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Communales: tous gagnants ?

Mon, 14/10/2024 - 09:19
Mammouth a couvert la soirée des élections communales à Bruxelles

Tous les partis se déclaraient gagnants à l’issue du scrutin communal dimanche 13 octobre. Au micro des médias, Georges-Louis Bouchez, qui n’a pourtant pas réussi son pari à Mons, mettait en avant sa progression. Même Écolo, en déroute partout, voulait voir de l’espoir dans certains les bastions où il résistait, comme à Ixelles. Mammouth Media a tendu le micro à quelques-uns des vainqueurs à Bruxelles et posé des questions sur les majorités futures.

À Bruxelles-Ville, le PS/Vooruit de Philippe Close est arrivé en tête avec 28,1 % des voix, devant le MR, qui progresse de 7,3 points à 21,2 %. Le bourgmestre socialiste sortant réalise un meilleur score qu’en 2018, avec 9.042 voix de préférence. Il devance son concurrent David Weytsman (MR +), qui a convaincu 6.108 électeurs. Ces deux-là formeront-ils une majorité ? Nous leur avons posé la question.

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À Molenbeek, le résultat est très serré : le PS-Vooruit de la bourgmestre sortante Catherine Moureaux arrive en tête avec 23,1% des voix, suivi de près par le PTB à 22,2%. Le MR a obtenu 17,1% des voix, et la Team Fouad Ahidar recueille quant à elle 14,6% des suffrages. Appelant à former une « majorité de progrès », Catherine Moureaux a annoncé vouloir former une coalition avec le PTB. Celle-ci accueillera probablement un autre partenaire, afin de sécuriser une majorité que tiendrait autrement qu’à un siège.

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La Team Fouad Ahidar a quant à elle confirmé sa percée, obtenant une près d’une trentaine de sièges dans les différentes communes de Bruxelles. Le nouveau parti s’installera-t-il durablement dans le paysage politique belge ? Nous nous sommes rendus à son siège à Zellik pour en savoir plus.

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Nuits pas safe à Louvain

Sat, 12/10/2024 - 14:39
A Louvain-La-Neuve, rallumera-t-on l’éclairage public la nuit ?

A Louvain-La-Neuve comme dans d’autres communes de Wallonie, l’éclairage public est coupé, hors du centre, entre minuit et 5 heures. De quoi alimenter un sentiment d’insécurité très prégnant chez les étudiants. Un enjeu pour la campagne communale qui s’achève.

 “Toutes les rues ne sont pas éclairées. Dès que l’obscurité s’installe, j’ai peur de me faire accoster”. Ce témoignage d’une étudiante fait écho à beaucoup d’autres, qu’on peut lire notamment sur Facebook. Le groupes “Louvain-la-Meuf” ou “Louvain-la Safe” sont remplis de débats sur l’insécurité, voire de témoignages glaçants. “Bonjour à toutes, il y a quelques années j’ai été victime de viol par un mec d’un cercle de Louvain-la-Neuve ayant déjà une sale réputation à l’époque”, témoignait récemment une étudiante de l’université louvaniste.

Le sentiment d’insécurité est-il corroboré par les chiffres ? Le plan zonal de la commune d’Ottignies-Louvain-la-Neuve rapporte une augmentation des violences sexuelles dans l’espace public. Six viols ont été recensés à Louvain-la-Neuve en 2023.

Pourtant, pour la bourgmestre Ecolo, Julie Chantry, le sentiment d’insécurité n’est pas vraiment objectivité par des faits. Selon elle, la tendance est à la baisse sur des chiffres déjà peu élevés. De quoi faire réagir l’opposition. “A partir du moment où il n’y aurait qu’un viol par an, ça mérite une réponse adéquate de l’autorité communale”, s’exclame le chef de file de la liste “Impulsion C”, Nicolas van der Maren.  Majorité ou opposition, tout le monde s’accorde sur l’existence d’un “chiffre noir” comprenant toutes les agressions pour lesquelles personne n’a déposé plainte. Il existe donc toute une criminalité invisible, car déposer plainte n’est pas évident, notamment parce que la prise en charge au commissariat n’est pas toujours adéquate. A ce sujet, Julie Chantry garantit qu’une partie du corps policier est désormais formée pour recevoir ce genre de plaintes. Son conseil ? Téléphoner au préalable pour demander à être reçu par une personne formée.   

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Plus d’éclairage, une solution ?

À Louvain-la-Neuve, l’éclairage public est éteint entre minuit et 5 heures du matin, excepté sur la dalle piétonne de la ville qui reste, lui, éclairée toute la nuit. Avec la hausse des prix de l’énergie consécutive à la guerre en Ukraine, le gestionnaire du réseau électrique de Wallonie (ORES), avait en effet proposé aux communes qui le souhaitaient de couper l’éclairage  la nuit. Cette décision, à l’époque soutenue unanimement par le conseil communal de Louvain-La-Neuve, est aujourd’hui remise en question . “Ça a un coût énorme, mais je pense que c’est indispensable”, affirme Nicolas van der Maren. A ses yeux, les prix sont redevenus acceptables, et l’autorité communale devrait rendre ce service à la population. 

Julie Chantry explique s’être  entretenue avec ORES pour trouver des pistes de solutions, mais l’entreprise l’a informée qu’il n’était pas possible d’envisager des demi-mesures. Soit on allume un quartier entier soit on l’éteint, mais il n’est pas possible de ne sélectionner qu’une seule rue parmi un quartier. 

La bourgmestre envisage de réaliser une large consultation de la population dès la prochaine législature. Toutefois, une telle consultation exclurait les personnes non domiciliées, donc les étudiants et étudiantes. Au sujet de ces derniers, la bourgmestre souligne qu’ils ne participent en rien aux frais d’éclairage public. “Il faut que ce soit une décision éclairée”, conclut-elle. En attendant de prendre une décision à ce sujet, elle recommande de ne pas rentrer seul et de s’équiper d’une lampe de poche et d’un gilet fluorescent.   

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Plan Oxygène: les grandes villes wallonnes asphyxiées?

Sat, 12/10/2024 - 14:18

Editions de L’Avenie

Depuis 2022, seule la banque ING se manifeste dans la mise en œuvre du plan Oxygène, mis en place par la Région wallonne afin de relancer économiquement les communes wallonnes surendettées. Sur les 350 millions d’euros réclamés par les communes en 2024, 82 millions sont proposés par la banque, excluant la totalité des grandes villes wallonnes.

Voilà maintenant 3 ans qu’un plan d’aide global régional intitulé Oxygène, est mis en place afin de soutenir financièrement les communes wallonnes en difficulté. Il consiste à autoriser les communes à contracter annuellement un emprunt afin d’équilibrer leurs budgets, et ne concerne que les dépenses ordinaires à la différence des subsides pour des projets accordés par la Région ou le CRAC (Centre Régional d’Aide aux Communes). La Région wallonne intervient quant à elle à hauteur de 15% afin de rembourser les intérêts du prêt.

« C’était déjà un signal d’alerte »

Or, depuis son lancement en 2022, seule ING répond à l’appel, avec chaque année des conditions de plus en plus restrictives. La première année, la banque a accordé un prêt de 302 millions d’euros aux 34 communes qui en avaient fait la demande, sur un crédit de 30 ans. « C’était déjà un signal d’alerte », explique Katlyn Van Ovemeire, conseillère experte en finances publiques locales à l’Union des Villes et Communes de Wallonie. Mais pour ING, 30 ans, c’était trop long. Le crédit fut alors baissé à 20 ans pour l’année suivante.

En 2023, les prêts ne concernaient déjà plus que 28 communes, pour un total de 277 millions d’euros, excluant Liège et Charleroi, premier signe de méfiance envers la gestion économique de ces deux villes qui représentent à elles seules 60% de la dette communale wallonne.

« On est dans le flou total »

Cette année, les 7 grandes villes wallonnes se sont vu refuser un emprunt, dont Verviers, à sa grande surprise : « Aujourd’hui, on se retrouve dans une situation où on est dans le flou total, notamment sur la capacité de la Région wallonne à financer seule cet emprunt », confie Alexandre Loffet, échevin des finances (PS) de la ville de Verviers.

Selon Sylvain Jonckheere, porte-parole d’ING, la réduction de l’investissement de la banque orange a été réfléchie « en tenant compte des éléments financiers propres à chaque ville et commune mais aussi de notre exposition déjà existante sur celles-ci ».

À l’approche des élections de ce dimanche, l’annonce d’ING est venue jouer les trouble-fêtes dans cette période électorale. Certains, comme le bourgmestre namurois Maxime Prévot imputent Liège et Charleroi, les deux villes wallonnes à l’endettement le plus conséquent. Pour d’autres, comme Pascale Nouls (cheffe de file Liste Athoise), la responsabilité du PS, au pouvoir depuis plusieurs années dans les communes concernées, est également engagée. Mais selon l’Échevin verviétois, la situation économique des communes est causée en partie par des décisions fédérales : « Les villes ont toute une série de problèmes liés à des dépenses qui devraient être payées par d’autres niveaux de pouvoir, essentiellement le fédéral : les pensions, le CPAS, ou encore les zones de secours et de police. Le plan Oxygène crée donc une dette d’assainissement avec des prêts pour équilibrer nos budgets chaque année qu’on va devoir rembourser sur le temps, plutôt que de vraies solutions. Cet endettement est particulièrement marqué dans les grandes villes, puisqu’elles doivent contribuer aux revenus d’intégration du CPAS à hauteur de 30% ».

En plus de cette contribution au CPAS, le jeune échevin dénonce également le fédéral qui ne remplirait pas ses obligations de financement envers les zones de secours, et l’une des mesures phares de la probable coalition fédérale Arizona (Engagés, MR, N-VA, CD&V et Vooruit), la limitation des allocations chômages, qui augmenterait le nombre de bénéficiaires des CPAS.

Interrogé à ce sujet, François Desquesnes, Vice-ministre-président de la Région wallonne et ministre des Pouvoirs Locaux, veille à ce que cette mesure ne plombe pas les budgets communaux : « Nous avons écrit au négociateur à ce sujet, assure-t-il. De crainte que cela fasse augmenter les bénéficiaires du CPAS, et que donc la charge financière revienne aux communes, nous voulons que le coût de cette proposition soit pris en compte par le preneur de décision, donc le fédéral ».

« La Région Wallonne n’est pas un Mister Cash »

Pour le ministre, il est compliqué pour la Région d’intervenir plus que les 15% qu’elle propose afin de rembourser les intérêts du prêt : « La Région wallonne n’est pas un Mister Cash. La situation est difficile pour tout le monde, la Région étant elle-même en déficit. Il ne suffit pas de dire « nous sommes en déficit, aidez-nous », car ce déficit est lié au fonctionnement communal, dont nous ne sommes pas responsables », explique-t-il.

Malgré la baisse significative du montant obtenu ces deux dernières années, François Desquesnes compte poursuivre le plan Oxygène jusqu’à la fin de sa mise en place, en 2026 : « Pour l’exercice 2024, nous allons faire en sorte de trouver les financements nécessaires. Nous comptons également veiller à ce que le plan de gestion (NDLR : l’une des contreparties du plan Oxygène est l’acceptation des communes participantes d’un plan de gestion qui donne les grandes lignes de leur redressement économique) des communes soit respecté. Pour remettre nos communes sur les rails, il faut travailler sur tous les leviers. Je ne parle pas forcément de rajouter des taxes, mais de s’assurer à ce que les communes perçoivent correctement toutes les recettes ». S’il précise que le marché public du plan de 2024 est toujours en cours, rien ne permet d’assurer que les communes concernées recevront bel et bien l’argent réclamé.

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Walibi, attraction des élections

Sat, 12/10/2024 - 14:07
Entre loisirs et nuisances, Walibi anime la campagne électorale

Mathieu Golinvaux

Pour les centaines de riverains habitant à côté de Walibi, ce n’est pas de tout repos. Les nuisances sonores, les convois exceptionnels qui passent dans les rues étroites mais aussi les visiteurs qui se garent dans des propriétés privées font du parc d’attractions un enjeu incontournable pour la commune de Wavre. Le voisinage, Walibi et les politiques essayent de s’entendre à la veille des élections communales.

Benoît Thoreau s’est installé en 78 sur les hauteurs de Limal, un village surplombant Walibi, trois ans après la création du parc. Le parc, dont le nom tient son origine des 3 villages qui l’entourent, Wavre-Limal-Bierges, n’avait pas encore la même ampleur qu’aujourd’hui. « Au début, les attractions consistaient en une grande roue et du ski nautique. » C’est dans les années 80 que les nuisances ont commencé avec l’installation du Sirocco, une attraction sur rails avec un chariot qui fait des loopings. Les habitants ont eu peur pour leur tranquillité, « ce fût la révolution chez les riverains », se souvient Benoît.

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Pour les centaines de riverains habitant à côté de Walibi, ce n’est pas de tout repos. Les nuisances sonores, les convois exceptionnels qui passent dans les rues étroites mais aussi les visiteurs qui se garent dans des propriétés privées font du parc d’attractions un enjeu incontournable pour la commune de Wavre. Le voisinage, Walibi et les politiques essayent de s’entendre à la veille des élections communales. Article à lire sur Mammouth.media

♬ son original mammouth.media Dégâts & vitesse des voies publiques

Une quarantaine d’années et une moyenne de 1 million de visiteurs par an plus tard, les riverains se plaignent toujours, mais plus seulement pour les nuisances sonores. Le parc attire d’autres problèmes, notamment sur les voiries. Des travaux en cours pour installer une nouvelle attraction dans le domaine provoquent des nuisances routières. Des poids-lourds empruntent la ruelle Al Buse puis la rue Joseph Dechamps qui borde le parc pour accéder au chantier. Cette dernière n’est pas prévue pour accueillir des véhicules lourds, provoquant des dégâts et des situations dangereuses. « Les gros camions qui passent dans la rue fort abîmée, déformée, creusée à certains endroits, ça fait vibrer les maisons. Il y a des fissures à l’intérieur des maisons qui apparaissent », partage Julie, habitante de la rue Joseph Dechamps.

Au carrefour entre les deux rues citées ci-dessus, Paul Brasseur (MR), échevin en charge de la mobilité explique la situation, « il y a une obligation (pour les camions) d’arriver dans le parc par des entrées spécialement dédiées et non pas par la rue Joseph Dechamps. Malheureusement cette obligation n’est pas toujours respectée. » D’autres camions, indépendants de Walibi, se retrouvent perdus au carrefour, souvent mal guidés par leur GPS. « On ne peut pas accuser Walibi de tous les maux qui résultent du charroi et du trafic sur les routes », souligne l’échevin.

« Il n’y a pas que les camions, il y a aussi les automobilistes. Ils roulent trop vite en général. Aucun aménagement n’a été réalisé pour contrer cela, on a peur pour nos enfants. La commune nous a dit que c’était hors de question qu’on mette la rue à 30km/h et que pour les réducteurs de vitesse il n’y avait pas de budget, » soulèvent Julie et Pascale. Habitantes de la rue en question, elles ont lancé une pétition pour demander un meilleur aménagement. La ville leur a annoncé avoir entamé une étude pour réhabiliter la route, « pour en faire une route complètement rénovée, et avec la création d’un trottoir qui aujourd’hui est inexistant » déclare Paul Basseur.

Des nuisances sonores pesantes

Pour ce qui concerne les nuisances sonores, la ville de Wavre est sur le coup. « Nous imposons à Walibi de limiter le bruit à 55 décibels maximum. Ce qu’ils peuvent moins gérer c’est les bruits des visiteurs. Pour cela une mesure importante a été imposée au parc; un mur antibruit de 8 M de haut et 190 M de long a été construit. »

Benoît Thoreau, membre de l’opposition avec les Engagés, trouve le soutien de la part des autorités communales insuffisant, « nous demandons en tant qu’opposition, un meilleur contrôle du niveau de nuisances du parc. Au fur et à mesure qu’on ajoute des attractions, le niveau de bruit augmente. Il faut surveiller cela vu qu’on s’approche des limites, on les a même dépassées certains jours lors des dernières mesures de bruit. Nous demandons une instauration de mesures régulières de bruit au moins chaque année. »

L’opposition a mené une enquête publique sur toute la population de Wavre. Elle a révélé des niveaux de bruit parfois insupportables. Essentiellement sur le bruit routier causé par l’autoroute, mais Walibi était également cité dans les producteurs de bruit. « C’est un problème de santé publique », estime Monsieur Thoreau.

Les nocturnes Halloween : le test

Qui dit fin octobre dit Halloween, la période la plus importante de l’année pour le parc qui organise, comme chaque année, 9 nocturnes: des soirées ou l’ouverture du parc est prolongée jusqu’à 22h. Les riverains, comme les touristes, se préparent à ces soirées, mais ne s’inquiètent pas pour les mêmes raisons.

Paul Brasseur (MR) a conscience de la responsabilité de la commune à organiser au mieux ces soirées, mais admet que celle-ci se retrouve parfois impuissante: « Dès qu’il fait beau, les touristes viennent en masse, cela rend la situation extrêmement difficile à gérer pour Walibi, mais aussi pour la ville de Wavre, puisque nos forces de l’ordre sont parfois dépassées par des événements dont on ne mesure pas forcément l’ampleur à l’avance. » Face à cet afflux de touristes, les conséquences sur les riverains sont directes: « Il y a 2 ans, c’était le bordel, quand il y a une grosse journée d’affluence, les parkings sont saturés et les gens se garent n’importe où, par exemple dans les propriétés privées » racontent Julie et Pascale. Elles se rappellent également du vacarme causé par les nocturnes.

Le scénario de Halloween 2022 ne semble pas risquer de se reproduire cette année. La majorité affirme avoir pris la situation en main : « Avec Walibi, nous discutons pour mettre en place des mesures comme par exemple des trains spéciaux, insister sur le covoiturage avec une aire de dépose-minute ou encore des parkings de délestage qu’on peut réserver temporairement. »

La gestion du problème de Walibi va-t-elle changer après les élections ? Le parc d’attractions, qui est la principale activité touristique de Wavre, en fait la commune avec le plus de visites par an en Wallonie soit 1.3 millions de visiteurs (Walstat). Gérer un exploitant si populaire peut être délicat. L’opposition table sur une approche plus stricte, « le pouvoir communal est actuellement trop laxiste vis-à-vis de Walibi, nous souhaitons que des règles plus strictes soient appliquées pour le bien-être des riverains. » La majorité, elle, se veut conciliante, « notre objectif n’est pas de prendre parti pour l’un ou pour l’autre, mais c’est de rester neutre et de garder l’Église au milieu du village. »

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A Comblain, ce n’est pas scouts toujours

Fri, 11/10/2024 - 15:06

En mai 2023, 15 000 scouts cherchaient toujours des endroits de camp pour l’été qui arrivait. Trouver un site n’est pas toujours facile… surtout quand certaines communes veulent instaurer des règlements pour limiter les camps sur leur territoire. C’est le cas de Comblain-au-Pont. Approuvé à l’unanimité pour limiter les camps, ce règlement semble aujourd’hui être remis en cause par les différents partis.

À Comblain-au-Pont, les scouts sont régulièrement de passage. Cette région verte et vallonnée de la province de Liège, est propice à l’organisation de camps, que ce soit en prairies, sous tente, ou dans des bâtiments loués aux mouvements de jeunesse. Néanmoins, ces camps ne sont pas au goût de tous.

Au printemps 2024, le conseil communal a décidé de limiter ces organisations aux trois dernières semaines de juillet, et ce à partir de l’été 2024. Une mesure que la Fédération des Scouts trouve difficilement compréhensible. « À Comblain, il n’y a peut-être que 18 camps sur un été. Ils parlent de nuisances, mais sans être revenus vers la moindre fédération », explique Gilles Beckers, responsable des relations publiques chez Les Scouts. Selon lui, la régulation des camps scouts est bien en place. La Fédération a coécrit un modèle de règlement en 2021 pour l’accueil des camps avec le Ministre des pouvoirs locaux, et d’autres instances, tel que les services de police, de secours et le Département de la Nature et des Forêts. Ce texte sert de base pour les règlements communaux, qui peuvent l’adapter en fonction de leurs besoins. Mais « parfois, il y a des règles qui sortent du chapeau et qui n’ont pas de sens », poursuit Gilles Beckers. Quand un règlement pose question, les Scouts se rendent sur place pour en discuter directement avec la commune concernée.

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Un règlement « complètement ridicule »

Ce règlement, approuvé à l’unanimité par le conseil communal, a été initié suite à de nombreux appels et plaintes de riverains. « Nous ne sommes pas anti-scouts », explique le bourgmestre Jean-Christophe Henon (Groupe IC), « mais peut-être contre une certaine forme de scoutisme ». Le maïeur dénonce surtout les nuisances sonores excessives, qui impactent les riverains, de la part de certaines unités qui utilisent des sonos ou encore se raccordent à l’eau sans demander d’autorisation à la commune.

« C’est complètement ridicule », s’exclame Henri Defgnée, l’administrateur de l’ASBL ‘Montoise’, qui organise chaque année des camps scouts dans ses gîtes. Ceci est une grosse source de revenus pour lui, et surtout pour entretenir ses infrastructures. Mais pour lui, ce sont avant tout les mouvements de jeunesse qui sont pénalisés.

Afin que le camp se déroule dans les meilleures conditions, Henri Defgnée a instauré son propre règlement, qui prévoit certaines interdictions, le tri de poubelles, ainsi qu’un rappel lié aux nuisances sonores. Il doit impérativement être signé par un responsable qui sera présent pendant toute la durée du camp. « Je le fais pour m’éviter les éventuels problèmes futurs », assure-t-il.

Face au nouveau règlement communal qu’il trouve dérisoire et injuste, Henri Defgnée a introduit un recours au Conseil d’Etat. Son argument ? Il ne fallait pas généraliser la limitation de camps scouts à tous les endroits de camps de Comblain-au-Pont, mais plutôt trouver des solutions pour les endroits qui posent plus problème. Henri Defgnée prédit que la décision du Conseil d’État lui sera favorable, mais il ne devrait pas avoir de réponse dans l’immédiat.

Frédéric Flagothier (Comblain Demain, opposition) comprend la démarche. Même si son parti a approuvé le règlement communal, il nuance aujourd’hui en soulignant que le dossier est arrivé très vite sur la table, avec peu de temps pour le prendre en considération. Pourtant, le règlement « méritait beaucoup d’attention, parce que ça concerne les enfants », explique-t-il. Comblain Demain estime qu’il faudra retravailler le dossier et plutôt essayer de trouver une solution à l’amiable, au cas par cas, selon l’emplacement du camp. En effet, un camp qui a lieu dans des champs reculés ou un camp en plein centre du village n’aura pas le même impact sur les riverains.

Et en 2025 ?

L’été 2024 a été plus serein, avec moins de plaintes de nuisances sonores. Selon le bourgmestre, c’est la « pression » du règlement qui a mené à plus de discipline. C’est pourquoi Jean-Christophe Henon explique que la mesure peut encore évoluer, tant qu’elle préserve le confort des riverains. Frédéric Flagothier exprime que « tout conseil communal, comme tout homme politique peut revoir sa position ». Il mentionne que la priorité de son parti sera d’assurer la sécurité des camps et non de les restreindre.

La commune attend la décision du Conseil d’Etat et agira en fonction. De son côté, la Fédération scoute poursuit sa collaboration avec les communes pour veiller au bon déroulement des camps. Le scoutisme est une solution pour beaucoup de familles l’été, qui préfèrent voir leurs enfants jouer dehors. Revoir ce dossier qui touche les jeunes en premier lieu sera un point d’attention de la prochaine législature.

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Campagne brutale

Fri, 11/10/2024 - 14:55
A peine entrés en politique, les jeunes doivent s’habituer à la violence

À quelques jours des élections communales, le porte-à-porte des candidats s’intensifie, et la violence aussi. Les politiciens locaux y sont régulièrement confrontés, certains pour la toute première fois. Nous sommes allés à la rencontre de Delphine, Joey, Larbi et Julien, des jeunes politiques âgés de 21 à 27 ans.

« Je fais quotidiennement face à de la violence, surtout sur les réseaux : ça va de islamogauchiste à nazi en passant par la critique de mon orientation sexuelle. » Joey Kumps, 6e sur la liste PS à Wavre a l’habitude de la violence politique. À 23 ans, il est descendu dans l’arène l’année passée: « Je me suis déjà habitué à cette violence, même si je suis conscient que ce n’est pas normal. On est obligé de se former une carapace. »

Il n’est pas seul: selon une enquête menée par Anne van Bavel (VUB), un élu sur cinq subit des violences psychologiques et/ou sexuelles au moins une fois par mois. Principalement des intimidations et/ou des menaces, le plus souvent via les réseaux sociaux.

Une enquête de l’Union des Villes et des Communes de Wallonie, publiée en septembre 2023 montre que 67 % des élus locaux ont déjà été victimes d’insultes, 23 % des élus ont subi du cyberharcèlement, et 18 % ont été victimes d’actes de violence. La violence est souvent plus fréquente chez les jeunes, les femmes, les personnes issues de l’immigration ainsi que les personnes faisant partie de la communauté LGTBQ+ selon cette même étude.

Racisme banalisé

Larbi Kasmi, 27 ans, qui se présente sur la liste des Engagés à Mons, a été victime de racisme: « Des violences racistes, j’en ai vécu toute ma vie, qu’elles soient directes ou indirectes. »

Il savait qu’en s’engageant en politique, il y a 4 ans, il allait faire face à ces injustices: « Le délit de faciès est monnaie courante. » Mais c’est pour combattre certaines injustices et faire évoluer les mentalités qu’il a choisi de se lancer.

Il y a du travail. Face à certaines injures, il a dû se résoudre à déposer plainte.

Joey Kumps est lui aussi confronté à des centaines de messages d’insultes. À côté des commentaires désobligeants liés à son engagement politique, il reçoit énormément de haine liée à son orientation sexuelle: « C’est compliqué. D’une part, ça m’atteint fort et d’une autre, je vois qu’il y a encore plein de combats à mener. »

Joey dénonce l’attitude de certains politiques qui tiennent des discours discriminatoires sur les réseaux sociaux et qui ont, d’après lui, un effet direct sur le public. Cette violence a des conséquences directes sur sa vie: « Quand je me balade seul ou quand je vais en auditoire, je ne suis pas hyper à l’aise, par peur qu’on me reconnaisse. »

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A peine entrés en politique, les jeunes doivent s'habituer à la violence. Regardez les témoignages de Delphine, Joey, Larbi et Julien. Article complet sur Mammouth.media.

♬ son original – mammouth.media  « Quand t’es jeune, t’es une proie facile »

La violence ambiante, jusque dans l’intimité des candidats, freine les jeunes qui veulent se lancer, estime Joey: « Dommage que les jeunes aient à subir ça. Ce sont des freins pour se lancer. J’ai quelques connaissances qui s’impliquaient aux jeunes socialistes et ils arrêtent parce que c’est trop violent. La politique est un milieu violent de par sa nature. Mais en plus de ça, quand t’es jeune et que tu veux te lancer, que t’as plein de bonnes ambitions, tu es vite cassé, t’es une proie facile. »

Delphine Blouard, 9e sur la liste du MR à Namur, fait campagne pour la première fois. À seulement 21 ans, les formes de violence qu’elle rencontre sont directes, en rue par exemple, ou indirectes, notamment avec du vandalisme sur ses panneaux: « Quand on va au marché, on est amené à faire face à des gens qui se lâchent, qui ont besoin de se libérer et de dire ce qu’ils pensent du MR ou des candidats. Il y en a qui sont plus crus en attaquant directement une personne.J’ai vraiment peur de retrouver ma vitre cassée quand j’arrive devant ma voiture. »

Bienveillance au sein du parti

Pour soutenir leurs candidats, des partis ont mis en place une personne de référence ou misent sur la solidarité interne.

« Il n’y a pas de psychologue dans le parti à proprement dit, mais si je n’avais pas le soutien des personnes de la liste ou de mes parents, ça serait peut-être différent », précise Delphine Blouard.

« Ce sont des personnes du parti qui sont venues tout naturellement. La cheffe du PS à Wavre m’a pris sous son aile, elle essaie de m’aider, de m’aiguiller et de me protéger au mieux. Je me suis senti soutenu par le parti », poursuit Joey.

Julien Lemoine, 9e sur la liste des Engagés à Namur, a été positivement surpris d’avoir un référent au sein du parti auquel il pouvait se confier: « Une personne qui est réellement dédiée à ça… Je trouve ça très sain. »

La haine, un coup de boost

« Toute cette haine, même si quelque part, ça aurait tendance à me freiner, ça me booste. J’ai envie de continuer, j’ai envie d’y aller et puis, je ne me laisse pas faire. C’est une critique qu’on me fait beaucoup parce qu’en général quand on reçoit des critiques, on nous dit de pas parler, mais moi je réponds avec beaucoup de sarcasme en général », explique le sixième sur la liste à Wavre.

Quand Larbi a été sujet à des commentaires haineux, il a d’abord été dans un état de choc et a ensuite réussi à relativiser et à transformer la haine en force.

« Je suis encore très innocente, je ne me rends peut-être pas compte de ce que les attaques représentent, on verra à l’usure. Peut-être que dans 15 ans, j’en aurai ras le bol, mais pour l’instant avec mon innocence et mon humour, ça me fait rire. Les gens haineux, je me dis même pas que ça existe parce qu’on fournit tellement de bon travail, et c’est ça qui prend le dessus », nous déclare Delphine.

Le Wavrien se veut fédérateur : « J’en parle avec d’autres jeunes d’Ecolo, du MR, des Engagés. Je pense qu’ on a tout intérêt à se soutenir là-dedans. Même si on n’est pas d’accord sur les idées et que parfois la discussion est difficile, quand il s’agit de violence, elle n’est jamais justifiée. »

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Bruxelles : quand la mobilité bouge

Tue, 08/10/2024 - 22:10
Bruxelles figure dans le top 10 des villes les plus embouteillées dans le monde, et pourtant plus de la moitié des Bruxellois n’ont pas de voiture. Mais comment font-ils pour se déplacer dans la capitale ?

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A Namur, nager c’est compliqué

Tue, 08/10/2024 - 14:19
À Namur, une seule piscine pour 115 000 habitants, « c’est l’enfer ! »

Photo : Brieuc Deboeck et Marine Loute

La piscine de Saint-Servais est la seule ouverte dans le Namurois, créant un problème pour les habitants. Dans une ville de la taille de Namur, l’accès à la natation devrait pourtant être une évidence. Ce manque d’infrastructure pourrait-il peser dans la balance à la veille des élections communales ? Comment en est-on arrivé là et quelles sont les conséquences pour les nageurs, les clubs et l’apprentissage des enfants ? Une solution à l’horizon ?

La piscine Louis Namèche, située dans le Nord-Ouest de Namur dans le quartier de Saint-Servais, est ouverte pour le grand public 7 jours sur 7 pour tenter de satisfaire le plus de monde possible en créant un maximum de créneaux. Le bâtiment, construit dans les années 70 puis rénové en 2017, abrite un bassin de 25 m x 15 m composé de 6 couloirs. Ce mercredi après-midi, enfants, adultes et clubs de natation s’y partagent la piscine. Quatre maîtres nageurs observent attentivement les nageurs, qui sont de plus en plus nombreux au fil des heures. Les couloirs se remplissent. Des groupes de jeunes arrivent, Amandine et Lily aussi.

Amandine, 34 ans, une habituée de la piscine, nous partage avec entrain son sentiment : « C’est l’enfer ! Quand il y a les enfants, les nageurs, les clubs plus la partie jeux, parfois on est 15 dans un couloir. J’y vais pour me relaxer et au bout d’un moment, je suis agacée. »

Étudiante en première année à l’Henallux, Lily est également une fidèle et doit adapter son horaire afin de trouver des créneaux plus calmes. « On m’a déjà remballée plusieurs fois parce qu’il n’y avait plus de couloirs de disponibles. Il faut vraiment trouver les bons créneaux. »

« On ne pratique plus la natation, on pratique en réalité les arts martiaux. Pour pouvoir nager c’est plus que pénible, c’est presque devenu mission impossible. » témoigne Emmanuel Depret, fervent militant pour une plus grande offre de piscines à Namur. Il a récolté 1.177 signatures pour une pétition demandant la réouverture de la piscine de Salzinnes. Il continue, « la priorité de la majorité en place n’est clairement pas le social ni l’enseignement aquatique. Le conseil communal s’est assis sur l’avis de 1.117 citoyens. »

La piscine Louis Nameche située à St-Servais est la seule encore en fonction dans la capitale de la Wallonie. @Brieuc Deboeck

Quid des autres piscines de Namur ?

La piscine de Jambes est en rénovation depuis plus d’un an et rouvrira ses portes dans le courant de l’année 2025. Le chantier de remise aux normes de la piscine prend plus de temps que prévu. Aucune mention de date précise n’a été communiquée. « Soyez patients ! » C’est le message de Charlotte Bazelaire (Les Engagés), échevine des Sports.

Concernant la piscine de Salzinnes, l’échevine est pleinement consciente du mécontentement qu’a provoqué sa fermeture définitive. Néanmoins, elle insiste sur la nécessité de la condamner pour des raisons financières. « Il fallait mettre énormément d’argent, ce que la ville n’avait pas. C’est une décision qui a été prise par la majorité et on l’assume mais l’optique était dès le départ une fermeture pour une réouverture. » Une décision critiquée par Marine Chenoy (PS), « C’est un choix politique. On aurait très bien pu débloquer les fonds à partir du moment où on fait des téléphériques, on achète des statues qui valent des milliers d’euros. »

Enfin, pour répondre à une demande toujours plus forte des citoyens d’avoir un bassin en plus dans le namurois, et parce que deux piscines ne suffisent pas, un nouveau projet est sur la table. Il a été annoncé par les Engagés : une nouvelle piscine sur le P + R à Bouge. La ville de Namur n’aurait pas les fonds pour mettre cette nouvelle infrastructure sur pied, et la majorité en place est à la recherche d’un partenaire privé, prêt à investir dans le projet. Mais ce dernier doit d’abord être validé et n’a pas encore de permis d’urbanisme. Quoi qu’il en soit, la piscine de Bouge ne verra pas le jour avant 2030, un timing jugé douteux par l’opposition. « L’annonce du projet à Bouge, arrive à un moment assez spécial puisque c’est juste avant la campagne communale », témoigne Marine Chenoy.

L’opposition espère qu’une attention sera portée à l’accessibilité pour les écoles : « il faut que les écoles puissent avoir un accès prioritaire pour l’apprentissage de la nage ».

En récapitulant, un chantier qui peine à se terminer à Jambes, une fermeture définitive du côté de Salzinnes, et un projet de piscine d’ici minimum 4 ans à Bouge.

La piscine de Saint-Servais est surchargée. @Brieuc Deboeck

Et en attendant la nouvelle piscine de Bouge ?

Afin de garantir des accès tout-public à la piscine, il est conseillé de venir le matin avant les écoles, le midi et sur la courte période après les écoles mais avant les clubs… des créneaux courts et souvent complets.

Pour les écoles et clubs de natation, Charlotte Bazelaire reconnaît que la réduction des heures de piscine a été compliquée. « On a dû mettre des priorités, des accès limités aux écoles avec certaines années et pas d’autres, les écoles devaient sélectionner des années pour venir alors que normalement c’est beaucoup plus ouvert. Pour les clubs, on a réduit leurs horaires de manière assez drastique pour certains. »

D’autres en viennent même à se déplacer en dehors de leur commune, comme Amandine : « je préfère faire les trajets de 30 minutes jusqu’à Andenne parce que c’est plus cool, plus calme, et plus propre. »

Il y a trop de demandes par rapport à l’offre, la densité sur une seule piscine est énorme, parfois on doit se partager un couloir à 22.

Jérémy, éducateur physique à l’école Saint-Ursule

Un niveau de natation inquiétant

Quelles sont les conséquences de n’avoir qu’une seule piscine pour la capitale de la Wallonie ? Jérémy, éducateur physique à l’école Saint-Ursule dans le centre de Namur, est moniteur de natation depuis 15 ans. La solution pour lui: une piscine olympique de 32 couloirs. « Avec 3 piscines, c’était déjà compliqué. La situation s’aggrave aujourd’hui. Le niveau de natation se dégrade, je dois adapter mes cours en conséquence et la quantité de travail s’amoindrit. » Il poursuit : « Il y a trop de demandes par rapport à l’offre, la densité sur une seule piscine est énorme, parfois on doit se partager un couloir à 22.« 

Emmanuel Depret estime que les enfants ont trois ans de retard sur l’apprentissage de la natation. En tant que moniteur, il est proche de la réalité et voit le problème que cela pose. « J’ai dû m’occuper d’un enfant de 10 ans et le mettre en pataugeoire avec des enfants de 7 ans. » Pour lui, la situation est loin de s’améliorer, « lors du prochain mandat, il n’y aura aucune évolution (si la même majorité reste en place), il ne faut pas se leurrer. On va retrouver majoritairement, les Libéraux, les Engagés. La politique ne changera pas.« 

« Un problème de gestion »

Passer de trois à une piscine en si peu de temps, sans avoir de plan B, témoigne-t-il d’un défaut de prévision ? « Je pense qu’on aurait pu éviter de se retrouver dans une telle situation, c’est un problème de gestion », estime Marine Chenoy (PS). Du côté des Engagés, Charlotte Bazelaire, étant arrivée échevine à mi-mandat, était absente lors des premiers débats sur la gestion des piscines mais défend son prédécesseur et ne sait pas s’ils auraient pu mieux anticiper.

Cette désorganisation a mené, donc, à divers problèmes, visibles jusque dans les classes scolaires. Pour les écoles c’est devenu un enfer selon Jérémy. Il faut trouver des créneaux horaires à l’arrache et certaines options sont même privilégiées, certains élèves n’ont donc pas droit à des cours de natation. « Il y a de la discrimination » constate l’éducateur sportif.

Autant du côté des politiques que des citoyens, un constat s’impose : la situation actuelle n’est pas tenable à long terme. La pression sur les Engagés concernant la réouverture de Jambes pèse et le projet de Bouge reste incertain. « Bouge… » lance Jérémy avec un sourire, « mais quand ? »

Cet article a été co-publié avec L’Avenir.

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A l’ombre de Pairi Daiza

Tue, 08/10/2024 - 10:17
Entre rugissements et concertation, Pairi Daiza anime la campagne électorale à Brugelette

Qu’il s’agisse du projet de la nouvelle route, de l’arrivée de nouvelles serres ou encore du nombre croissant de visiteurs, Pairi Daiza ne cesse de faire parler de lui, dans un contexte électoral déjà animé. La commune de Brugelette est-elle en phase de rupture avec le parc animalier ?

Pandas prêtés par la Chine ou lionnes rescapées accueillies en provenance d’Ukraine, la vie des animaux de Pairi Daiza défraie régulièrement la chronique, pour le plus grand plaisir de ses 2 300 000 visiteurs annuels. Mais dans le voisinage immédiat, les riverains ont des préoccupations moins exotiques. Entre les nuisances et les enjeux de mobilité, la présence d’un parc aussi vaste pèse sur le fonctionnement de la petite commune de Brugelette. A l’approche des élections communales, certains candidats voudraient redéfinir les relations avec Pairi Daiza, et l’un d’entre eux plaide carrément pour le démantèlement : “Je ne vois aucun élément positif à garder ce parc à Brugelette”, affirme Lionel Stiers, tête d’une nouvelle liste, “Chacun sa vérité”, très hostile à Pairi Daiza. Lionel Stiers, c’est l’opposant le plus farouche de Pairi Daiza. Antispéciste, voire écologiste extrémiste pour certains, l’homme de 62 ans est pour un départ sans condition de son voisin de plus de 30 ans, un départ qu’il va porter haut et fort lors des élections.

Vigilante Florian

Un développement territorial en question

Les autres listes qui se présentent le 13 octobre aux électeurs brugelettois ne tiennent pas de discours aussi radicaux, mais toutes posent la question des relations entre la commune et son imposant voisin. “Pairi Daiza doit arrêter d’acquérir des terrains, qui plus est des terrains verts, pour garder des îlots de verdure”, affirme Kévin Thys, actuel conseiller communal autrefois pour Ecolo, aujourd’hui candidat en tête d’une nouvelle liste, Renouveau Citoyen. Cette liste a pourtant conservé quelques nuances de vert avec des projets priorisant le développement durable, quitte à s’opposer à la croissance du parc animalier.

Après s’être élargi sur 25 hectares au cours des 30 dernières années, celui-ci fait actuellement état de neuf mondes répartis sur septante-cinq hectares, incluant 800 espèces différentes pour plus de 7500 animaux. Le dernier projet en date ? Le Sanctuary, une serre de 40 000 mètres carrés implantée à deux pas du parc communal de Brugelette, qui devrait ouvrir ses portes d’ici 2025.

Vigilante Florian

La route de la discorde

Qui dit extensions dit nouveaux accès. Le parc animalier n’a rien laissé de côté. En vue de faciliter l’accès au site, une nouvelle route est en développement depuis 2014 par le Service public de Wallonie (SPW). Cette nouvelle voirie traverserait Silly et Ath, pour enfin arriver à l’accès Nord de Pairi Daiza. Au-delà de l’accès au parc, la route améliorera-t-elle la mobilité dans la commune de Brugelette ? Le parc animalier en est convaincu, à condition que cette initiative soit complétée par d’autres politiques de mobilité pour lesquelles il milite également.

Selon Claire Gilissen, porte-parole de Pairi Daiza, 1.800 personnes ont, en 2018, signé une pétition favorable à la nouvelle route : “Cette route a été envisagée dans un objectif d’intérêt général”, affirme-t-elle. 

Le bourgmestre de Brugelette, André Desmarlières, du PS+,  y croit également dur comme fer. “Quand vous allez quelque part, qu’est ce que vous cherchez ? La rapidité et la facilité. Il faut quand même avouer que la facilité c’est la voiture”, dit-il.  Plus de 90% des personnes se rendant en villégiatures, dans des parcs de loisirs, le font en voiture, précise Mme Gilissen.

Mais pour le collectif de riverains  “Non aux routes Pairi Daiza”, c’est de la poudre aux yeux. Ce projet de route ne serait qu’une solution temporaire à un problème structurel. “Si on ne voit pas les choses d’une manière globale, la route supplémentaire, dans 10 ans, elle ne suffira plus”. Il faudrait plutôt revoir à la baisse les ambitions d’extension du parc animalier pour garantir l’efficacité de ce nouvel accès.

Vigilante Florian

Une convention à revoir ?

Tous les habitants et habitantes de Brugelette bénéficient d’un accès gratuit à Pairi Daiza. Pour eux, il s’agit là sans doute de l’un des aspects les plus évidents de la convention qui lie le parc à la commune. Mais ce document n’en est pas moins sujet à des controverses. Au centre des discussions, le montant versé annuellement par Pairi Daiza. 

Pairi Daiza verse actuellement 485.000 euros chaque année à la commune, selon des chiffres communiqués par le bourgmestre. Pour André Desmarlières, cet apport est indispensable au bon fonctionnement de la commune. Sans lui, Brugelette peinerait à boucler son budget. Le parc estime même que la somme est sous-évaluée: elle ne représente en effet que la taxe sur le nombre de visiteurs, alors que d’autres contributions devraient être comptabilisées, comme les taxes de séjour, le précompte immobilier et les abonnements gratuits. Au total, l’apport à la commune s’élèverait à plus de 800.000 euros. En outre, “il faut estimer l’impact économique du Parc dans sa globalité :  des fournisseurs locaux et la création d’activités économiques rendues possibles grâce à la notoriété du Parc”, affirme Claire Gilissen

Kevin Thys n’en estime pas moins que l’apport du parc ne couvre pas toutes les charges engendrées par sa présence sur le territoire de la commune. Il cite notamment l’entretien des routes, le travail administratif supplémentaire de la commune lors de chaque nouvelle demande de permis de travail…

La tête de liste “Renouveau citoyen” juge par ailleurs que la convention est trop verrouillée. Une clause du texte précise que toute modification doit être signalée 6 mois avant son échéance. Sans ce renom, le document est automatiquement renouvelé pour 6 ans. Et comme la majorité actuelle n’a pas demandé de révision, le texte est désormais valable jusque décembre 2029, ce qui est inacceptable selon lui.

Avec d’autres, comme la candidate MR Laura Donfut, il pointe encore le manque de concertation entre la commune et le parc. Trop peu de réunions seraient organisées entre les autorités communales et le parc, un jugement que celui-ci conteste. Le patron de Pairi Daiza, Eric Domb, rencontre régulièrement la commune, affirme Claire Gilissen. 

Quoi qu’en pensent les uns et les autres, les relations entre le parc et la commune continueront de nécessiter beaucoup de discussions. Reste à savoir si les résultats électoraux permettront de rétablir l’entente dans le voisinage. 

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Trooz à la recherche de ses habitants perdus

Fri, 04/10/2024 - 11:21
Dans la vallée de la Vesdre, une commune veut se repeupler

Crédit photos: Océane Vermeiren et Louise de Vuyst

Suite aux inondations de 2021, un peu moins de 500 habitants sur les 8.300 que comptait Trooz ont dû quitter la commune et ne sont pas revenus. Le départ de ses riverains fait, aujourd’hui, partie des enjeux des élections communales qui se dérouleront le 13 octobre prochain.

Un tronc d’arbre au milieu d’une salle à manger, une maison peinte de boue et des vitres cassées. C’est devant ce tableau que la commune de Trooz se réveille chaque matin. Une commune qui peine à retrouver son charme et qui vit avec un creux laissé par le départ d’une partie de la population après les inondations de juillet 2021.

Une maison de Trooz abandonnée, détruite par les inondations de juillet 2021 et qui présente toujours ce visage 3 ans après les événements

« Moi, c’est la maison qui m’a jeté dehors »

Quand Cécile retourne sur place, ce sont les bruits assourdissants des alarmes et les odeurs nauséabondes qui la replongent dans la soirée de ce mercredi d’été 2021. « C’était la guerre« , nous confie-t-elle. Plongées dans le noir, Cécile et sa famille observent les briques des maisons d’en face. Une manière de mesurer le niveau de l’eau ainsi qu’une occupation pendant de longues heures d’attente, piégés dans leur maison.

Des voitures sur les toits et des militaires qui s’activent. Ces scènes qui semblent sorties d’un film de guerre, Cécile a décidé de s’en défaire. Pour elle, le traumatisme des inondations est encore trop présent. « Avant, quand je rentrais dans ma maison, c’était mon cocon, je me sentais en sécurité« , nous raconte-t-elle. Aujourd’hui, c’est une tout autre réalité, qui l’a poussée à déménager.

Cécile Dumont, sinistrée pendant les inondations de 2021, a quitté Trooz

Cécile n’est pas la seule à avoir dû quitter la commune, et à ne plus vouloir revenir. La commune a fait face à de nombreux départs d’habitants. La vallée entière sous les eaux, beaucoup de maisons n’étaient plus habitables. À Trooz, pas moins de 2.000 maisons sur les 4.000 de l’entité ont été touchées. « Personne n’aurait su gérer une telle crise, que voulez-vous faire dans une telle situation« , nous explique Cécile. Pourtant, aujourd’hui, l’impact des inondations est un véritable enjeu dans la campagne des élections communales.

Comment repeupler Trooz ?

Entre 2021 et 2022, la commune a perdu plus de 500 habitants, mais su la population a légèrement remonté en 2024, repassant la barre des 8000 personnes. Il faut retourner à 2011 pour avoir de tels chiffres de la population à Trooz.

Le bourgmestre de Trooz, Fabien Beltran (PS), présente de nombreux projets sur sa table. Nouveau stade de foot, pôles touristiques ou encore rénovations d’écoles, les ambitions sont grandes. Des subsides sont indispensables et le bourgmestre en est conscient.

Le bourgmestre de Trooz, Fabien Beltran (PS), a de nombreux projets pour attirer de nouveaux habitants.

C’est au travers d’appels à projet qu’il espère mettre en œuvre tous les plans de reconstruction. Selon lui, la faible dette de la commune peut également permettre de plus larges investissements. Le bourgmestre nous livre les grosses dépenses déjà faites. « Une année normale, on dépense 1 million d’euros. Ici, en trois ans, on en a dépensé 15 millions« , nous explique Fabien Beltran, « on a déjà fait plein de choses, mais ça prend du temps« .

Une gestion de crise d’ampleur, qu’Olivier Debor (MR) n’hésite pas à remettre en cause. « Ils sont partis dans un trip un peu mégalomane avec des projets pharaoniques« , nous explique le candidat de l’opposition, « avec tous ces nouveaux bâtiments, on pourra bientôt faire les JO« . Le parti espère surfer sur la vague bleue de juin 2024 pour atteindre ses objectifs : mettre ces grands projets à l’arrêt et reprendre la gestion à zéro. Il souhaite redéfinir les priorités de construction.

De nombreux quartiers nécessitent encore des travaux, comme le quartier de la Brouck, un quartier ouvrier qui a été fortement impacté et abandonné. Plus loin dans la vallée, un lotissement de logements sociaux se prépare à être remplacé par des zones non-habitables, dites zones tampons. Une autre mesure de prévention est celle des bassins d’orage. Olivier Debor (MR) encourage l’investissement dans ce projet, mais ce dernier laisse le bourgmestre un peu plus sceptique. Ces bassins pourraient en effet réceptionner des plus petites quantités d’eau, mais n’auraient pas supporté l’ampleur des inondations connues en 2021.

Sur les hauteurs, le nombre d’habitants continue d’augmenter, mais la vallée peine à se remplir. Pour le bourgmestre, Trooz est une ville vivante pour toutes les générations. Il met en avant de nombreux clubs de sports, des plaines de jeux dans chaque quartier et des activités pour les personnes âgées. De quoi s’y retrouver pour toute la communauté.

Néanmoins, Olivier Debor soulève qu’il faut rendre le centre plus sexy. Il pointe les nombreux commerces abandonnés, sur le bord des routes, un night shop délabré et quatre maisons de suite inhabitées. Selon lui, faciliter les permis d’urbanisme pour le changement d’affectation des bâtiments mixtes est une nécessité.

Venir habiter à Trooz a un coût, car à présent, tous les bâtiments doivent être hydrauliquement neutre, ce qui fait augmenter les prix dans le domaine de la construction. Les partis politiques de la ville veulent inciter les riverains à s’occuper de leurs habitations endommagées, car cela permettrait d’attirer de nouveaux habitants. Même si les tentatives de rendre la commune attrayante sont présentes, au vu des recherches scientifiques, Trooz ne restera pas à l’abri de nouvelles inondations. La revitalisation de cette commune sinistrée formera un enjeu de taille pour la prochaine législature, au-delà du résultat électoral.

Cet article a été co-publié avec le journal L’Avenir

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Faux taxi, vraies victimes

Mon, 09/09/2024 - 20:43
Quels parcours judiciaires pour les victimes de violences sexuelles ?

Justice à Guichet Fermé (CC BY ND)

TW : agression sexuelle

Avec documentaire « Faux taxi, vraies victimes » (mémoire médiatique 2023), le public est mis face à ce que peuvent vivre les victimes de violences sexuelles qui décide de se tourner vers le monde judiciaire pour tenter d’obtenir justice.

Durant une vingtaine de minutes, ce sont des interventions de professionnel·les mais surtout les témoignages d’Alice et Marine, toutes deux violées par le même homme, qui portent cette réalité à l’écran. Leur violeur commun a également agressé d’autres femmes entre 2016 et 2019. Il avait pris l’habitude de se faire passer pour un chauffeur de Taxi/Collecto. En 2019, au moment où un message publié sur ULB Confessions fait le tour des réseaux sociaux, l’affaire devient finalement connue du grand public et le dossier s’accélère.

S’il y a autant de parcours judiciaires qu’il y a de victimes, la mise en lumière des vécus d’Alice et Marine permet de mettre le doigts sur certaines failles qui persistent en Belgique concernant la prise en charge et les gestions des cas de violences sexuelles.

« Faux taxi, vraies victimes » a été diffusé le 24 octobre 2023 sur TIPIK ainsi que sur BX1 le 29 juin 2024. Il a remporté le prix Belfius de la presse 2023 dans la catégorie Jeunes talents.

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Squat : de la nécessité financière au choix de vie

Fri, 06/09/2024 - 13:34
A Bruxelles, squat n’est pas forcément synonyme d’insalubrité

Crédit photo: Elise De Koninck

Dans l’imaginaire collectif, la pratique du squat reste encore souvent associée à la délinquance et l’insalubrité. Pourtant, certains squatteurs le sont par choix et non par nécessité.

Pourquoi renoncer au confort matériel et psychologique, d’un logement normal quand on peut se le payer ? Ce podcast réalisé au coeur de Bruxelles t’emmène dans l’univers de Rockin’ Squat à la rencontre de Vijaya et Nael pour tenter de répondre à cette question. 

Un podcast réalisé par Elise De Koninck, étudiante en master complémentaire Presse & Information

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Guides du bobard

Mon, 02/09/2024 - 15:29
Quand les guides touristiques racontent n’importe quoi

Crédit photo: Cécile Delacroix

Des millions de touristes s’aventurent chaque année à travers les rues de Bruxelles. Pour celles et ceux qui font appel à des guides touristiques, il y a un risque : se faire raconter n’importe quoi. Guides touristiques traditionnels ou guides de Free Tour, la formation n’est pas protégée en Belgique, laissant l’opportunité à chacune et chacun de raconter l’Histoire comme bon lui semble.

Grand place
Les pavés de Bruxelles sont un peu sa scène à lui. Les touristes deviennent spectateurs, eBrian lève le rideau. Il n’a pas besoin de micro, il a entrainé sa voix pour qu’elle porte. Parapluie jaune à la main, il est prêt à commencer son tour. Mais tout d’abord, il rappele ce que sont les Free Walking Tours. Parce que des roublards qui essaient de l’arnaquer, il en a eu.
« Nous les guides, vivons de vos pourboires. À la fin du tour, si vous avez eu une bonne expérience, vous pouvez donner un tip au guide » Clin d’œil. « Je suis le guide ! » s’exclame Brian, boute-en- train. « Mais pas de soucis, je vais d’abord vous prouver ma valeur. Vous pourrez décider de ce que vous me donnez ensuite ». Pour les guides touristiques, c’est ainsi que ça fonctionne : plus le tour est apprécié, plus le pourboire sera élevé et les commentaires positifs. Et plus il a de bons commentaires, plus il aura de clients et aura un meilleur classement sur le site de l’agence de booking.
On distingue deux types de guides. Ceux qu’Akif appelle les « anciens », les guides traditionnels, qui proposent des prix fixes par groupe. Puis il y a les guides de « Free Tour », reconnaissables grâce à leurs parapluies, comme Brian, qui misent tout sur leurs performances.

Hôtel de ville
Après une courte introduction sur la ville de Bruxelles, fondée au 8e siècle à Saint-Géry, Brian désigne de la pointe de son parapluie l’hôtel de ville derrière lui. « Vous ne remarquez pas un truc bizarre ? » Les touristes haussent les épaules. « Qu’est-ce qu’il y a, vous avez trop consommé de bières belges hier soir ? » Alors, toujours rien ? Le bâtiment est asymétrique : son côté gauche est largement plus petit que son voisin. « Revenons-en 1402. À cette époque, Jean Van Ruysbroeck était l’un des plus grands architectes de son époque. Il dessine les plans, réalise tous les calculs et donne son travail aux ouvriers. Puis il s’en va. Et il ne reviendra que pour l’inauguration ! Et lorsqu’il arrive devant l’hôtel de ville… ». Brian écarquille les yeux, porte les mains à sa tête et fait mine de se plier en deux en signe de désespoir.
« Le pauvre, il a presque fait un arrêt cardiaque ! » s’écrie-t-il. « Pour un architecte gothique, la symétrie est la clé ! » En bon orateur, Brian laisse une pause théâtrale. « Il ne lui restait plus qu’une chose à faire : boire », conclut-il. C’est un moment important de sa narration, alors le guide regarde intensément son public et bombe le torse pour parler bien fort. « He got wasted, shitfaced, drunk as fuck and everything! Et c’est là qu’il a décidé de monter sur les toits, en équilibre sur la rigole que vous voyez là-haut, et -Ploutsch ! – il est tombé ! Une grosse soupe à la tomate, juste ici, sur la Grand-Place ! » La plupart des touristes rigolent, certains se contentent d’un sourire. « Mais nooooon ! En réalité, c’est une légende, les gars ! #Fake News ! » s’écrie-t-il, sans toutefois raconter la vérité historique du bâtiment. Pas le temps. Après tout, 2h30 de tour, ça passe à toute vitesse.
« En réalité, Jean Van Ruysbroeck a eu une mort paisible, » se désole Lies. « Des petits jeunes qui racontent des bobards, il y en a plein ». Et encore, tous ne précisent pas que c’est une légende. À 68 ans, Lies est guide depuis 7 ans. Comme la pension de retraite ne permettait pas de subvenir à ses besoins, elle a décidé de suivre une formation de 3 ans au CERIA. Sur la Grand-Place, elle est l’une des seules à avoir une formation de tourisme en poche. En effet, comme le statut de guide n’est pas protégé, n’importe qui peut prendre un parapluie et créer son itinéraire.

Statue d’Everard t’Serclaes
Voisine directe de la Grand-Place, la statue d’Everard t’Serclaes, dont le laiton était auparavant d’un gris anthracite, est devenu doré à force d’être touché par les passants. La légende, selon Brian, est différente pour les femmes et les hommes.
« Les filles, si vous touchez la statue, vous atteindrez la beauté éternelle. Les produits de L’Oréal Paris, c’est fini ! » s’exclame-t-il. « Du calme, du calme, retenez-vous encore un peu ! » Même si, à priori, aucune dame n’a fait mine de se précipiter sur la statue. « Pour vous, les filles, l’opportunité est double : vous aurez également plus de chances de trouver l’amour ! » Il a bon dos, le t’Serclaes. « Vous, les gars si vous touchez la statue, vous aurez juste de la chance ». Brian raconte qu’un jour, une touriste s’était scandalisée : « Quoi, ils ont droit à toute la chance du monde et nous, on se retrouve avec des hommes minables ? » Libre à chacun de se faire une idée sur la question. Surtout parce que, s’il est répandu que la statue porte chance, on ne retrouve aucune mention de beauté éternelle et d’amour dans les bouquins. Ou même sur Internet, mais vous pouvez chercher. Ah et en plus, la statue est une copie. La vraie, elle est au musée depuis 2011. Pas de chance.
« On choisit tous comment on raconte l’Histoire », confie Akif, qui a étudié l’économie à la VUB. Après avoir été cadre dans le commercial, il s’est rendu compte qu’il avait besoin de changement. « Les qualités que l’on recherche dans le secteur du commerce, ce sont un peu les mêmes que celles que l’on cherche chez un guide. Il faut être social, inspirer la confiance, être empathique, ne pas être gêné… Et, dans le fond, c’est ce qui me plaisait ». Inspiré par le concept des free tours, il décide alors de lancer son propre modèle, une sorte d’hybride entre le free tour et les tours traditionnels. C’est-à- dire qu’avec Akif, on paie à l’avance, contrairement au Free Tour, mais le prix est par client, et non par groupe. « Comme j’ai de bons commentaires sur les sites de booking , les gens paient ». Et au plus un guide a des étoiles, au plus il peut se permettre d’augmenter le prix.

Hôtel Amigo
Ah, l’hôtel Amigo. En plein centre, il en a vu passer, cet hôtel. Entre Angela Merkel, Emmanuel Macron ou encore Beyoncé ou Jay-Z, peu importe ce qu’on en pense, ça en jette.
L’hôtel Amigo était une prison. Construite en 1522 par les Espagnols, on l’appelait alors le ‘vrunt’. « Vous savez d’où vient le nom ? » questionne Brian. « C’est interactif, le tour, les gars ! Bon, je vous l’dis, alors. Les prisonniers avaient pour coutume d’appeler les gardes espagnols ‘amigo, amigo !’ Depuis les fenêtres. Et quand les bougres arrivaient en bas, ils se faisaient cracher dessus ! ».
« C’est faux, bien évidemment ». Akif, qui s’est penché sur l’histoire de l’hôtel, n’a pas exactement la même théorie. Selon lui, le mot ‘vrunt’ viendrait de ‘vant erren’, ce qui signifie ‘les seigneurs’ en vieux néerlandais, un terme que la plupart des Flamands ne connaissent plus aujourd’hui. « Et comme ‘vrunt’ est très proche du mot ‘vriend’, qui veut dire ‘ami’, les Espagnols l’ont appelé ‘amigo’. C’est sans doute un malentendu de traduction ».
D’après Akif, le truc, avec les touristes, c’est de bien les cerner. Puis en fonction de qui on a en face de nous, on adapte ce qu’on raconte. « À Bruxelles, il y a trois types de touristes. Les boutiques, les Ryanair et les Chinois. » C’est simple. Les boutiques, souvent des Étasuniens, sont ceux qui ont beaucoup d’argent à dépenser. Ce sont ceux-là, les plus intéressants pour un guide touristique. Les Ryanair eux, sont souvent des Espagnols qui voyagent low-cost et ne restent à Bruxelles que quelques jours. Et quand tu as 150 euros en poche pour tout le week-end, tu te tournes plutôt vers les Free Tour, qui certes n’ont rien de gratuit, mais te permettent de choisir le prix. Trois touristes sur 4 à la grand-place seraient des Ryanair. C’est ce qu’estime Akif. Le troisième groupe est le moins intéressant, pour le tourisme local : ce sont le plus souvent des touristes asiatiques, qui voyagent avec leurs propres guides ou accompagnateurs. Ils se prennent en photo et vont manger dans leurs propres restaurants avant d’acheter leurs des souvenirs « made in China ».

Manneken-Pis
L’essentiel, quand on est devant le Manneken-Pis, c’est de jouer des coudes pour se faire une place. D’ailleurs, Brian doit s’assurer au moins dix fois qu’il n’a perdu personne. Concernant le petit homme qui pisse, il existe autant de légendes que de guides, raconte Akif. Pour sa part, il préfère s’en tenir aux faits historiques, sinon, il s’éparpille trop. En plus, il n’y a pas grand-chose à dire, parce que personne ne connaît l’histoire exacte du manneke. Raconter des légendes ne peut être que plus tentant. Pas pour Akif. «Je ne vais jamais inventer un truc ». C’est également la position de Lies, qui estime qu’il est « normal de ne pas tout savoir ». Elle n’hésite pas à faire ses visites avec une farde d’informations sous le bras, pour parer les questions inattendues. Lies a d’ailleurs un ami, guide lui aussi, qu’elle aime parfois écouter. « Quand je lui dis qu’il ne faut pas raconter de bêtises, il me dit : ‘Oui, mais ça les amuse’ ». Son constat est simple : parmi les gens du Free Tour, les guides racontent n’importe quoi. Et puis surtout, c’est n’importe qui. Les guides viennent de partout, de tous les milieux. Il y a des quarantenaires, comme Akif, qui entendent se faire une place dans le milieu. Puis il y a des retraités, comme Lies, qui propose des prix fixes pour des tours plus traditionnels. Enfin, il y a des étudiants ou des personnes plus précaires, nombreux parmi les agences de Free Tour, qui espèrent ne rester dans le business que temporairement.
C’est le cas d’Arthur, 27 ans, qui est arrivé tout droit d’Amérique latine en janvier 2023, avec pour seul bagage un bachelier artistique. Il n’avait jamais imaginé devenir guide touristique avant qu’une amie ne lui propose. Et comme il avait besoin d’argent, il a accepté. « On m’a donné un numéro. J’ai appelé. J’ai eu le job tout de suite ». Quelques jours plus tard, il commençait son premier tour. C’était en mai de la même année. Les qualités que l’on recherche surtout chez un guide, c’est la maîtrise des langues et le contact humain. « En tant qu’artiste, je raconte aussi des histoires. Peut-être pas avec des mots, comme dans les tours, mais avec mon corps ». Pour lui, qui parle espagnol et anglais, ce qui compte, c’est le storytelling. « J’adore parler à des amis. Du coup, je fais la même chose. Je ne veux pas dire que la partie historique d’un tour est ennuyante, ce n’est pas ça. Mais rendre la visite vivante, c’est important, sinon personne n’écoute. Évidemment, je donne des dates et des infos comme ça hein, mais j’essaie de rendre le tout plus léger ». Pour lui, ces différents aspects du métier sont indissociables. « Les gens qui arrivent pour faire des Free Tour, ils viennent pour s’amuser, pas pour faire un master en histoire ».

Palais royal
Après presque deux heures de visite sous la pluie, les touristes sont contents de s’asseoir sur les marches du palais royal. « Dernier stop », prévient Brian. « Avant de se quitter, est-je peux prendre une photo du groupe ? Si quelqu’un ne veut pas être sur la photo, pas de problème ». D’ailleurs, si quelqu’un ne veut pas être sur la photo, c’est tout bénef. Parce que cette photo, elle sera envoyée à l’agence qui se charge de recruter les touristes, qui prend une commission par client. En moyenne, la commission varie entre 2,5 et 4 euros par touriste. Les agences les plus vicieuses, elles, laissent les guides choisir le montant eux-mêmes, en échange d’une plus grande visibilité.
« Nous voici devant le palais royal. Et oui, la Belgique a toujours un roi. Et même une reine, bientôt. Élisabeth. Elle est toujours célibataire, les gars ». Puis, soudain, Brian en a fini avec les blagues. Son ton est devenu sérieux. Changement de sujet.
Le moment est venu de parler du Butcher King, le « roi boucher ». Oui, c’est bien Léopold II. Brian parle de la colonisation du Congo par la Belgique sans détour. Plus que ça, même. Il parle de massacres, de barbarie, de génocide. Léopold II, c’est un boucher, un fou furieux. Fucking bastard revient quelques fois. D’après lui, la Belgique, « c’est aussi ça ».
« Ce n’est pas une critique, en fait. C’est une réflexion », estime Arthur, qui parle également du passé colonial belge lors de son tour. « Par exemple, moi, je parle aussi des zoos humains. Avec empathie, bien sûr. Et je fais toujours une minute de silence. C’est aussi ça, être guide : raconter l’Histoire ». Lies, elle, s’abstient. « Si vous voulez entendre parler du passé colonial de la Belgique, vous n’avez qu’à faire un tour là-dessus ». Ce qu’elle dénonce surtout, c’est que ça n’a rien à voir avec le tourisme. « Dans la charte du guide, on ne donne pas son opinion, on raconte des faits. Parfois, à la cathédrale Sainte-Gudule, moi, je le dis : je ne fais pas de la religion. Je fais de l’Histoire ».
C’est également ce que pense Akif, même si, lui, a une vision plus commerciale du secteur. C’est avant tout une histoire d’image. Mais si tous les guides interrogés pour cet article s’accordent à dire que les autres font mal et qu’il y a un problème, alors, comment raconter l’Histoire ? « Devoir faire une formation pour être guide, ça ne me plairait pas, » songe Akif, qui se considère d’ailleurs un peu comme un historien. « Je n’ai rien à prouver. Par contre, passer un examen pour avoir un diplôme qui protège notre formation, ça, je ne serais pas contre ». Il y a quand même un truc qui le chiffonne : les anciens ont la critique facile. « Être guide, ce n’est pas qu’une narration de l’histoire, c’est aussi un contact humain. C’est un peu comme si les anciens avaient oublié d’évoluer avec le monde. Notre rôle, c’est de vulgariser ». Et parfois, de simplifier un peu l’histoire. « Ce n’est pas toujours 100 % exact, c’est sûr, mais c’est pour garder l’intérêt du public ».

*tous les prénoms de ce récit ont été modifiés

Réaction: La Ville de Bruxelles insiste sur l’offre fiable et déjà existante

Delphine Houba, Échevine de la Culture et du Tourisme de Bruxelles, a réagi à notre article. « S’il est important d’encourager une pluralité et une diversité de regards sur l’histoire de Bruxelles, en tant qu’Echevine de la Culture et du Tourisme, ma principale préoccupation est que les touristes puissent disposer d’informations qualitatives et documentées sur le plan scientifique. C’est le cas dans toutes nos institutions comme nos musées et centres d’art, à l’Hôtel de Ville, etc. C’est pourquoi, à notre échelle, nous soutenons des organismes tels qu’Arcadia, qui organise des visites guidées reconnues par le secteur. Nous coordonnons également des balades de groupe pour découvrir le « Parcours Street Art » et ses œuvres avec les guides confirmé.es de Brukselbinnenstebuiten et dès septembre avec Kimia Studio. De manière générale, nous incitons les touristes à se renseigner auprès de nos instituons culturelles telles que la Maison du Roi, où guides, historien.nes de l’art et urbanistes donnent également des informations de qualité et vérifiées sur le passé de notre Ville. »

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