et puis c’est surtout en performance et parfois aussi par message. Elle essaye de mettre du flou sur le genre dans le sens large, et sur le genre qu’elle représente. Elle a clairement un genre féminin avec les habits qu’elle porte, son make-up et ses attitudes. Mais j’aime aussi beaucoup jouer avec l’androgynie car je n’ai pas forcément envie qu’elle se résume simplement aux codes de la féminité. Parce que c’est possible, on peut jouer avec tout et c’est très drôle. Au final, le genre c’est une performance. Judith Butler, une philosophe américaine, explique d’ailleurs que chacun est en quelque sorte une drag queen en adoptant les codes du genre qui lui ont été assignés.
Quel regard portes-tu sur ton avenir en tant que drag queen ?
J’ai surtout envie que ça dure ! Cela fait moins d’un an que j’ai commencé la scène, et le drag est un art dans lequel je me sens vraiment bien, qui a ravivé ma créativité. J’aimerais trouver un métier compatible avec le drag, car pour l’instant, en Belgique, il ne permet pas d’en vivre. Je souhaite pouvoir continuer à l’explorer longtemps.
Au final, le genre c’est une performance.
« Mystère a clairement un genre féminin avec les habits qu’elle porte, son make-up et ses attitudes. Mais j’aime aussi beaucoup jouer avec l’androgynie car je n’ai pas forcément envie qu’elle se résume simplement aux codes de la féminité. »The post Mystère, étoile montante du drag à Bruxelles appeared first on Mammouth Média.
Au Royaume-Uni, mourir coûte cher
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Au Royaume-Uni, mourir coûte très cher. L’augmentation des prix funéraires s’explique par l’inflation, mais pas que. Dans cet explainer, on te montre pourquoi la spéculation boursière joue un rôle important. Au fait, en Belgique, ça dit quoi ? Chez nous aussi, de plus en plus de grands groupes rachètent des pompes funèbres indépendantes, en augmentant leurs parts de marché.
On observe une augmentation des prix funéraires: 71% depuis 20 ans (alors que le coût de la vie n’a augmenté « que » de 55%). La tendance est donc similaire, même si elle est moins forte qu’au Royaume-Uni.
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Thibaut Courtois: un retour qui ne se passe pas comme prévu
Tedesco parti, Garcia arrivé, et Courtois de retour. Après 21 mois d’absence, marqués par des tensions avec l’ancien sélectionneur, le gardien du Réal Madrid retrouvait enfin les Diables Rouges la semaine dernière. Son come-back divise, tant l’attitude du portier n’a pas plu à tous. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il ne s’est pas déroulé au mieux.
En se retournant pour le troisième fois, jeudi 20 avril, sur un goal d’Illia Zabarnyi qui scellait la déroute des Diables rouges contre l’Ukraine, Thibaut Courtois s’est peut-être demandé s’il avait bien fait de revenir en équipe nationale. Beau joueur, il déclarait après le match que “parfois, c’est bien de prendre une défaite comme celle-là pour se réveiller dimanche.” L’avenir lui a donné raison… même s’il n’était pas sur le terrain pour la remontada à Genk, victime, selon l’Union belge, d’une surcharge musculaire. Bref, ce retour avec l’équipe nationale n’aura pas laissé un souvenir impérissable au gardien du Réal.
Deux ans plus tôt, le 17 juin 2023, Courtois disputait ce qui serait son dernier match avec la sélection avant longtemps. Déçu par le manque de considération de la fédération belge et par la décision de Domenico Tedesco d’attribuer le brassard de capitaine à Romelu Lukaku, le portier du Réal Madrid choisit de quitter le groupe deux jours plus tard. Une conférence de presse est immédiatement prévue et Domenico Tedesco ne fait pas dans la dentelle : “On avait décidé que Romelu serait capitaine contre l’Autriche et Thibaut contre l’Estonie. C’était OK. Après le match, il s’est senti offensé de cela. Je suis surpris et choqué. Une blessure ? Ça serait facile pour moi de dire qu’il est blessé. Mais ce serait un mensonge de ma part.” Dans la soirée, Thibaut Courtois lui répond et l’accuse d’avoir « fourni un compte rendu partiel et subjectif de leur conversation, les évaluations de l’entraîneur ne correspondaient pas à la réalité. »
Six mois plus tard, le gardien du Réal, qui est en train de se remettre d’une rupture des ligaments croisés, attaque Domenico Tedesco et annonce qu’il ne participera pas à l’Euro 2024 en Allemagne : “Si j’ai de la chance, je pourrai rejouer en mai. Mais je ne serai jamais prêt à 100% pour un grand tournoi. Je ne vais pas y aller pour être dans le but à 80%, alors que nous avons d’autres bons gardiens. Le match contre l’Autriche était mon 102e avec les Diables Rouges, et un hommage était prévu pour ma centième sélection. Quand il a dit que Romelu était capitaine contre l’Autriche et que j’étais capitaine contre l’Estonie, quelque chose s’est brisé en moi.”
Enfin, en mars, soit trois mois avant le début du tournoi continental, le gardien formé à Genk en remet une couche : “Il n’y a rien de neuf de mon côté, aucune nouvelle information. Je pense avoir tout fait, j’ai tout essayé. Mais la dernière info que j’ai reçue, c’est celle qu’il a communiquée dans les médias.” Ambiance chez les Diables à l’aube de l’Euro allemand !
Une personnalité controversée mise en causeDans les mois qui suivent, le cas Courtois divise dans le vestiaire et auprès des supporters. Après l’épisode du brassard, le portier s’est véritablement mis le pays et sa propre sélection à dos, provoquant un tollé médiatique. Une polémique que l’équipe nationale aurait volontiers évitée à l’aube d’un Euro 2024, qui résonne encore comme un véritable échec sportif.
Si le comportement de Courtois n’a eu qu’un impact minime sur la prestation des Diables en Allemagne, il aura été un grand acteur du le licenciement du technicien de Stuttgart quelques mois plus tard. Finalement de retour, le grand portier s’est expliqué en conférence de presse lors de ce rassemblement du mois de mars : “Sans doute que j’aurais pu agir différemment par rapport aux joueurs de la sélection ou aux supporters. Parfois, je réagis fortement. Cela fait partie de mon caractère et il ne va pas changer”.
Un caractère intraitable irrite certains observateurs. Pourtant, comme le souligne Kévin Sauvage, journaliste sportif pour Sudinfo, c’est ce qui fait la marque des grands champions : “Je ne pense pas que Thibaut Courtois soit différent d’un Michel Preud’homme ou d’un Jean Marie Pfaff, deux anciens gardiens nationaux. Eux aussi avaient un caractère bien trempé.” Kévin Sauvage renchérit : “Un vestiaire c’est comme une entreprise, on est pas obligé d’être amis avec tout le monde. Les joueurs, qui sont sélectionnés aujourd’hui, si on leur dit que Courtois va les aider à remporter la coupe du monde 2026, ils signent forcément des deux mains.”
Le vestiaire des Diables regorge d’autres égos, tels que ceux de Kevin De Bruyne ou de Romelu Lukaku, qui ont eux aussi leur mot à dire. Mais à la différence de ces derniers, Courtois se montre parfois plus individualiste, comme le souligne Grégory Bayet, chef d’édition du pôle sport au sein du Groupe Rossel : “Il a déjà montré par le passé des attitudes plus égocentriques. Je me souviens, après l’Euro 2016 et l’élimination face au Pays de Galles, il s’en était vite pris à Marc Wilmots et sa tactique. Chez Courtois, on a senti que c’était vite la faute du groupe, celle des autres mais rarement la sienne.” Cependant, le journaliste précise : “Sans cette mentalité, il n’aurait pas eu sa carrière actuelle.”
Des supporters sportivement heureux, mais humainement déçusLe retour du portier du Réal de Madrid divise au sein même des supporters. Fabien De Ro, président des “The Flying Devils” et supporter des Diables rouges depuis des dizaines d’années, se dit content d’un point de vue sportif, mais ne voulait pas mettre la charrue avant les bœufs, à l’aube de la double confrontation décisive face à l’Ukraine : “Désormais, Courtois est là, mais on verra ce que l’avenir nous dira.” Le supporter espère toutefois que l’impact de Courtois va augmenter les performances des Diables, notamment par son expérience, son niveau de jeu actuel et son rôle dans l’accompagnement des jeunes.
Danny Lorge, le vice-président du club “Diables des collines” et organisateur des différents déplacements, a lui aussi un avis assez mitigé : “D’un côté, c’est le meilleur gardien du monde, donc c’est positif pour la qualité du football. D’un autre côté, après ce qu’il a fait, je ne pense pas que cela soit bénéfique pour le groupe.” Contrairement à Fabien De Ro, il pense que la présence de Courtois n’élèvera pas significativement le niveau de la sélection : “ Certes, il a son expérience derrière lui, mais je ne pense pas que c’est lui qui va faire une grande différence sur le terrain. Sinon on aurait déjà gagné la Coupe du Monde en 2018.” Il ajoute même qu’humainement “ce n’est pas une bonne chose pour le groupe”. Danny précise toutefois que les clés de cette affaire se trouvent dans les mains du nouveau sélectionneur, Rudi Garcia.
Un autre point sur lequel les deux supporters se rejoignent complètement est le comportement du portier aux 102 sélections par rapport à l’ancien sélectionneur Domenico Tedesco. “Son comportement était déplorable envers Tedesco. Même s’il n’a pas fait que des bons choix, il faut respecter l’homme et l’entraîneur qu’il est.”, dit Fabien. De son côté, Danny remet le caractère fort du portier en doute : “Quand on a un problème avec l’entraîneur, on se bat pour lui montrer qu’il a tort et on discute avec lui. On ne pleure pas et on ne prend pas le premier avion pour retourner à la maison.”
Entre enthousiasme et colère envers le gardien de 32 ans, les supporters des Diables rouges se chiffonnent sur ce “cas Courtois”. Fraîchement arrivé depuis le 24 janvier dernier, Rudi Garcia possède une grande confiance envers le gardien belge et veut au plus vite enterrer toute cette saga. Supporter des Red Devils depuis des dizaines d’années, Danny Lorge veut voir l’avenir de façon positive mais aussi réaliste : “Est-ce qu’on peut pardonner ? Quelque part tout le monde mérite une deuxième chance. Maintenant, c’est à lui de montrer qu’il veut gagner et aller dans le même sens que nous.” Le peuple belge attend donc d’être reconquis par le gardien qui avait fait vibrer toute une nation lors de l’épopée russe en 2018.
Retour gagnant… en tribunesSans surprise, le jeudi 20 mars sur le coup de 19h45, les supporters des Diables ont pu apprécier le choix de Rudi Garcia de titulariser le géant belge dans les cages belges. Mais malgré quelques grands arrêts, le portier n’a pas pu éviter la déroute belge à Murcie contre des Ukrainiens très efficaces. Souffrant, selon l’Union belge, d’une surcharge musculaire, il n’a pas été aligné dimanche dernier lors d’un match retour dans lequel les Belges se sont largement imposés (3-0). Certains observateurs auront pu tout de même remarquer la présence du portier belge en tribune, venu saluer l’incroyable performance de ses coéquipiers.
Un des enseignements du retour de Courtois lors de ce rassemblement de mars est que l’équipe belge a besoin de ses leaders si elle veut accomplir de grandes choses dans le futur. Des joueurs comme Kevin de Bruyne, Lukaku et même Courtois ont démontré que l’apport “des anciens” est nécessaire pour guider au mieux la future génération des Diables. Qu’on l’aime ou non, c’est peut-être ce caractère qui a fait de Courtois l’un des meilleurs gardiens du monde et de l’histoire des Diables rouges.
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Comme une trainée de cailloux
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Bruxelles est familière des consommateurs de crack. Elle en abrite dans ses métros, dans ses rues. Depuis quelques années, ce stupéfiant s’enracine dans la capitale. Ses usagers le consomment en grande partie dans l’espace public, ce qui leur vaut d’être parfois stigmatisés, souvent incompris. Entre police, milieu associatif et riverains, les imaginaires et les réponses à cette crise divergent. Balade dans Bruxelles sous crack, au cœur de ces approches contrastées.
La lumière blafarde d’une station de métro. Les murs en béton, le carrelage jaune défraichi. Une poubelle qui déborde, toujours. En haut de la pile tantôt une seringue, tantôt un sac-poubelle inoffensif. Des sièges rouge flamboyant qui font tache, comme s’ils voulaient donner une atmosphère de fête d’anniversaire à un enterrement. Deux escaliers bordent la station. Sur celui de droite, trois silhouettes, en quinconce. Et comme un accord tacite avec les passants qui dit, par peur ou par bon sens, il vaut mieux passer par l’escalator. Un homme assis, au milieu de la volée de marches, un briquet, une pipe. Il fume du crack.
Ce tableau se donne à voir entre les murs de la station de métro Ribaucourt. Cette dernière est une habituée des consommateurs de crack cherchant un abri pour combler le manque. Bruxelles traverse « une crise du crack ». Selon les chiffres de l’asbl Transit, centre d’accueil pour usagers de drogue, trois quarts des consommateurs de la capitale prennent ce dérivé de la cocaïne, ce qui en fait la drogue la plus populaire en rue.
Les ingrédients de l’avènement du crackDavid Van De Velde est policier. Après six ans d’intervention, il quitte la rue pour la recherche, à la police locale de la ZP Wokra (Wezembeek-Oppem et Kraainem). Il est coutumier des dossiers de narcotrafic et a vu la situation de la capitale évoluer au fil des années.
Le crack, cocaïne basée ou fumable, est la version la moins chère de la cocaïne. Elle est obtenue en chauffant et mélangeant cette dernière avec du bicarbonate ou de l’ammonium, pour obtenir des cailloux. Moins cher, et encore plus addictive. David Van De Velde explique que l’augmentation de la consommation de crack est due à sa grande disponibilité dans les grandes villes belges et particulièrement dans la capitale. Chaque année de plus en plus de cocaïne arrive par le port d’Anvers. « C’est le principe économique de base. Lorsque l’offre d’un produit augmente, son prix diminue. » Le prix de la cocaïne a donc baissé, pour atteindre une valeur marchande actuelle de 50 euros le gramme. Les trafiquants cherchent des moyens d’élargir leur marché. Une partie des importations massives de cocaïne est transformée en crack, et vendue principalement aux personnes défavorisées. Selon les chiffres de GATE (salle de consommation à moindre risque bruxelloise), 30 à 50 % de ses usagers sont en situation d’errance. C’est un nouveau public de consommateur, qui augmente les ventes.
« Il est beaucoup trop facile de se procurer du crack à Bruxelles. Tout le monde connait les hotspots et les quartiers où tu peux en trouver » critique le policier. L’euphorie provoquée par le stimulant est de très courte durée, de 30 secondes à quelques minutes. La redescente est alors particulièrement dure. Ce caractère la rend encore plus addictive et la dépendance psychologique à la substance peut commencer dès la première prise.
Mes gosses ils voient ça, je serais pas étonnée qu’ils se mettent à fumer du crack aussi.
Une consommation à ciel ouvert qui dérangeUn soir, vers minuit, un métro de la ligne 6, en direction d’Elisabeth arrive dans la station de Rogier. La rame est inhospitalière, habillée de jaune de bout en bout. Les places y sont disposées par quatre, au grand dam des introvertis, qui ne savent pas très bien où poser leurs jambes et leurs regards dans cette foule hétéroclite.
Une femme monte à Rogier, visiblement ivre. Sa chevelure aux reflets blond et brun est attachée en chignon désordonné. Sur son dos, un gros sac à dos noir. À ses pieds, d’imposantes baskets. Elle se joint aux autres voyageurs du métro, mais fait fi des conventions tacites de ce lieu. Ces règles de bienséance élémentaire qui consistent à se taire et prendre le moins de place possible. Elle colle son visage à la vitre du vaisseau sous-terrain et adresse aux travailleurs de la Stib, restés sur le quai, grimaces et insultes. Ces derniers lui répondent par un rire et de l’indifférence. Elle entame alors un monologue qui leur est symboliquement adressé : « Putain, je me suis pris 100 balles d’amende pour une bière, mais y en a qui fument du crack sur les escaliers devant tout le monde. Et c’est moi le problème avec ma bière ? Mes gosses ils voient ça. Je serais pas étonnée s’ils se mettent à fumer du crack aussi. Il faut qu’ils les arrêtent, la police. Mais ils font rien, ils ont peur. S’ils le font pas, je vais le faire moi. » Elle quitte le métro à Ribaucourt. Ses baskets effleurent à peine le sol jauni qu’elle clame: « Putain, ils sont pas là ! » Presque déçue de ne pas pouvoir reporter sa colère sur les principaux concernés.
Ce discours désordonné aux relents d’alcool est symptomatique d’un sentiment de malaise qui touche certains usagers du métro et riverains, vis-à-vis de la consommation de crack dans l’espace public. Est-ce possible de l’éviter ? La répression policière est-elle une solution ? David Van De Velde est désemparé face au manque de moyens de la police pour lutter contre la consommation dans l’espace public. « Si une personne est sous l’influence de substances psychotropes dans un lieu public, la police peut la retenir le temps de son dégrisement, maximum six heures. C’est une solution à très court terme, très simpliste. ». Il pense que des actions à plus long terme devraient avoir lieu dans ces endroits. « Il faut s’attaquer à la source du problème, empêcher la distribution en Belgique. Mais on se heurte toujours au même problème du sous-effectif de la police et de la justice. »
Réduire les risques, la solution ?Au-delà de la répression policière, d’autres acteurs, particulièrement du milieu associatif, plaident pour une approche différente du problème. Ils pensent que pour réduire les nuisances liées à la consommation de substance dans l’espace public, il faut adopter des techniques de réduction des risques liés à la prise de drogues. L’ASBL bruxelloise Modus Vivendi est pionnière dans le secteur.
Illia Sarkissiane est chargé de projet chez Modus Vivendi depuis dix ans. À côté de ça, il se définit de manière non-exhaustive comme un amateur de reggae, de thé noir et de chapeaux. Celui qui orne son visage ce jour-là est noir avec une bande brune et cache presque son regard doux et déterminé.
La réduction des risques désigne un ensemble de pratiques et de politiques dont le but est de diminuer les effets négatifs liés à la consommation de drogue, pour les usagers et leur environnement, au sens large du terme. Illia Sarkissiane précise : « C’est une approche de la santé publique différente de la prévention et du soin. Elle s’adresse directement aux usagers et usagères de drogue. L’idée est de donner l’information la plus objective, pour que les personnes puissent consommer en ayant le moins de risque possible. Et de toujours travailler dans les milieux de vie des usagers de drogue, et avec eux. C’est essentiel d’être là où les gens consomment, parce que passer une porte, c’est parfois compliqué pour eux. »
La réduction des risques, ça passe en partie par les SCMR, des salles de consommation à moindre risque. Ce sont des endroits qui offrent un environnement supervisé, avec une équipe spécialisée, pour permettre aux usagers de drogue, très souvent en situation de sans-abrisme, de consommer dans un lieu et un contexte sécurisé. Leur objectif est aussi de pacifier l’espace public en évitant la consommation de psychotropes dans des stations de métro ou dans des parcs. Il existe près de 100 SCMR en Europe, dont une à Bruxelles, à Lemonnier, inaugurée en mai 2022.
Illia Sarkissiane poursuit : « Les SCMR, c’est vraiment une bonne solution. » Mais ces initiatives sont difficiles à implanter dans la capitale. « Le truc particulier, c’est que c’est des salles qui sont ouvertes contre l’avis du fédéral. Dans la loi de 1921, qui régit la consommation de drogue en Belgique, il est écrit texto qu’on ne peut pas mettre de local à disposition pour faciliter l’usage de drogue. » Cette loi centenaire a été votée à l’origine pour éviter les fumeries d’opium en Belgique. « Maintenant, les mœurs ont changé. Mais à cause de cette loi, c’est très difficile d’ouvrir des salles de consommation. On y arrive parce qu’on est en Belgique, et qu’il y a tellement de niveaux de pouvoir qu’on arrive à négocier, mais ça ne facilite pas la chose. »
Une partie des riverains voient ces SCMR d’un mauvais œil, et freine leur installation, par peur que ces salles ajoutent un sentiment d’insécurité et de violence dans leurs quartiers. C’est le cas à Molenbeek. Une salle doit ouvrir ses portes dans un ancien hôtel situé à mi-chemin entre deux hotspots : Ribaucourt et Yser.
Des gens qui crient, qui se droguent on en voit. Mais si on ouvre une salle, ça va être encore plus.
Réticence des habitants face aux salles de consommationLa station de métro d’Yser a le même sol couleur blond délavé et la lumière caractéristique que les autres stations souterraines. Mais ses murs blancs décorés d’hexagones couleur écarlate aux allures hypnotiques sont uniques. Par terre, un sachet blanc caresse le sol et nargue un trio de poubelles blanc-jaune-bleu. Sur les sièges couleur acier, un père et son fils attendent. En haut de l’escalier, un homme et une femme assis par terre, entourée de leurs biens, mendient des pièces aux passants qui se bousculent aux portiques.
À quelques pas de la station, dans la rue de Laeken, se dresse la boucherie Olbrechts. Sa patronne partage son inquiétude à l’idée de voir ouvrir une salle de consommation. « Une salle où les gens peuvent se droguer ? Ha non, ça non hein. Non. Des gens qui crient, qui se droguent, on en voit. Mais si on ouvre une salle, ça va être encore plus. Ça va tirer dans tous les sens. »
Le travailleur de Modus Vivendi rétorque que tous les chiffres prouvent le contraire. En effet, plus de 16.000 consommations de drogue ont déjà été évitées dans l’espace public à Bruxelles grâce à la SMCR de Lemonnier. On ne constate aucune augmentation de la criminalité aux abords de la salle. « Mais voilà, c’est pas parce que tu dis ça que ça va rassurer les gens. En fait, les gens voudraient que les consommateurs de Ribaucourt disparaissent. Mais ça n’arrivera pas. Avoir une salle de consommation, ça permettrait qu’ils soient plus dans le métro, mais qu’ils soient dans la salle de conso. Mais ça, on a beau l’expliquer aux gens ils pensent que non, il faut qu’ils partent. On veut bien aider les toxicomanes, tant qu’ils sont pas à côté de chez soi. On est tous plein de bons sentiments, mais quand ils commencent à fumer dans ton entrée de garage, t’as pas envie qu’ils soient là. »
Changer de regard sur le crack par la dépénalisationIllia Sarkissiane, à l’instar de beaucoup de membres du secteur associatif, pense que le problème de la consommation de crack doit être traité comme un problème de santé, et non d’ordre public. Pour lui la solution, c’est la dépénalisation. « Comme au Portugal. Ça fonctionne assez bien. Ils ont dépénalisé toutes les drogues. Donc quand tu consommes en rue, tu n’as plus affaire à la police, t’as affaire à la santé publique. C’est une autre vision. Les usagers de drogue, c’est pas des criminels. Souvent, c’est des gens qui ont besoin d’aide, d’une structure. Les criminaliser, ça ne fait qu’augmenter les violences et augmenter leur consommation. » Il pointe aussi le fait que la santé publique peut alors offrir des soins et des cures, car beaucoup de consommateurs de crack qui sont dans une addiction ont envie d’en sortir. « Mais ça va avec les conditions de vie. Quand tu vis en rue, c’est des conditions de vie compliquées et donc dormir si t’es pas complètement défoncé c’est pas possible. »
On est tous pleins de bons sentiments, mais quand ils commencent à fumer dans ton entrée de garage, t’as pas envie qu’ils soient là.
La consommation de crack ne peut être réduite à une simple nuisance. Elle est avant tout un enjeu de santé publique, symptôme d’une souffrance souvent invisible. Le crack se glisse dans les pavés, là où l’errance et le désespoir creusent leur lit. Au-delà d’un problème d’ordre public, c’est une réalité humaine et multiple. Ces silhouettes ont chacune une histoire et des maux, qu’elles oublient peut-être, le temps d’une flamme et d’un caillou.
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Quelle pilule choisir pour minimiser les risques ?
Connaissez-vous la différence entre une pilule à œstrogènes synthétiques et une pilule à œstrogènes naturels ? L’une des deux vous donne 6 fois plus de risques d’avoir une thrombose, on vous explique !
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